Bassiaka Dao est le président de la Confédération paysanne du Faso (CPF). En cette période d’hivernage, Libreinfo.net a rencontré ce grand défenseur de la cause paysanne. Dans cet entretien, il explique le déroulement de la saison agricole, les difficultés liées à l’accompagnement de l’Etat et des pistes de solutions pour le développement de l’agriculture.
Interview réalisée par André Martin Bado
Libreinfo.net (Li) : Nous sommes dans la campagne agricole. Dites-nous comment se déroule cette campagne agricole ?
Bassiaka Dao (B.D) : La campagne agricole se déroule assez bien. Parce qu’avec tout ce que nous avons eu comme informations, la pluviométrie a été vraiment précoce. En tant qu’acteur de terrain, nous pensons le plus souvent que nous maitrisons toutes les situations. C’est ainsi que certains sont toujours en retard. Sinon pour le moment, la pluviométrie est bien installée dans les régions de l’Ouest, du Centre et je pense qu’on s’acheminera vers la fin des semis. Nous avons cependant des soucis sur le terrain. Ce souci porte sur l’équipement agricole, notamment les tracteurs, les motoculteurs. Les gens en demandent mais on n’en trouve pas.
Comme la Centrale d’approvisionnement en intrants et matériels agricoles (CAIMA) a été mise en place, je pense que d’ici la campagne prochaine, les choses vont aller dans le bon sens. En ce qui concerne l’accompagnement de l’Etat, je pense qu’au niveau du ministère de l’Agriculture, toutes les régions ont été dotées de semences. Que ce soit des semences de maïs, de sorgho, de niébé, d’arachide et bien d’autres, il a été mis en place un mécanisme qui a permis aux ménages les plus vulnérables d’accéder à ces semences. Il y’a une certaine quantité d’intrants qui a été mise en place. Même si ce n’est pas suffisant, le ministère a tenu à mettre en place des intrants pour les ménages les plus vulnérables.
La principale difficulté au niveau des intrants agricoles, c’est que sur le marché, on ne trouve pas les engrais, notamment les NPK, de qualité. Il en manque sur le marché et on ne sait pas ce qui s’est passé. Cette année, même au niveau du grand fournisseur, nous avons des difficultés pour accéder à ces engrais. C’est un souci pour nous. Si vous avez déjà semé votre maïs et qu’au bout de 15 jours, vous n’avez pas respecté les applications adéquates, les rendements vont diminuer. En ce qui concerne l’accès au financement, je pense que jusqu’à présent, on a fait des efforts au niveau des institutions financières. Mais toutes ces institutions sont toujours méfiantes vis-à-vis des agriculteurs parce qu’on se dit que c’est un secteur à risque à cause de la pluviométrie.
Ce qui fait qu’aujourd’hui, on a des difficultés d’accéder à des financements adaptés à nos conditions de travail.
Li : Est-ce que vous avez échangé avec le gouvernement sur le manque d’intrants sur le marché ?
B.D : Moi-même j’ai eu plusieurs fois à discuter avec le ministre sur cette question des intrants. Et le ministre m’a dit que cette année, il y’avait des difficultés et que les premiers responsables de la Centrale d’achat en intrants et matériels agricoles avaient été envoyés au Togo pour chercher des engrais de qualité. J’ai discuté avec mon secrétaire permanent au niveau de la Confédération paysanne et il m’a dit que les missionnaires demandent une dérogation spéciale pour faire rentrer les engrais sur le territoire burkinabè.
Voilà où nous en sommes, sinon le problème a été posé. Puisqu’on ne peut pas faire une bonne production sans les engrais. Même pour la production bio, il faut avoir les compostes de la fumure organique pour pouvoir bien le faire. Le problème a été posé au niveau des décideurs pour qu’ils le prennent en charge. Je pense que la centrale d’achat est en train de s’atteler pour que nous puissions avoir les engrais, même si ça va arriver en retard. Avec les informations que j’ai, je pense qu’ils vont pouvoir emmener une certaine quantité pour nous permettre de traverser cette zone de turbulences.
Li : Est-ce qu’il y’a un risque si cet engrais n’arrive pas vite ?
B.D : Si l’engrais ne vient pas vite, il y’aura une baisse de rendement. Une fois que vous semez, quinze jours après, il faut commencer la première application. La deuxième application intervient trente jours après. Et au bout de quarante-cinq jours, il faut faire la dernière application. Pour que les tiges de maïs soit vigoureux afin de porter de gros épis, il faut suffisamment d’engrais autour d’eux. Si les engrais n’arrivent pas vite, il y’aura baisse de rendement. On va s’en sortir mais on ne va pas atteindre les objectifs.
Li : Vous avez parlé aussi de vos soucis en ce qui concerne les tracteurs et certains équipements. Quel est le problème qui se pose à ce niveau ?
B.D : Ce sont les questions financières parce qu’aujourd’hui, pour accéder à un tracteur, il te faut quelques millions. C’est aussi la même chose pour un motoculteur. Aujourd’hui, les institutions financières sont réticentes à financer le secteur agricole. L’Etat a pu mettre à la disposition des associations et des coopératives quelques tracteurs mais cela reste largement insuffisant. Il y’a tellement de gens dans les coopérative que les tracteurs ne peuvent intervenir dans tous les champs. Si les institutions financières acceptaient de financer le secteur agricole, cela allait permettre à tout un chacun, au moins à ceux qui possèdent des champs de 15 à 25 hectares d’avoir accès à des tracteurs. Si tu as 25 hectares ou 30 hectares, avec un bon tracteur, tu peux finir de les labourer au bout d’une semaine.
Tu peux faire des prestations et accompagner tes frères dans le labour de leur parcelle. Malheureusement, les institutions financières sont très réticentes à financer le secteur agricole. Aujourd’hui beaucoup de nos exploitations ne dépassent pas 2,5 à 6 hectares et pour deux hectares on ne peut pas aller s’endetter pour prendre un tracteur parce que vous ne serez pas compétitif. Voilà un peu ce qui fait que les équipements sont rares sur le marché.
Li : Les producteurs burkinabè ne disposent donc pas de grands espaces pour pouvoir cultiver ?
B.D : Non. Ce ne sont pas tous les burkinabè. Quand vous prenez les régions de la Boucle du Mouhoun, des Hauts-Bassins, des Cascades, il y’a des gens, surtout dans les régions cotonnières, qui ont des grandes superficies. Mais quand on fait la moyenne nationale, les superficies varient entre 2,5 à 6 hectares. Sinon vous avez certains producteurs qui ont plus de 100 hectares qu’ils exploitent.
Li : Qu’est-ce que fait la banque agricole ? Elle n’accompagne pas les agriculteurs comme il faut?
B.D : La banque agricole a la vocation d’accompagner l’agriculture burkinabè mais en réalité, accéder aux financements c’est la croix et la bannière. Je vous disais que c’est un secteur considéré comme à risque bien que nous travaillions pour qu’il soit un secteur porteur. Malheureusement les institutions financières sont réticentes. Pour que nous puissions accéder à des crédits au niveau de la banque agricole, c’est un partenaire Agra qui nous a accompagnés à mettre un système en place, un système à risques partagés. Les producteurs déposent une caution, l’industriel dépose une caution, les fournisseurs d’intrants déposent une caution. C’est à partir de ce moment qu’on parle de système à risques partagés.
Malgré tout ça, il y’a toujours des difficultés et une grande lenteur à ce niveau. C’est pour cela que nous interpellons toujours l’Etat pour mettre des fonds de développement agricole en place. Ce qui va permettre de bonifier le crédit et permettre aux petites coopératives d’accéder à un financement pour mener leurs activités en pleine confiance. Voilà un peu la situation.
Li : Est ce que ces problèmes ont été soulignés au Président du Faso lors de la journée nationale du paysan à Manga ?
B.D : Les problèmes des banques ont été soulevés à Manga. Les gens ont tenté d’apporter des solutions, mais des solutions qui ne tiennent pas. Même le Président du Faso a dit que nous sommes dans un espace concurrentiel et que la BADF n’est pas la seule banque. Et si elle doit être appelée à compétir avec les autres, il faut qu’elle agisse aussi au niveau des autres voilà la réalité. Le directeur de la banque a donné des explications, le Président du Faso a donné des explications mais aujourd’hui nous ne pouvons pas développer notre secteur agricole sans financement, ça c’est une réalité. Quand on a pas de financement on ne peut pas développer ce secteur mais quand on a des financements on ne dit pas de donner des financements à tout le monde mais à des groupes, qui sont bien organisées, à des coopératives qui sont en place et qui répondent à leurs vocations agricoles on peut les financer là au moins il y’a la caution solidaire sur lesquelles ils vont travailler.
Nous essayons d’aller dans une agriculture contractuelle qui nous permet maintenant de travailler avec un certain nombre d’acteurs comme :vous avez les agroalimentaires à Ouagadougou qui ont des contrats d’achat avec nous, vous avez des fournisseurs des intrants donc autour de tout ça là on peut mettre des mécanismes de financement en place. Mais je me dis qu’à notre niveau la tendance est de regarder le secteur agricole toujours comme un secteur à risque. Si les financements sont là nous pouvons maitriser notre agriculture, si nous mettons en place si vous avez des financements adapté et que vous mettez un gros courage agricole et de gros débit dans votre exploitation ça veut dire que vous n’avez plus de risque parce que vous avez l’eau en permanence.
Si l’eau est en permanence ça veut dire que vous maitriser votre production.
Li : Est-ce que la politique de mécanisation annoncée par le gouvernement dans l’agriculture est une réalité ?
B.D : Nous sommes à un début de mécanisation. Si vous êtes à un début de mécanisation et que votre agriculture est tributaire de la pluviométrie, vous ne pouvez pas utiliser ces équipements à bon escient parce qu’un agriculteur doit être capable de produire 12 mois sur 12. Mais si on arrive à produire uniquement que 3 mois sur 12 mois, ça veut dire qu’il y’a des difficultés. Tout est lié à une question de financement et de prix aux agriculteurs. Si ce n’est pas cette année avec les crises sécuritaires et sanitaires, les prix des céréales n’ont jamais augmenté à jusqu’’ à ce point. Un sac de maïs à la date d’aujourd’hui coûte à peu près 25 mille francs. Je discutais avec un collègue qui me disait que chez eux au Bénin, le sac de maïs coûte 30 mille francs. Tout cela est lié à la crise sanitaire.
Li : Le ministre du Commerce et de l’Industrie a interdit les exportations des céréales hors du Burkina. Est-ce une bonne mesure ou une mauvaise mesure pour vous ?
B.D : Si effectivement ces agriculteurs ne sont pas des professionnels, chacun peut jouer le rôle qu’il veut. Sinon, si ce sont des professionnels qui investissent, qui paient l’impôt, l’Etat ne peut pas leur interdire d’exporter leurs productions. Mais aujourd’hui avec la crise sécuritaire et sanitaire, chaque Etat est obligé de se recroqueviller sur lui-même pour que ses populations puissent avoir accès aux vivres. Cette mesure a été prise dans le cadre de la solidarité au niveau national sinon elle n’est pas adaptée. On ne peut pas dire aux fonctionnaires aujourd’hui qu’on va prendre 25% de leurs salaires et puis les compenser parce que c’est leurs droits. Si l’agriculteur doit exporter au Niger et avoir une plus value et qu’on lui interdit de sortir, il tombe toujours dans la misère. 86% de notre population vit des secteurs agro sylvo-pastorales et halieutiques et si ces gens n’arrivent pas à tirer leur épingle du jeu, cela veut dire que tous les efforts que l’Etat fournit sont voués à l’échec.
Li : Il y’a des régions aujourd’hui où les populations sont confrontées à des difficultés sécuritaires. Qu’est ce qui est fait pour accompagner les producteurs ?
B.D : A ce niveau, je pense que le ministre de l’Action sociale et le ministre de l’Agriculture et bien d’autres ont mis en place des boutiques témoins et ils essaient tant bien que mal à chercher des dons pour venir au secours de ces gens. Pour nous, la seule solution est de sécuriser le territoire pour que tous ces gens retournent dans leurs villages d’origine. Si vous avez quitté vos terres, tous les appuis qu’on vous apporte ne suffisent pas. Parce que quand on est chez soi, même si vous n’avez que deux sacs dans votre grenier, vous savez comment gérer vos deux sacs jusqu’à la campagne prochaine.
Malheureusement, ils ne sont plus chez eux et tous les accompagnements et les mesures qui sont mis en place ne rassurent pas. Le ministère de l’Agriculture a mis des boutiques témoins en place avec une dotation mensuelle qui est de 40 mille tonnes par mois. Mais ça ne suffit pas. Nous prions Dieu à ce que le gouvernement et ses partenaires arrivent à bout de ces gens-là qui sont en train de nous menacer sur notre territoire.
Li : Il y’a la famine qui est annoncée dans certaines régions du Sahel et au Burkina Faso. Est ce qu’on pourrait arriver un jour à mettre fin à cette situation qui dure depuis des années ?
B.D : Oui. Israël arrive à produire des oranges dans le désert, le Maroc arrive à produire tout ce qu’il veut dans le désert. Au niveau des pays africains et des pays sahéliens, si des accompagnements adéquats, pas des accompagnements politiques, permettent aux acteurs qui sont engagés dans le secteur agrosylvo-pastorale et halieutique, on va pouvoir vaincre la famine.
Sinon, si on reste toujours tributaire de la pluviométrie, même le cheptel va diminuer et s’il n’y’a pas de financements pour permettre aux uns et aux autres d’être de vrais professionnels, le secteur qui occupe 86% de la population ne sera pas porteur mais à risque. Si on arrivait à développer des grandes fermes, à développer l’agroalimentaire, on allait vaincre la famine.
S’il y’a des accompagnements aussi au Sahel, on peut vaincre la famine. Au Burkina s’il y’a des accompagnements adéquats, on peut vaincre la famine. Regardez toutes les grandes zones du Centre-Ouest jusqu’aux Cascades et au Sud-Ouest, ce sont des terres qui sont vraiment fertiles. Mais les gens ne travaillent que trois mois sur douze. Il y’a des jeunes qui sortent des universités aujourd’hui et qui veulent s’installer en tant qu’agriculteurs mais compte tenu qu’ils n’ont pas d’accompagnement, ils sont obligés de rester dans les grandes villes à se tourner les doigts.
On a vu aussi d’autres qui sont sortis des universités avec des petits accompagnements et qui sont devenus des hommes d’affaires qui maitrisent l’économie. Je connais des jeunes aujourd’hui qui ont plus de 10 000 poulets dans leurs poulaillers.
Quand vous allez en Europe, au Maroc ou en Israël, ce n’est pas tout le monde qui est dans l’agriculture. C’est entre 15 et 20% de la population mais ils arrivent à inonder les marchés de la planète avec leurs productions. Il faut que l’agriculture soit une priorité pour le Burkina, tant que ce n’est pas une priorité on serait toujours à l’orée de la famine. La première priorité des priorités d’un Etat est d’assurer l’alimentation de sa population.
Li : Le Burkina Faso tente de reconquérir sa place d’antan dans le domaine du coton. Qu’est ce qu’il y a lieu de faire pour cela ?
B.D : En ce qui concerne le coton, c’est une question qui est liée à des prix, à des bonifications. Le Bénin nous a détrôné, la Côte d’Ivoire vient de nous détrôner, nous qui étions le premier producteur de coton en Afrique de l’Ouest. C’est-à-dire que ces gens ont mis un certain nombre de mécanismes en place pour permettre aux producteurs d’être toujours compétitifs. Aujourd’hui, si on n’a pas tous ces accompagnements au niveau du secteur coton, on ne peut que régresser. On est dans un cercle infernal où les Groupements des Producteurs de Coton(GPC) sont liés par la caution solidaire. Il y’a des gens qui travaillent et qui arrivent à faire de bonnes productions mais au niveau de ces GPC, ils tombent en impayé. Et rien n’est fait pour les accompagner.
Il faut mettre en place des mécanismes et faire des états généraux du coton. Et que ces états généraux ne soient pas uniquement initiés par des intellectuels. Travaillons avec les hommes de terrain et voir qu’est ce qui leur manque pour que nous puissions retrouver notre place d’antan. Voilà ce qu’il faut faire au lieu de rester avec les techniciens à Ouagadougou, s’enfermer dans une salle climatisée tandis que les acteurs qui sont concernés ne sont pas impliqués.
Li : Le ministre Harouna Kaboré du Commerce a initié des tournées ces dernières années dans des champs de coton. Il y a eu aussi la création du Salon international du coton et du textile (SICOT). Est-ce que cela n’est pas de nature à encourager les paysans ?
B.D : Non, ça ne suffit pas. Tourner dans les champs n’est pas synonyme de discussions entre acteurs. Si au cours de ces tournées, il échangeait véritablement avec les premiers concernés pour comprendre pourquoi la production régresse, il pouvait alors prendre des dispositions pertinentes. Il faut des ateliers dans chaque province qui regroupent uniquement les acteurs de terrain, les producteurs de coton avec quelques personnes qui les accompagnent, notamment le ministère de l’Agriculture.
C’est ce que nous appelons une concertation. Mais si on rencontre les techniciens et quelques acteurs qui n’ont pas la main à la pâte et qui disent que la production est bonne, les choses ne peuvent pas avancer.
Li : L’État burkinabè a annoncé une augmentation du prix du coton. Est ce que cela n’est pas un encouragement des paysans ?
B.D : Ce n’est pas de nature à encourager les paysans parce que ce prix n’atteint pas ceux du Bénin et de la Côte d’Ivoire.
Li : Vous voulez dire que ce n’est pas un prix concurrentiel ?
B.D : Ce n’est pas un prix qui est bon pour les producteurs. Pour que le secteur avance, nous devons faire des sacrifices. C’est ce sacrifice qui n’est pas là. Quand le Président Alassane Ouattara a augmenté le prix du cacao, tous ceux qui étaient découragés se sont réinvestis dans leurs exploitations et la production ne peut que monter parce qu’il a fait des sacrifices. Ce sont ces sacrifices que nos dirigeants ne veulent pas faire.
Si on met aujourd’hui le prix du kilogramme de coton à 500 francs, l’année prochaine le Burkina sera le premier pays producteur de coton en Afrique de l’Ouest. C’est un sacrifice que l’État doit faire. Le peu qu’il va débourser va permettre aux gens de se réinvestir dans la production cotonnière et nous allons reconquérir notre place d’antan.
Li : Etes-vous sûr qu’à 500 francs le kilogramme, l’État burkinabè pourra supporter le budget d’achat ?
C’est un sacrifice. Quand l’Europe au sortir de la deuxième guerre mondiale a dit qu’il faut créer un espace de paix et de sécurité alimentaire, il y a eu des sacrifices. On a accompagné les acteurs de terrain à acquérir des équipements et bien d’autres choses. Au bout d’une année on a constaté que la production céréalière a augmenté et petit à petit les choses se sont réglées. Au lieu de continuer de nous subventionner à outrance, il faut faire quelque chose qui va intéresser, qui va engager les gens. Les producteurs vont se réinvestir en se disant que si je perds cette année, je vais gagner l’année prochaine. A un certain moment, les prix vont se stabiliser. Un fonctionnaire ou un salarié sait qu’elle est la masse salariale qu’il gagne en douze mois. Un agriculteur professionnel qui est lié à la pluviométrie ne sait pas combien il gagne.
Même quand vous produisez 100 tonnes de maïs, vous ne savez pas à quel prix vous serez mangé, c’est la loi du marché. Ceux qui détiennent le cordon de la bourse, ce sont les commerçants et ils ne font que descendre les prix. Cette année, comme il n’y a pas de maïs, un sac de maïs coûte 25 000 francs à Ouagadougou.
Nous ne disons pas de nous venir en aide tous les jours. Mais de mettre en place quelque chose qui incite les acteurs à mieux s’investir dans ce domaine. On ne veut pas affamer nos populations. Pour le producteur, c’est la population qui est son marché. Tant que la population a les moyens d’acheter, le producteur lui aussi a les moyens de produire. On veut des prix qui sont stables. Il faut au moins que moi en tant qu’agriculteur je me dise que chaque année, ce que je gagne tourne autour de 12 ou 15 millions.
On souhaite que dame nature arrose bien le pays avec de très bonnes pluies qui seront bien réparties dans le temps et dans l’espace pour que nous puissions bien produire en quantité et en qualité suffisante. Le gouvernement doit travailler à sécuriser le territoire et résoudre les questions sanitaires liées à la COVID-19. Quand les gens ne sont pas tranquilles, ils ne peuvent pas faire une très bonne production.