Dans le cadre de la deuxième édition de la « Graine à la table », l’Association Yelemani a organisé, ce 21 février 2025 à Loumbila (à 35 km au nord-est de Ouagadougou), un atelier de sensibilisation sur la recherche paysanne.
Par Prisca Konkobo
« De la graine à la table », la foire qui se tient la deuxième fois consécutive sur le site expérimental de l’Association Yelemani à Loumbila veut valoriser les semences paysannes à travers un cadre d’échanges autour de la question.
« Nous avons organisé cette foire sur les semences paysannes pour montrer les difficultés liées à la production des semences paysannes, les questions législatives, les questions de production et tout ce qu’il y a au tour des semences paysannes au niveau mondial et précisément au niveau du Burkina. C’était un moment de démontrer ça et montrer qu’il y a des alternatives qui existent au Burkina Faso en matière de production de semences qu’il faut encourager », a affirmé Blandine Sankara, Coordonnatrice de l’Association Yelemani.
Les experts présents dans le cadre des échanges ont encouragé les différentes parties prenantes à faire confiance aux semences paysannes, en lieu et place des semences améliorées. « Les semences paysannes sont des trésors nationaux qu’il faut préserver. Tout part de la semence. Et ces semences paysannes sont plus résistantes à nos intempéries ( climat, sécheresse). Elles permettent aux producteurs d’être plus autonomes et indépendants contrairement aux semences importées», a indiqué Léa Hema, coordinatrice du Conseil national de l’agriculture biologique. Pour elle, la souveraineté alimentaire tant recherchée par le Burkina passe également par l’utilisation des semences locales.
Son point de vue est partagé par Dr Romaric Nanéma, membre du Projet Sustlives (Soutenir et valoriser le patrimoine de cultures locales au Burkina Faso et au Niger pour améliorer les conditions de vie et les écosystèmes).
Il estime que les semences paysannes doivent être vulgarisées car « il y a des plantes de chez nous pour lesquelles on devrait avoir un regain de fierté. Il faut faire en sorte que nous ne soyons pas en train de consommer à 90% des plantes qui ne sont pas adaptées à nos environnements et qui sont très souvent importées».
« Cela nous crée des pertes de devises et nous met dans une situation de vulnérabilité. Il est temps qu’il y ait une sensibilisation et un changement de mentalité et d’habitudes », a-t-il fait savoir.
Les semences paysannes sont plus résistantes
« De la graine à la table » est également un partage d’expériences. El Hadj Issoufou Ilboudo est producteur maraîcher. Il est présent à cette deuxième édition pour partager son expérience sur les semences paysannes et celles importées.
Il loue particulièrement la résistance des plantes des semences paysannes vis-à-vis des attaques des insectes et des maladies.
« A l’arrivée de la chenille légionnaire qui attaquait le maïs, j’ai semé un vieux maïs (ndlr semences paysannes) à côté des variétés que l’on trouve sur la place publique (ndlr semences importées). Les chenilles légionnaires ont rongé les variétés importées. Mais elles n’ont pas attaqué la variété locale», témoigne-t-il.
Malheureusement, la variété locale se raréfie sur le marché. El Hadj Issoufou Ilboudo lance alors un cri de cœur à l’endroit de la recherche. «Nous demandons à la recherche de multiplier les semences paysannes ».
« De la graine à la table » 2025 intervient dans le cadre du Projet «Tõn-bõbudu». Elle se tient sous le thème « Semences paysannes, agroécologie, identité alimentaire, réappropriation, racines et futur ». Sur le site expérimental de Yelemani se tient des expositions-ventes de semences paysannes.
