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Législatives 2020 : »Nous sommes l’une des premières formations à proposer des lois avant même d’être élue »(Abdoulaye Diallo, mouvement SENS)

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Le mouvement Servir et Non se Servir (SENS) a été officiellement lancé le 2 août 2020 à Ouagadougou. C’est un mouvement qui prône la rupture et la refondation, une autre façon dit-il, de faire la politique en responsabilisant plus les jeunes.  Pour les législatives du 22 novembre 2020, SENS a présenté des candidats dans 17 provinces du pays. Abdoulaye Diallo, coordonnateur du Centre de presse Norbert Zongo, est candidat et tête de liste dans le Kadiogo. Dans cet entretien accordé à Libre info, il revient sur le déroulement de la campagne électorale ainsi que les atouts du mouvement SENS dont il est membre fondateur.

Par Siébou Kansié

Comment se déroule la campagne pour les législatives au mouvement SENS ?

Il y a des rencontres, ce qu’on appelle des rencontres communautaires, les assemblées générales, les meeting-concerts, le porte à porte ; il y a une multitude d’activités qui se déroulent. On n’est présent dans toutes les dix-sept (17) provinces où on a des listes et chaque jour, il y a des choses qui se font. Donc je pense qu’on peut dire que la campagne se déroule comme on l’aurait souhaitée.

Les portes à portes fonctionnent, les rencontres communautaires fonctionnent, les actions d’utilité publique comme les actions de salubrité, de sensibilisation des jeunes, des femmes sont en marche. Nous avons privilégié un peu ces genres d’actions et ça se déroule un peu partout. On peut dire que la campagne se déroule assez bien.

Fervent défenseur de la liberté d’expression et de la presse, des droits humains, vous êtes également responsables de plusieurs manifestations culturelles telles le Ciné droit libre, le Festival Jazz à Ouaga, etc.  Alors comment Abdoulaye Diallo a pu franchir le pas en politique ?

Vous pensez que la politique doit être différente ? Je peux vous comprendre parce que jusqu’à présent, tout ce qui a été donné à voir côté politique, peut expliquer votre question. Mais logiquement, si vous êtes fervent défenseur de la liberté d’expression, fervent défenseur des droits humains, fervent défenseur des droits culturels et artistiques ; si vous allez en politique, vous devez le faire en puissance encore. Ça veut dire vous devez le faire un peu plus. C’est une continuité.

Maintenant, il faut aller prendre des décisions, travailler à faire le plaidoyer, il faut prendre des décisions qui vont favoriser tous ces domaines-là. Je donne un exemple : depuis 2006, le Centre de presse où je travaille, a fait un plaidoyer pour l’amélioration des textes en matière de presse. Depuis 2006, il n’y a pas ce qu’on a pas fait.

On a fait toutes sortes de plaidoyers, ça n’a jamais abouti. Il a fallu qu’il ait insurrection, qu’il ait transition et qu’un des nôtres, donc un journaliste devienne président du Conseil national de la transition (CNT) et que des journalistes siègent à l’assemblée, des gens qui comprennent, des OSCs qui comprennent le combat que nous menons pour que les textes et lois soient votés tout de suite sans trop de débat. Même s’il y a beaucoup de lacunes qui existent, mais il a fallu des gens qui comprennent pour prendre la décision.

Donc, je pense qu’à un moment donné, on doit être capable d’envoyer certains de nos gens dans ces sphères de prise de décisions pour continuer le combat qu’on a mené en tant que société civile. C’est ce qui explique ce pas. Je ne suis pas allé dans un parti politique. On a mené nos combats pour qu’il ait les candidatures indépendantes. Pourquoi ? Parce qu’on a compris qu’il y a beaucoup de bonnes personnes qui font beaucoup de choses pour faire avancer le pays, mais qui ne peuvent pas faire le pas parce que, s’ils doivent aller dans un parti politique, ils ne le feront pas.

Donc, il faut qu’on crée les conditions pour que ces gens-là aussi puissent s’exprimer, exprimer d’autres talents, d’autres possibilités qu’ils ont. Et Dieu merci en 2015, parce qu’entre temps, on a chassé l’ancien régime qui s’y opposait. On a créé les conditions d’un changement qui ont fait personne ne pouvait combattre ces idées, même l’Assemblée qui était là, ne pouvait pas les combattre ; et cette loi a été votée.

Maintenant, les candidatures indépendantes sont une réalité depuis 2015. Il faut que ceux qui ont mené le combat fassent le pas. En tant que candidat indépendant, je me sens en parfaite harmonie avec mes idées. Je n’ai pas l’impression d’avoir trahi mes idées parce que je suis dans une liste de candidats indépendants et encore mieux, un mouvement bien structuré sur des valeurs qui sont des valeurs que j’ai toujours partagées. Donc, je suis tout à fait à l’aise dans mon travail et pour moi, ce n’est qu’une opportunité.

Qu’est-ce que votre mouvement SENS pourrait offrir de mieux que les autres formations politiques ?

Déjà la rupture ! C’est le symbolisme de dire :  nous sommes l’une des premières formations à proposer des lois avant même d’être élue. Et on dit à la population voilà déjà nos projets de loi. Nous avons déjà quatre projets de loi sur la table. C’est pour dire aux gens, il y a une nouvelle manière de travailler qui est en train de venir. Ce n’est pas un système où vous votez des gens, ils vont et ils disparaissent. Non ! nous, on va vous convoquer régulièrement pour vous dire, voilà ce qu’on veut faire, qu’en pensez vous ? Êtes-vous d’accord ? Si ok, on continue ce combat. Donc, c’est déjà quelque chose de nouveau par rapport aux partis et formations politiques.

Ensuite, lisez un peu notre manifeste, notre projet de société. Vous verrez la rupture qu’il y a. Si vraiment on arrive à amener le maximum de Burkinabè à respecter ça, la rupture est claire et nette. Voilà ce que je peux dire en termes de nouveauté.

Autre symbole aussi, on veut que les jeunes (on ne dit pas on vient pour faire quelque chose pour les jeunes), non! Nous, on vient dire aux jeunes, ce n’est pas nous qui allons faire quelque chose pour vous, c’est vous qui allez faire quelque chose et nous, on va vous appuyer. On ne vient pas pour vous dire suivez nous, on vient pour vous dire mettez vous devant et nous, en tant que grand frère, on va vous pousser dans la bonne direction pour qu’on puisse avancer, encadrer, renforcer les capacités, rechercher les meilleurs parmi vous pour les propulser.

C’est ce qu’on a fait en mettant Sibila, une jeune étudiante de 23 ans tête de liste nationale, pour dire, c’est un message fort. Je ne sais pas si vous arriver à décrypter ce qu’il y a derrière. Imaginez les bagarres que les gens font dans les partis politiques pour être sur les listes. Nous aussi on avait peur hein ! Parce que dans le mouvement, il y a toutes les diversités. Il y a des professeurs d’université, des médecins, des hommes d’affaires, des chefs d’entreprises, des directeurs généraux, des paysans, des commerçants.

Dans tout ça, il fallait faire un casting. Moi, ce qui m’a plu, c’est l’unanimité qui s’est dégagée quand on a proposé la jeune-là ! Ça veut dire que les gens comprennent la rupture qu’on veut venir faire.  Si on a un seul député, une jeune fille de 23 ans, ça sera la première fois dans l’histoire du Burkina.

Mais est-ce que vous pensez que l’expérience peut lui permettre d’assumer ce poste ?

Absolument ! C’est ça que les gens ne comprennent pas. Il n’y a personnes qui naît avec l’expérience. L’expérience, s’acquiert. Ils sont capables, c’est une question de capacité. C’est une question de les responsabiliser. On a un système trop mauvais où on déresponsabilise les jeunes. Mais ils sont 70% de la population. Si vous déresponsabiliser 70% de la population, mais ça ne peut pas marcher.

Puisque dans les 30% qui restent, il y a aussi assez de gens irresponsables, et c’est dans ça, qu’on va choisir une petite poignée qui va décider pour l’ensemble, Non ! Nous, on est convaincu qu’il faut responsabiliser les jeunes.  Si on les responsabilise, ils vont nous étonner. Il faut créer les conditions pour qu’ils puissent laisser exprimer leur créativité, leur originalité. Il faut le faire.

Ce n’est pas facile, mais il faut le faire sur une longue durée et nous sommes convaincus que ça va marcher. Et la symbolique de Sibila, s’elle réussit, tous les jeunes vont être encouragés.

Je dis, si vous décidez aujourd’hui qu’à l’Assemblée nationale, il doit y avoir 70% de jeunes, il n’y qu’à décider. C’est vous (les jeunes) qui décidez et c’est fini. Vous votez vos camarades et puis c’est fini. Qui va dire quoi ?  Les jeunes ont le pouvoir, mais ne le savent même pas.

Vous êtes tête de liste dans le Kadiogo, quels sont vos atouts ?

Je n’aime pas répondre à ces questions d’atouts. Non ! Moi, je ne parle pas en termes d’atouts. Il y a une possibilité, il faut que les gens la saisissent. Il ne faut pas voir les têtes de liste, il faut bien y mettre quelqu’un. C’est tombé sur moi, il y a eu aussi plusieurs essais et j’ai assumé.

Moi, je suis un soldat. Si on me confie une tâche, je l’assume. Mais pour moi, ce ne sont pas les atouts de monsieur Diallo mais ceux du mouvement. Sinon, si tu me dis atout du mouvement, c’est la jeunesse, ce sont eux les plus nombreux, ce sont les intellectuels, ce sont les paysans aussi qui nous comprennent.

On explique aux anciens, que dans notre mouvement, on met l’accent sur les jeunes et les femmes. Mais on dit aux jeunes, allez-y prendre la sagesse chez les anciens pour être armés pour affronter l’avenir.

Comme Sibila l’a si bien dit en citant Amadou Hampâté Bâ, quand un enfant a bien lavé sa main et c’est propre, il peut diner à la table des sages. C’est ce qu’on dit aux jeunes, avez-vous bien les mains et allez y diner à la table des sages.

Mais il y a plusieurs formations politiques qui sont à la conquête de l’électorat, au delà des valeurs du mouvement, qu’est-ce que vous avez comme atout ?

Il y a l’originalité, le fait que nous sommes fondés sur deux piliers importants que sont le « Burkibil », et la « Maât », la Maât de l’Égypte pharaonique qui est l’amour de la justice, de la vérité, l’amour de l’équité, de la solidarité, l’égale dignité de toutes les personnes humaines, le respect de chacun dans sa diversité. Nous déjà, ces valeurs sont un atout.

Deuxièmement, on a un projet de société innovant qu’on a ouvert à l’enrichissement du peuple. On l’a lancé de manière officielle le 31 octobre. On dit consultation populaire, que chacun apporte sa touche pour qu’on ait un projet de société reflète l’ensemble des opinions des Burkinabè.

Pour nous, c’est un atout. Si je prends juste le volet économique où on dit, il faut mettre l’humain au centre de l’économie, l’économie c’est pour l’humain. Dans le respect de l’écosystème, dans le respect de l’environnement et de l’équilibre cosmique, donc c’est nouveau. On dit, il faut mettre l’accent sur l’économie de sécurité, industrialiser l’économie de sécurité et mettre l’accent sur les services, exploiter notre position géographique pour en faire un atout.

Votre mouvement avait demandé l’invalidation de plusieurs listes pour les législatives, quelle est la suite de ce dossier ?

C’est parce qu’on a constaté que, c’était comme s’il y avait une association de malfaiteurs, des gens se regroupent pour violer la loi. La loi nous dit, il n’y a pas de doublons sur les listes, à la date de clôture, s’il y a des doublons, ces listes là sont invalidées.

La loi est claire là-dessus. Maintenant, ils s’entendent pour dire, on n’a pas fait attention, est-ce qu’on peut s’entendre pour qu’on vienne changer ce qui a été fait ? On a dit non ! Si on fait ça, on n’a pas respecté la loi. Or, il faut que les Burkinabè apprennent à respecter les lois parce que c’est important.

C’est pourquoi, on a fait cette action en justice. C’est une action d’éducation. Les gens ont mal traité l’information. Il faut dire qu’au niveau des médias, quand c’est comme ça, mieux vaut chercher les vraies motivations que de vouloir opposer Me Kam et Pr Loada.

Or, sur les vingt et quatre listes qui avaient été invalidées, il n’y avait que deux listes du MPS. Pourquoi on pense que c’est seulement le MPS ? Non ! Il y a pleins d’indépendants, pleins de gens qui étaient dedans. Ça aussi, c’est une éducation qu’on doit faire aux Burkinabè. Il faut qu’on arrête tout le temps d’opposer les gens.

Notre action, c’est fait pour éduquer. Ceux qui étaient concernés ont fait prévaloir leur droit de tierce opposition, les juges nous a confirmé. Ensuite, ils sont allés voir le conseil d’Etat qui n’a pas dit que nous n’avons pas raison. Le conseil d’Etat a juste dit que le tribunal administratif est incompétent pour rendre la décision. Pour moi, c’est différent du droit.

Mais on a eu raison sur l’action. C’est de dire, ils ont violé la loi. C’était la seule chose que nous, on voulait faire passer. Au finish, le conseil d’Etat a remis les listes, tant mieux. Mais est-ce que les gens ont compris le message que nous on voulait faire passer ?

Je profite pour vous dire en même temps pour que le message passe. C’est le message d’éducation, du respect des règles. On ne visait personne, on ne s’est pas assis pour dire, il y a tel parti, on doit attaquer les listes, pour éliminer les gens, pas du tout ! D’ailleurs même, on ne les considère pas comme des adversaires, mais on voulait dire aux gens, respectons les règles que nous avons mises, si les règles ne sont pas bonnes, travaillons à les améliorer, mais en attendant, le devoir c’est de les respecter. C’est juste le message que nous voulons passer. Donc, il faut que les gens comprennent très bien la nouveauté. C’est la rupture dont on parle et ça commence par ça.

Vous n’entendez plus revenir sur cette question ?

Non!Si on insiste, les gens vont croire qu’on veut vraiment invalider des listes, et ils ne vont pas comprendre le message que nous, on voulait faire passer, qui est celui de l’éducation au respect de la loi. C’est pourquoi on dit c’est bon, on a gagné. Les gens savent qu’on a raison, que c’était vraiment un problème de droit véridique et que les gens avaient vraiment violé la loi, c’est tout. On ne va pas aller plus loin, on ne va pas faire la guerre pour ça.

Pour finir, j’ai un message pour les jeunes et les femmes. Si vous voulez vous assumer, le SENS est venu créer ce cadre pour que vous puissiez le faire.

Si ce n’était pas un mouvement comme celui-ci, d’indépendants, nous autres là, on n’allait jamais faire la politique. On n’a pas l’impression d’avoir changé de monde, on a l’impression de continuer toujours dans ce qu’on a toujours fait.

Donc, ils peuvent nous faire confiance. Au Kadiogo, sur le bulletin, c’est la dernière ligne à droite, le quatrième logo, du haut en bas, en comptant du haut en bas, c’est le quatrième logo, le logo SENS. C’est là-bas, qu’il faut mettre son doigt, ce n’est pas ailleurs.

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