L’Autorité Supérieure de Contrôle d’Etat et de Lutte contre la Corruption (ASCE-LC) a présenté son rapport d’audit sur la présidence, la primature et l’Assemblée Nationale le 9 mars 2023 à Ouagadougou. Il ressort dans ce rapport au titre du contrôle de l’Assemblée Nationale, que les évacuations sanitaires ont coûté plus de 426 millions de F.CFA au parlement de 2018 à 2021.
Par Elza Nongana
La question des évacuations sanitaires a toujours été une question sensible au Burkina Faso.
Lors d’une conférence publique sur les évacuations sanitaires le 22 décembre 2017, M. Fulgence Tanga le président du Club de l’Union africaine/Burkina Faso déclarait que : « Une évacuation sanitaire à partir du Burkina coûte en moyenne entre dix (10) et 25 millions de FCFA et que l’État burkinabé débourserait plus d’un milliard 400 millions de F.CFA pour les évacuations sanitaires chaque année ».
Dans la même veine, courant 2022, dans une interview accordée à Libreinfo, Dr Bernard Sanon, le secrétaire général du Syndicat des Travailleurs de la Santé Humaine et Animale (SYNTSHA), expliquait qu’ «il peut y avoir des évacuations de complaisance parce qu’une autorité peut user de ses relations pour cela ».
Le 19 novembre 2022, le Premier ministre Me Apollinaire Kyélem également, lors de sa déclaration de politique générale à l’Assemblée Législative de Transition (ALT) affirmait que « les évacuations sanitaires au frais de l’État seront limitées voire supprimées ».
« Si notre système de santé n’évolue pas significativement, c’est en partie parce que les dirigeants de ce pays n’en sont pas dépendants.
Au moindre mal, ils savent qu’ils peuvent bénéficier d’une évacuation sanitaire. Ce qui crée un système de santé publique à double vitesse. L’un pour les pontifes de l’État, l’autre pour la plèbe» affirmait -il.
L’Autorité Supérieure de Contrôle d’État de Lutte contre la Corruption (ASCE-LC), dans son dernier rapport d’audit au titre de l’Assemblée Nationale, a constaté le non-respect de la réglementation sur les évacuations sanitaires irrégulières.
La somme globale de 426 137 725 F.CFA a été déboursé pour quatre-vingt-dix (90) dossiers de prise en charge de soins à l’étranger d’après le rapport.
Selon l’article 146 de la LOI N°038-2017/AN portant statut de la fonction publique parlementaire du 23 mai 2018, les évacuations sanitaires à la charge de l’institution parlementaire hors du Burkina Faso d’un fonctionnaire parlementaire sont autorisées par le Président de l’Assemblée nationale, après avis du Conseil de santé parlementaire.
Cependant dans le rapport d’audit de l’ASCE -LC, il ressort qu’ : « aucun « dossier » concerné n’a requis l’avis du Conseil national de santé comme le prescrit la règlementation en vigueur. Les dossiers sont montés pour près de 29,69 % sur simple demande de prise en charge du médecin de l’Assemblée nationale ».
Aussi, « certains soins sont administrés sur la base d’instruction d’appel de fonds pour ceux, qui à l’occasion d’une mission se font diagnostiquer une maladie à l’étranger ».
L’ASCE-LC indique par ailleurs dans son rapport que des personnes qui ne sont ni députées, ni fonctionnaires parlementaires ont été évacuées aux frais de l’Assemblée nationale.
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