Dans le cadre de la lutte contre la corruption, l’Autorité supérieure de contrôle d’État et lutte contre la corruption (ASCE-LC) du Burkina semble donner des insomnies aux débiteurs de l’Etat. À commencer par ceux de l’Assemblée nationale. En effet, des anciens députés sont invités à rembourser les prêts contractés pour achat de véhicules au cours de leur législature.
Par Daouda Kiekieta
Lors de son discours à la nation à l’occasion du Nouvel An, le capitaine Ibrahim Traoré a dit donner carte blanche à la justice pour faire son travail.
Bien avant ce quitus du chef de l’Etat, l’ASCE-LC avait entrepris des actions contre les députés de la 7e et de la 8e législature dans le cadre du contrôle de la gestion financière et comptable de l’Assemblée Nationale, exercices 2018-2021.
Dans un communiqué rendu public le 27 décembre 2022, l’institution de contrôle d’État avait invité ces anciens députés à rembourser les prêts véhicules contractés au cours leurs législatures.
« J’invite les députés de la 7e et de la 8e législature, ayant bénéficié des sommes au titre des prêts véhicules à bien vouloir reverser lesdites sommes, sous huitaine, dans les caisses de l’Agent comptable central du Trésor (ACCT), à compter de la publication du présent communiqué » avertissait le Contrôleur général d’État M. Philippe Néri Kouthon Nion.
Ce communiqué avait été décrié par les députés qui estimaient que l’ASCE-LC devrait d’abord leur adresser une correspondance pour demander des explications.
Malgré cette sortie des députés, l’ASCE-LC a saisi le ministère des Finances pour exiger le remboursement des sommes dues. Une liste des députés qui doivent au Trésor public a été transmise audit ministère.
Outre ces députés, plusieurs personnalités, dont des anciens ministres, ont eu affaire à cette institution.
M. Ousmane Nacro, l’un des anciens ministres du régime du président du Faso renversé, M. Roch Marc Christian Kaboré, est un des premiers interpellés dans cette opération de transparence dans la gestion publique. Il a déjà été placé à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO) le 9 janvier dernier pour blanchiment de capitaux, délit d’apparence, favoritisme et soustraction de biens par un agent public.
Le 12 octobre 2022, un avis de « recherche criminelle » contre l’ex- Directeur général du Centre de gestion des cités (CEGECI), Boureima Thiombiano avait été lancé par l’ASCE-LC.
Ce dernier est poursuivi pour corruption, enrichissement illicite, surfacturation, fraude fiscale, prise illégale d’intérêts, de délit d’apparence, de favoritisme, de blanchiment de capitaux et d’entrave à la justice.
Le président du Parti Panafricain pour le Salut (PPS), M. Abdoulaye Mossé, lui, est sous le coup d’une procédure de l’autorité de contrôle, avait annoncé son parti.
Depuis mars 2022, l’ASCE-LC a lancé une vaste opération d’audit de la gestion des institutions publiques. La Police judiciaire, la Police nationale, la Gendarmerie nationale ainsi que l’armée sont également dans le collimateur de cette institution.
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