Quatorze (14) morts et 251 blessés, c’est le bilan officiel du putsch manqué de 16 septembre 2015, opéré par le Comité national pour la démocratie(CND) du Général Gilbert Diendéré. Les personnes impliquées dans le coup d’État, ont été jugées et des sanctions ont été prononcées. Cinq ans après, les Ouagalais se rappellent toujours de l’évènement en appréciant diversement le jugement rendu.
« Nous avons ce sentiment d’avoir subi une paie d’ingratitude de l’État » (Lianhoué Imhotep Bayala, blessé du coup d’État)
‘’Je suis un blessé du coup d’Etat. Je suis témoin de cette page sombre de notre histoire, de ce recul imposé à notre peuple face à sa victoire contre le régime tyrannique de Blaise Compaoré. J’ai été acteur de résistance, contribué à la mobilisation, à la galvanisation sur le terrain et je suis sorti avec des séquelles qui marquent à jamais ma vie si modeste soit-elle. Parce qu’aujourd’hui, je suis dispensé de la capacité physique de pouvoir désormais courir,de pouvoir jouir de la plénitude de mes membres au plan physique.
J’ai une séquelle au niveau de la cheville qui a complètement fait rétracter le tendon du talon, donc du coup, je suis handicapé, dispensé des mêmes mouvements auxquels j’ai pu faire appel pour résister de façon victorieuse contre le coup d’Etat que la CEDEAO voulait démocratiser, et dont elle est en cours en ce moment au Mali.
En tant que blessé,je peux dire avec assez de modestie que l’issue du procès du coup d’Etat, a accouché d’une souris au grand dam de tous ces martyrs partis précipitamment ,et qui se sont éloignés de notre affection collective ,de toutes ces familles endeuillées ,donc au vu de ce passif extrêmement lourd que notre peuple a subi, que tous ces blessés qui survivent avec des séquelles à vie, ont comme préjudice lié à l’action de quelques individus qui ont pensé que le pouvoir pouvait se conquérir en marchant sur des cadavres .
Il faut dire que ce sont des sanctions qui me paraissent être des motifs même d’encouragement aux assassinats publics, j’avoue qu’au soir de ce procès nous avons ce sentiment d’avoir subi une paie d’ingratitude de l’État, surtout des acteurs commis à faire payer à ceux qui prennent le plaisir à tuer les autres.
Il faut que ça s’arrête ! Les sanctions n’ont pas été exemplaires, dissuasives et pédagogiques à notre sens. Nous avons le sentiment que l’issue du procès pour avoir coûté autant de milliards à notre économie, toutes ces vies perdues, des blessés à vie, c’est un sentiment d’amertume.
‘’Le jugement du putsch manqué est une victoire’’(Hervé Ouattara,député CNT et président du CAR au moment des faits)
« Le jugement du putsch manqué est une victoire parce qu’il faut accepter reconnaître qu’il y a eu un jugement, des gens ont été reconnus coupables et ont été jugés et condamnés. Je crois que c’est l’essentiel. C’est vrai, je n’ai pas à commenter les décisions d’une justice mais le peuple burkinabè s’est levé contre ce putsch, il y a eu des arrestations et on peut être fier de ce qui a été fait. C’est notre démocratie qui sort grandie, ce sont nos institutions qui sortent grandies.
L’autre aspect c’est qu’il faut travailler à ce qu’on ne parle plus de coup d’Etat, de diktat de militaires sur nos institutions et mieux, qu’on parle des élections transparentes et apaisées.
Ce qui est douloureux avec les différents événements que nous connaissons avec les pays voisins, on a l’impression que nos responsables n’ont pas encore appris des histoires récentes de leurs pays. Pour ça, nous avons besoin que la constitution soit respectée, nous avons besoin d’hommes qui respectent leur parole »
‘’Je me souviens de ce coup d’État qui a fait beaucoup de morts, notamment des innocents’’ (Abdoul Kambou, citoyen)
‘’Je me souviens de ce coup d’État qui a fait beaucoup de morts, notamment des innocents. J’en connais même le fils d’un voisin qui était sorti ce jour, juste pour aller chercher du pain et quand il circulait il a vu des gens qui couraient, il a tenté de faire demi-tour et c’est là que, des éléments du RSP ont tiré sur lui et il est décédé. Quand je vois un cas comme ça, et d’autres morts qui ont été annoncés, je crois que ces gens devaient mériter plus que ça.
Je ne suis pas satisfait du verdict du jugement. Je trouve que le verdict a été clément à l’endroit des putschistes. Il faudrait que les sanctions soient dissuasives pour ne plus que cela ne se passe au Burkina Faso.’’
