Ceci est une tribune de Cheick Innocent Bahan
Selon un proverbe moaga, il n’y a pas de mauvais chefs mais de bien mauvais conseillers. Il y a tellement de choses à dire sur la personne et la personnalité de Blaise Compaoré. Mais que l’on aime l’homme ou pas il faut reconnaitre qu’il a été à son tour victime de trahison, surement pas comme le 15 octobre 1987.Mais très douloureuse quand même. Faut-il y voir un effet boomerang, ou simplement une loi de la nature ?
Comment les mêmes qui criaient « au Burkina Faso on n’a pas le pétrole, mais on a Blaise Compaoré » ; « s’il n’existait pas il fallait le créer », « après Dieu, mon père, c’est Blaise », » c’est une bénédiction pour le Faso », » « c’est l’homme de la situation » etc.
Quelques années plus tard le traitent de diable et le fui comme la peste le rendant responsable de tous les malheurs d’Israël.
A l’occasion de la commémoration de l’anniversaire des assassinats du 15 octobre 1987, le comportement de certaines autorités politiques est tellement incongru que cela ne saurait passé sous silence.
En effet, enfant des années 90, nous n’avons pas connu ni le Conseil National de la Révolution, ni le Front Populaire. Mais bien qu’étant très jeune, la commémoration du 15 Octobre 2007 nous a marqué à vie. Cette année faisait le 20è anniversaire de l’odieux massacre du conseil de l’entente et de Kamboinsin (Koama Michel).Les Sankaristes et autres Sankariens avaient décidé de célébrer cela de façon particulière.
Ce jour dès notre arrivée au lycée Mixte de Gounghin, c’est le proviseur qui nous sommait violemment de quitter les lieux, les portes étant fermées. Pourtant ce n’était ni férié, ni chômé. Tout rassemblement était interdit, car la veille les consignes à tous les chefs d’établissements étaient claires et limpides. Il fallait tout faire pour que les élèves ne participent pas aux festivités en l’honneur du Che africain.
Comme toujours, les chefs d’orchestre de l’ancien CDP de l’époque avaient trouvé la grande parade pour saboter cette commémoration du 15 Octobre. C’est ainsi qu’ils ont décidé de fêter les 20 ans de démocratie avec Blaise Compaoré. Les grands sites de rassemblement étaient occupés par les amis de Blaise, les tanties de Blaise et le CDP. Toute la ville de Ouagadougou était en ébullition comme un soir du 31 Décembre. Le tout puissant maire de Ouagadougou de l’époque et le bureau politique du parti avec à sa tête son président ont vraiment mouillé le maillot pour l’occasion.
C’est l’Atelier Théâtre Burkinabè (ATB) qui sera réservé aux héritiers de Sankara. A peine plus grande qu’une bonne salle de réunion Nous autres y étions pour voir Mariam Sankara.
Comment des burkinabè ont pu oser en ce jour qui est commémoré chaque année, inventer une activité parallèle pour tuer une fois de plus Sankara et les autres…
Voila que des années après ces mêmes personnes viennent au mémorial Thomas Sankara, un 15 Octobre lever le point et déposer des gerbes de fleurs pour pleurer les martyres. Vraiment le second nom de Dieu c’est le temps…
Les anciens disent qu’il y a eu pire que cela, car les gens ont même interdit une messe de requiem pour Sankara.
Pour nous, il est donc important que le procès du dossier Sankara ouvert le 11 dernier, ne soit pas focalisé uniquement sur Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando. Mais que tous les courtisans et partisans zélés, même qui ne sont pas cités, les magistrats qui ont eu peur de faire leur travail, saisissent cette occasion pour demander pardon au peuple burkinabè. On ne se fait pas aussi facilement une nouvelle virginité. Sinon même mort leur descendance portera ce lourd fardeau.
Il n’y a rien de pire pour un homme, que de ne pas pouvoir être fier de son géniteur.
N’oublions pas que la réconciliation est le but et non le chemin.
Vive la réconciliation dans la sincérité.
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