Ceci est un écrit de Ousmane Sonko homme politique sénégalais.
La nouvelle de l’enlèvement, à Ouagadougou, de mon frère, ami et avocat, Guy Hervé Kam, m’a plongé dans une profonde stupeur.
Je salue tout d’abord le courage et la détermination d’Hervé dans son combat pour son pays, le Burkina Faso, mais aussi pour toutes les causes justes africaines.
Il y a deux mois à peine, il était à Dakar pour plaider ma cause à la Cour suprême.
Lors de notre entrevue au Cap-Manuel, il m’avait fait part de ses craintes d’être enlevé, ou même pire, dès son retour au Burkina.
Je m’adresse donc singulièrement à vous, mon frère Ibrahim Traoré, Président de la Transition du Burkina.
Lors de notre dernier entretien téléphonique datant du mois de juin, j’attirais votre attention sur les cas de plus en plus fréquents d’atteinte aux libertés, de menaces et d’exactions contre toute voix discordante au Burkina.
J’attirais votre attention sur des groupuscules radicaux, supposés affiliés au régime, qui s’attaquaient aux leaders politiques, syndicaux ou de la société civile qu’ils jugeaient critiques à l’endroit de votre action.
Monsieur le Président, cher frère, je vous réitère mes modestes et amicales suggestions de l’époque :
– votre noble et digne combat contre l’agression terroriste que subit le Burkina ne s’accommode pas d’un climat de tension intérieure ;
– ce combat ne se gagnera pas dans un climat de division et de suspicion entre Burkinabés;
– l’État doit remplir ses fonctions régaliennes de sécurisation de tous les citoyens sans distinction aucune.
Alors, cher frère Président, je vous lance cet appel et vous invite à :
1. déployer tous les moyens à votre disposition pour retrouver et faire libérer notre ami Guy Hervé Kam et tous ceux qui, comme lui, ont été enlevés dans leur maison ou dans les rues de Ouagadougou.
2. Identifier, cher frère, et sanctionner les auteurs de ces pratiques indignes du Burkina, quel que soit leur statut.
3. Mettre définitivement un terme à ces pratiques.
Il y va de l’image et de l’honneur de cette Transition.
Je vous réitère, cher frère, mes sentiments et mon soutien de principe.