Novembre 2022. Les récoltes sont finies dans les zones agricoles du Burkina. Ainsi, à Djiguemtenga, un village de la commune rurale de Koubri, non loin de la capitale Ouagadougou, si certains cultivateurs se frottent les mains, d’autres sont plutôt découragés.
Par Nicolas Bazié
«Djiguemtenga» est situé dans la commune rurale de Koubri, au sud de la route nationale n°5 Ouagadougou-Manga.
Le 7 novembre de cette année 2022, je me suis rendu dans ce petit village qui est à quelques kilomètres de la capitale du pays. De chaque côté de la route en terre, menant à Koubri, j’aperçois ça et là, des champs d’arachides, de maïs et surtout de haricots.
«Je n’ai rien récolté…»
Les animaux, en liberté depuis que les récoltes ont été faites, broutent ça et là, sans contrainte désormais.. Au bord de la route, j’aperçois un homme debout devant une boutique. Il se présente à moi sous le nom de Sylvain Zongo, père de famille, cinq enfants et propriétaire de la boutique.
Après la présentation et à peine ai-je abordé la question des récoltes de cette saison que M. Sylvain Zongo m’a coupé la parole : «Cette année, je ne sais pas ce que je vais devenir… Je n’ai rien récolté. J’ai pourtant cinq enfants et une femme à nourrir. Les choses s’annoncent déjà compliquées et ce n’est pas bon.»
M. Zongo dit avoir cultivé du maïs et du haricot. Mais, il me fait comprendre que ce qu’il n’a pas récolté grand chose. Il est sûr qu’il aura du mal à nourrir sa famille cette saison : «J’ai eu quelques sacs de haricots seulement ».
Selon ses explications, « c’est la pluie qui a tout gâté» : «Lorsqu’il avait commencé à pleuvoir, j’étais vraiment content, je me suis dis que cette année en tout cas, nous allons bien manger. La pluie était abondante, malheureusement, il pleuvait presque chaque jour. Ce qui a eu des conséquences négatives sur les récoltes».
Après le boutiquier-paysan Sylvain Zongo, je me rends dans une cour familiale proche où je trouve un homme en train de laver une moto. À la question de savoir comment ont été les récoltes cette année, il me répond de façon laconique : «J’ai cultivé du maïs cette saison mais je n’ai rien récolté ».
«Par la grâce de Dieu, les récoltes ont été bonnes»
Je poursuis ma route et plus loin, je vois une femme en train de décortiquer du haricot. Je m’approche d’elle. Elle dit s’appeler Edith Rouamba, mère de trois enfants. Pour elle, contrairement aux deux hommes rencontrés auparavant, «par la grâce de Dieu, les récoltes ont été bonnes».
Mme Rouamba poursuit: «Dieu a fait grâce, cette année, nous avons pu récolter un peu. Je m’en veux de n’avoir pas défriché un champ plus grand. Ceux qui ont cultivé du mil, des arachides ou du haricot, bref tous en ont eu pour leur compte ».
Edith Rouamba dit avoir misé cette année sur la culture du haricot: «Avec ce que j’ai eu, je pense que je pourrai m’occuper de ma famille sans difficulté. J’espère que l’année prochaine Dieu fera encore grâce».
De bonnes récoltes oui, mais….
Madame Rouamba n’est pas la seule à se réjouir. Dans la famille du vieux Sana Zongo aussi, les nouvelles sont bonnes. «Pour être honnête, les récoltes à notre niveau ont été bonnes. Nous, nous avons cultivé du maïs et du haricot. »
La joie de M. Zongo est tempérée par des questions qui occupent son esprit : «Souvent, je me demande si l’année prochaine nous pourrons cultiver sur nos terres. Nous sommes menacés par le lotissement. Nos champs sont devenus des parcelles d’habitation. Voilà ce qui me dérange».
Dans le village de Djiguemtenga, assurent MM. Zongo et Sana, la plupart des paysans ont plus cultivé le haricot et le maïs. Ils affirment que ce sont les femmes qui ont travaillé la terre cette année plus que les hommes.