Le secteur minier a subi et continue de subir des réformes importantes sous le régime du Mouvement pour la sauvegarde et la restauration (MPSR 2). De la relecture du code minier à la réquisition de l’or en passant par la cession des mines de Tambao et d’Inata, le secteur a été fortement sollicité par le gouvernement de Transition.
Par Daouda Kiekieta
La Transition burkinabè, sous la houlette du capitaine Ibrahim Traoré, a fait du secteur minier une source de financement de son programme.
Cela a été matérialisé par la réquisition, le 14 février 2023, de 500 kg d’or dont 200 kg auprès de la société minière SEMAFO (Société d’Exploration Minière d’Afrique de l’Ouest) et 300 kg auprès de Bissa Gold, situé dans la région du Centre Nord.
Cette réquisition visait à garantir l’achat des équipements militaires, avait révélé le ministre de la Défense, le colonel-major Kassoum Kambou lors d’une plénière à l’Assemblée législative de Transition.
Bien avant cela, le président Ibrahim Traoré avait émis la volonté de mieux contrôler ce qui est extrait du sous-sol burkinabè, lors de son grand oral diffusé le 3 février 2023. « Il n’est pas évident que ce qui se passe actuellement soit à l’avantage du Burkina. Le système actuel ne nous arrange pas », avait-il prévenu.
Il avait également promis la construction d’une usine de raffinerie d’or eu égard à la quantité d’or produite par le Burkina. D’une production de 5,6 tonnes d’or en 2008, le pays en a exporté 66,858 tonnes en 2021 avec une contribution au budget de l’État qui est passé de 8,912 milliards de francs CFA en 2008 à 322 milliards de FCFA en 2021, selon le ministère des Mines.
Le 1er mars 2023, le gouvernement avait autorisé la cession de la mine de manganèse de Tambao et de la grande mine d’or d’Inata, dans région du Sahel, à la société Afro Turk par la procédure d’entente directe. Cette cession s’élève à 30 milliards de francs CFA.
Lors de la signature officielle du contrat de cession, le ministre des Mines, Simon Pierre Boussim, avait rappelé à la société Afro Turk que la question de sécurisation fait partie des clauses du contrat de cession.
Le ministre Boussim avait indiqué que l’Etat burkinabè demande à la société de construire des bases militaires pour les Forces de défense et de sécurité (FDS) dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
Toujours sur la même lancée, une partie du code minier a été relu pour autoriser le prélèvement d’une partie du Fonds minier de développement local (FMDL) pour financer la lutte contre le terrorisme à travers le Fonds de soutien patriotique (FSP).
Cette relecture vise à accroître la contribution du secteur à l’effort de guerre. L’Assemblée législative de Transition (ALT) a donné son quitus pour cela, le 25 juillet 2023.
Comme si cela ne suffisait pas, les autorités de la Transition ont annoncé la construction d’une usine de raffinerie d’or afin d’augmenter la valeur ajoutée des produits miniers.
Le projet a fait l’objet d’échanges entre les membres du gouvernement, mercredi 5 avril 2033, au cours d’une réunion du Programme d’urgence de la Transition.
À l’occasion, le ministre des Mines, Simon Pierre Boussim, a assuré que plusieurs rencontres avaient déjà été organisées en vue de peaufiner les détails qui devraient se concrétiser très bientôt.
Pour réaliser ce projet, l’Etat du Burkina a créé le 9 août 2023 la Société nationale des substances précieuses (SONASP) pour exploiter, commercialiser et transformer les produits miniers comme l’or.
Désormais, c’est cette nouvelle société qui pourra transformer les produits miniers, commercialiser les substances précieuses comme l’or, détenir des titres miniers, selon Simon Pierre Boussim, au sortir du Conseil des ministres du mercredi 9 août.
Troisième pays producteur d’or en Afrique en 2022 selon le Conseil mondial de l’or (World Gold Council), le Burkina Faso n’avait toujours pas sa propre société d’exploitation d’or.
L’essentiel de ses mines est exploité et commercialisé par des entreprises privées nationales et étrangères.
Ces réformes importantes en cours dans le secteur minier vont sans doute se poursuivre, voire même s’accentuer. Déjà, la relecture du code minier est en cours, et même « avancée » selon le ministre des Mines Simon Pierre Boussim.