L’arrivée de l’ancien président Blaise Compaoré au Burkina Faso le 8 juillet dernier continue de faire polémiques. Le 30 août 2022, après les « démentis» faits par la famille de Thomas Sankara et le Conseil supérieur de la magistrature, le gouvernement insiste sur le fait que des démarches avaient été entreprises pour permettre au président Compaoré de venir répondre à l’appel du chef de l’État Paul Henri Damiba.
Par Nicolas Bazié
Le gouvernement persiste et signe : des démarches ont été effectuées avant que Blaise Compaoré ne vienne au Burkina Faso le 8 juillet. Justement, les autorités se sont fendues mardi 30 août d’un communiqué dont voici la teneur: « Le gouvernement confirme que des démarches avaient été effectuées et des contacts pris à cet effet, tels que l’a expliqué le premier ministre lors de son entretien (le 23 août dernier à la télévision nationale) sans qu’il soit besoin pour l’instant, de communiquer de détails supplémentaires ».
Sauf que cette fois-ci, l’exécutif n’a pas précisé que ces démarches ont été entreprises auprès d’une personne morale ou physique. Mais, il tient mordicus à ce que l’opinion publique sache que des préalables ont été faites, avant que l’ex président du Faso Blaise Compaoré ne foule le tarmac de l’aéroport international de Ouagadougou.
« Avant que monsieur Blaise Compaoré ne vienne, il y a eu des démarches préalables. C’est ce que peut être beaucoup de gens ne savent pas. Nous avons approché la famille de Thomas Sankara notamment, Mariam Sankara pour l’informer de cette situation, de ce que nous comptons faire. Nous avons approché également le Conseil supérieur de la magistrature pour l’informer aussi de la démarche que nous sommes en train de mener». Telle est la déclaration de Albert Ouédraogo, le 23 août dernier à la télévision nationale.
Faut-il rappeler que la famille de l’ancien Président Thomas Sankara ne s’est pas reconnue dans ces dires du chef du gouvernement. Elle avait fait noter: «Nous, famille du feu Président Thomas Sankara, venons apporter le démenti sur les propos du Premier Ministre Albert Ouédraogo».
La famille en question ne s’est pas arrêtée là, elle a poursuivi en écrivant : «Nous n’avons pas été informés d’une quelconque venue de Blaise Compaoré». Par contre, elle a reconnu avoir reçu des autorités, mais il n’a pas été question de parler du président Blaise Compaoré.
Quelques heures après le démenti de la famille Sankara, c’est le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) qui vient enfoncer le clou en apportant également « un démenti », concernant les mêmes propos du premier ministre Albert Ouédraogo. Cette institution a dit regretter de ne pouvoir s’associer à cette affirmation du chef du gouvernement.
Finalement, à qui faut- il croire dans cette affaire? On ne le saura peut-être pas. Ce qui est sûr, que ce soit la famille Sankara, le conseil supérieur de la magistrature ou le gouvernement, chacun est catégorique sur sa position.
Les reculs dans la transparence
Pour le Front patriotique, le premier ministre burkinabè, Albert Ouédraogo fait face à une levée de boucliers. Il explique qu’ en l’espace de 48 heures, le chef du gouvernement subit des désaveux majeurs.
« Cette affaire au sommet vient davantage mettre à mal la confiance des gouvernés vis-à-vis des gouvernants et renforce les soupçons des citoyens quant à la sincérité de la parole publique dans un contexte d’appels à l’unité nationale et à la cohésion sociale», indique le Front patriotique dans un communiqué consulté par Libreinfo.net.
Par ailleurs, le Front confie que « de nombreux observateurs constatent, avec tristesse, les reculs dans la transparence de l’action publique. La communication officielle tend à verrouiller méticuleusement les informations sur la situation sécuritaire et humanitaire réelle, ou simplement à les travestir».
Une telle gouvernance « non transparente, non participative et non inclusive démontre à souhait, chaque jour, le caractère illégitime du régime à la tête du Burkina Faso depuis le putsch du 24 janvier 2022», conclut la note du Front patriotique.
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