L’Union africaine (UA) annonce la création d’une agence de notation financière propre au continent, prévue pour le deuxième semestre de l’année 2025. L’organisation continentale entend pallier les biais des agences internationales et proposer une évaluation plus juste des économies africaines.
Par Nicolas Bazié
Les pays africains veulent se passer des notations financières faites par les trois plus grandes agences du secteur dans le monde à savoir Standard and Poor’s, Moody’s et Fitch.
Une étape décisive vers l’autonomie économique de l’Afrique qui veut dépasser les évaluations jugées arbitraires des agences sus-mentionnées. Cela a été décidé au 38e Sommet de l’Union africaine tenu du 14 au 16 février 2025 au siège de l’organisation à Addis-Abeba en Ethiopie.
Sur la table des discussions des chefs d’Etat africains, il y avait le projet de création d’une agence propre à l’Afrique, indépendante et dirigée par le secteur privé. L’agence en question sera baptisée African credit rating agency (Afcra).
D’après les termes de sa création, elle va s’appuyer sur des critères plus adaptés aux réalités économiques du continent et fournira des évaluations plus équilibrées.
Convaincus que l’initiative pourra assurer une meilleure représentation des réalités africaines et influencer positivement les décisions des investisseurs internationaux, les dirigeants africains espèrent « attirer davantage d’investissements directs étrangers en renforçant la confiance des marchés dans la solidité des économies du continent».
Le rapport du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP), qui a travaillé sur la proposition, soutient que l’agence africaine aura une approche contextuelle et mobilisera des experts locaux pour produire «des analyses plus fines et objectives».
Dès l’ouverture des débats sur le sujet à proprement parler, Moussa Faki Mahamat, président sortant de la Commission de l’Union africaine, a fait remarquer que « malgré les progrès réalisés, les agences de notation internationales continuent de donner une image déformée des économies africaines ».
Un avis partagé par le président du Kenya, William Ruto, qui insiste sur la nécessité de construire une institution crédible et reconnue à l’échelle mondiale. «Une agence de notation africaine, ce n’est pas seulement une alternative, mais un impératif. Cette agence doit être crédible au niveau mondial et s’appuyer sur des données rigoureuses, crédibles et répondre à des normes d’évaluation strictes. Mais surtout, elle doit refléter correctement la réalité de l’Afrique ».
« Réformer les agences de notation est une nécessité absolue pour réduire les coûts de la dette et libérer des financements », déclarait à Londres lors d’une rencontre, Akinwumi A. Adesina, président de la Banque africaine de développement (BAD).
Les chefs d’Etat africains ont fini par se convaincre que les notations internationales, basées sur des modèles standardisés, ne prennent pas suffisamment en compte les spécificités locales et les efforts de stabilisation entrepris par les États africains. C’est pourquoi, à leur avis, ces évaluations handicapent la capacité des pays à emprunter à des taux raisonnables, freinant ainsi les investissements et le développement.