L’Affaire guérisseuse de Komsilga a connu son dénouement le 6 septembre 2023 au Tribunal de grande instance Ouaga II. Un procès marathon sous une forte ambiance.
Par Nicolas Bazié
7 heures. Ouagadougou. Tribunal de grande instance Ouaga II. À la grande porte d’entrée de ce palais mythique, en cette matinée du 6 septembre, plusieurs personnes se suivent en file indienne.
Les éléments de la Garde de sécurité pénitentiaire (GSP) sont en poste. Les uns récupèrent et vérifient les pièces d’identité pendant que les autres procèdent à des fouilles systématiques de tout arrivant.
Jusqu’à 8h30, de nombreuses personnes sont encore alignées. Des mini-cars appelés «dina» s’immobilisent vers le parking. Femmes et hommes s’y descendent.
« La plupart viennent de Komsilga», nous informe notre voisin, sûr de son information. Qu’à cela ne tienne. En effet, le procès guérisseuse de Komsilga s’ouvre dans quelques minutes dans la salle N°3 du tribunal. La plus grande. Mais, en moins d’une dizaine de minutes, elle est pleine.
A 9h, de nombreuses personnes sont debout, Celles qui n’en peuvent pas sont assises hors de la salle d’audience.
Début du procès…
Les membres du tribunal font leur entrée. Le dossier Adja est retenu pour être jugé. « Les dossiers seront jugés par ordre de mandat (ancienneté)», informe le juge.
Ainsi, il faut attendre 10h pour que le dossier tant entendu, celui de Adja démarre. Et, c’est à cette heure précise que la guérisseuse et ses 8 co-prévenus sont appelés à la barre. C’est parti pour un procès marathon. Jusqu’à 15h, pas de suspension.
La fatigue commence à se lire sur les visages. La faim et la soif étaient aussi au rendez-vous. Le procès se poursuit, sans interruption et personne n’avait envie de quitter la salle pour rater un pan du déroulé. Chaque prévenu est invité à donner sa version des faits. Ils sont 9. Les interrogatoires durent de longues heures.
C’est finalement à 16h que le juge suspend l’audience pour 5 minutes. Cependant, il est presque impossible de quitter sa place. Ceux qui sont arrêtés sont aux aguets. Ils attendent la moindre occasion pour s’asseoir.
L’audience reprend. Aux environs de 23h, dans l’assistance, de nombreuses personnes somnolent. Certaines dorment, la tête baissée. A l’extérieur de la salle, des femmes sont couchées sur des pagnes et à même le sol.
Après les débats entre les parties en charge du dossier, le juge suspend à nouveau l’audience pour délibérer. Il est 23h. A 00h00, soit 1h après, le verdict tombe.
Le verdict de l’Affaire guérisseuse de Komsilga
Les prévenus sont condamnés avec sursis. Adja la guérisseuse, l’une des prévenues fait des accolades à ses proches. Ce qui traduit sans doute sa joie, celle de se sentir enfin libre.
Dans la cour, pendant que nous accostons les gens pour leur arracher quelques mots, le chef de la sécurité oppose un refus catégorique. «Il est interdit de faire des interviews ici», a-t-il lancé, récupérant du coup le matériel de travail des journalistes.
Amidou Konicorgo vient de Yako, chef-lieu de la province du Passoré, région du Nord du Burkina Faso. Il dit «rechercher la santé». « J’étais en Côte d’Ivoire lorsque j’ai entendu parler de Adja. Je suis donc revenu au Burkina pour la rencontrer. Lorsque je suis arrivé, on m’a fait comprendre que la dame est dans les mains de la justice et qu’elle doit comparaître le 6 septembre. C’est ce qui explique ma présence ici. Croyez-moi, je suis très content qu’elle soit à nouveau libre. Je rends grâce à Dieu. Elle pourra nous soigner maintenant ».
Après deux renvois, le dossier Adja la guérisseuse de Komsilga est clos sous réserve de la volonté de ses avocats de projeter faire appel.
Cette affaire a fait couler beaucoup d’encre et de salive dans le pays au point de créer des vagues d’indignation.