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Accalmie sur le front sécuritaire, l’espoir renaît à Djibo

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A la prise du pouvoir du MPSR 2 en septembre 2022, la situation humanitaire et sécuritaire dans la province du Soum (Djibo) était des plus difficiles. Cependant, depuis le début de l’année 2023, la situation sécuritaire s’améliore lentement dans cette partie du Burkina Faso. 

Par Inoussa Sankara, Correspondant dans le Soum

Les groupes armés terroristes avaient imposé un blocus sur Djibo, ville de la province du Soum, dans le nord du Burkina, depuis février 2022. 

Ils avaient ainsi asphyxié la ville de sorte que personne n’y entrait ou n’en sortait sans être dans un convoi sous escorte de l’armée. Plusieurs installations de l’ONEA (Office national d’eau et d’assainissement) et des forages ont été sabotés. 

Djibo
Des populations à la recherche de l’eau

Malgré la réticence de certaines personnes, cette situation a amené les habitants de la ville à s’organiser pour mettre en place les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) afin de protéger la cité tout en appuyant les Forces de défense et de sécurité (FDS).

Les premiers mois qui ont suivi le coup d’Etat du capitaine Traoré, le 30 septembre 2022, la situation ne s’est guère améliorée ; mieux, elle s’est dégradée de sorte que de nombreux habitants de Djibo ont commencé à fuir à travers la brousse à leurs risques et périls.

Le capitaine Ibrahim Traoré
Le capitaine Ibrahim Traoré

Régulièrement, des hommes armés non identifiés se postent aux abords de la ville et tirent sur les habitations entraînant des blessés et créant la panique.

L’arrivée d’un convoi de ravitaillement en début novembre 2022 avait commencé à changer la donne. Cela avait fait suite à l’attaque du camp militaire du 14e RIA (Régiment inter-armes) basé à Djibo dans laquelle 11 soldats avaient perdu la vie et plusieurs terroristes avaient été neutralisés. 

En effet, depuis ce temps, le détachement militaire de Djibo est de plus en plus entreprenant et le recrutement massif des VDP a permis de juguler un tant soit peu les tentatives des hommes en armes de s’attaquer à la ville.

Les débuts de l’année 2023 ont été très difficiles sur le plan humanitaire, mais au fur à mesure, courant mois de mars, la situation a connu quelques améliorations qui ont permis à la population de souffler un peu. 

Le ravitaillement régulier du PAM (Programme alimentaire mondial), les vivres donnés aux populations par le CONASUR (Conseil national de secours d’urgence) et l’ entrée du dernier convoi ont donné de l’espoir aux populations qui, il y a quelques mois, ne pensaient qu’à quitter la ville.

Ravitaillement par voie aérienne du PAM (Programme alimentaire mondial)
Ravitaillement par voie aérienne du PAM (Programme alimentaire mondial)

Ousmane Tamboura, un habitant de Djibo et boucher a dit son soulagement quant a la situation actuelle au reporter de Libreinfo.net : « Alhamdoulilahi!, maintenant vraiment, ça va. Il y a des vivres à acheter en ville même si c’est cher.»

«L’action sociale aussi fait régulièrement des dons, et surtout nos FDS et nos VDP font un travail formidable.  Ces derniers temps, il y a un début de renaissance de la confiance entre les FDS et les populations et c’est à notre honneur à tous», dit Ousmane Tamboura.

«Il reste certains aspects, mais tout ne peut se résoudre en un temps record. Je puis vous dire que depuis plus d’une année, c’est seulement ces derniers jours que je dors dehors. 

Sans verser dans le pessimisme comme d’autres, il faut être honnête, il y a de l’amélioration sur le front sécuritaire. Cela s’entend, je parle d’ici où je vis. »

Pour Moussa Sawadogo, commerçant au marché central de Djibo « la situation va de mieux en mieux. Même s’il y a toujours de la crainte, on sent l’espoir renaître. Vous savez, il y a des parents qui ont quitté Djibo pour Ouaga, Ouahigouya et d’autres villes et qui, avec quelques bonnes nouvelles qu’ils entendent en provenance de Djibo, souhaitent revenir. Il reste des efforts à faire, surtout dans le ravitaillement de la ville. Les gens nous accusent de vendre cher ou de cacher les produits pour les renchérir ; c’est vrai pour certains mais tout cela est lié à l’irrégularité des convois. Nous demandons une fois de plus l’accompagnement de nos autorités pour que nos collègues commerçants stationnés à Kongoussi depuis mi-décembre 2022 puissent enfin revenir pour ravitailler la ville ». 

Et M. Sawadogo d’ajouter : « Je parle du reste du convoi de Djibo. Mais, franchement, quand on fait le tour des quartiers, il y a de l’espoir. Les enfants recommencent à jouer dans les rues et c’est bon signe ».

La peur reste cependant toujours dans les esprits car il arrive que des HANI (Hommes armés non identifiés), qui ne peuvent plus pénétrer en ville comme de par le passé, envoient, de loin, des projectiles sur les habitants. 

L’espoir reste tout de même perceptible dans les ménages

Djibo semble être une position stratégique pour les groupes armés d’où leur acharnement continue depuis le début de la crise.

Il revient aux FDS de maintenir la pression et, comme il a toujours été souhaité, d’aller à l’offensive pour débusquer les HANI qui ont eu le temps de s’installer dans plusieurs villages.

Insécurité
Image illustrative d’un soldat en train de discuter avec des civiles

Il est intéressant, pour plus de résultats, de travailler davantage pour une meilleure collaboration entre les populations et les FDS, toute chose qui va contribuer à améliorer la situation sur le terrain.

Malgré le contexte économique difficile de la ville, lié surtout en grande partie à la fermeture du marché à bétail, les habitants, toutes couches confondues, ont mobilisé plus de 2 400 000 F.CFA pour l’effort de guerre, ce qui démontre de la disponibilité des populations à accompagner les nouvelles autorités pour en finir avec le terrorisme.

La destruction de certaines bases terroristes dans le Soum a contribué à affaiblir l’organisation dans cette partie du pays. 

L’acquisition de drones de combat et la surveillance accrue du territoire ont sans doute joué un rôle non négligeable dans cette nouvelle donne.

www.libreinfo.net

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