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[Edito] Burkina Faso : deux occasions d’indépendance, deux échecs ?

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Le Burkina Faso : deux occasions d’indépendance, deux échecs ? est-on tenté de se poser comme question. A l’instar des autres pays francophones d’Afrique, le Burkina Faso fête son indépendance le 5 août. C’était le 5 août 1960 que la Haute Volta, actuelle Burkina Faso accédait à sa souveraineté nationale et internationale. Et cela fait maintenant 61 ans que le « pays des Hommes intègres » autrefois « voltaïques » est indépendant.

 

Par Abdoul Wahab Mandé, Stagiaire

Le 26 août 1958, le Général De Gaulle lançait cette phrase : « Vous voulez l’indépendance ? Prenez-la ! ». C’était à Dakar au Sénégal lors de sa tournée qui l’avait mené dans les capitales de ses colonies à la veille du référendum d’auto-détermination. Une parole s’adressant aux manifestants qui exigeaient une indépendance totale au détriment d’appartenir à la communauté française qui n’était autre que rester toujours sous le commandement de la France. Le Général se voulait clair en faisant sortir ces propos de sa bouche. « On ne peut pas concevoir un territoire indépendant et une France qui continue de l’aider », avait-il prévenu.

Au moment où les pays africains fêtent en rang dispersé leur 61ème anniversaire de l’accession à l’indépendance, 1er août pour le Bénin, 3 août pour le Niger, 5 août pour le Burkina-Faso, 7 août pour la Côte d’Ivoire, 11 août pour le Tchad, 13 août pour la République centrafricaine, 15 août pour le Congo-Brazza et 17 août pour le Gabon, le constat est amer. Le développement : ce mot semble être employé au sens figuré. Du quotidien des Africains en général et des Burkinabè en particulier, il semble que ce processus n’est pas encore amorcé.

Ces indépendances qui avaient connu tant d’enchantement ont vite été désenchantées en témoigne le personnage principal Fama Doumbouya, du roman « Les soleils des indépendances » de Ahmadou Kourouma. Et ils sont nombreux, les Burkinabè qui vivent dans le désespoir comme le héros de ce roman dont les indépendances sonnaient comme une nouvelle ère de se libérer du colonisateur.

Et le Burkina Faso après l’échec de l’indépendance de 1960, s’est vite rattraper avec l’avènement de la Révolution démocratique et populaire (RDP) encore appelée Conseil national de la révolution (CNR), le 4 août 1983. Cet espoir d’un lendemain meilleur pour le peuple burkinabè sera interrompu de façon brusque, lorsqu’un soir du jeudi 15 octobre 1987, le meneur de cette Révolution en la personne de Thomas Sankara est tué lors d’un coup d’Etat. Ce jeune capitaine et président a réussi en l’espace de quatre ans, apporté des transformations profondes de la société burkinabè avec la mise en exergue de ses valeurs culturels de travails, de dignité et d’intégrité.

Mais comme le dit Jean-Paul Sartre, « l’enfer, c’est les autres », le Burkina Faso, lui-même vient d’interrompre sa marche vers une indépendance totale. 61 ans après les indépendances, nous voilà confrontés à un autre problème en plus des problèmes de développement qui est le terrorisme. Dans cette lutte contre le terrorisme, il faut encore l’assistance des armées de l’ancienne puissance coloniale. Et comme si c’était « un éternel  recommencement » pour reprendre Albert Camus, des voix s’élèvent pour réclamer le départ de ces forces soi-disant que ces dernières ne sont pas sincères dans leur aide. L’autre volet qui connait des étincelles ces dernières années est la question de quitter le francs CFA pour la création d’une monnaie commune qui s’appelle l’Eco. Voilà tout un tas de problèmes que connaissent les Etats africains « indépendants » et qu’ils n’arrivent pas à résoudre 61 ans après leurs indépendances. L’on est en droit de se poser la question comme Joseph Ki-Zerbo, à quand l’Afrique ? L’indépendance ça ne se donne pas, on l’acquiert.

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