Le dossier Boukary Dabo sera jugé en septembre 2022. L’annonce a été faite le 25 juillet 2022 par le ministère en charge de la justice à travers un communiqué. Les étudiants ont toujours demandé justice pour leur camarade. L’annonce de la tenue prochaine du procès vient comme une bonne nouvelle certains étudiants que Libreinfo.net a rencontré.
Par Rama Diallo
Il a été assassiné en 1990. 32 ans après sa mort, son dossier est programmé pour être jugé en septembre 2022.
Dans ce dossier DABO Boukary, trois accusés comparaîtront, selon le ministère de la justice. Et ce, pour « complicité d’arrestation illégale et séquestration aggravée », « complicité d’arrestation illégale et séquestration aggravée, complicité de coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner, et recel de cadavre », « complicité d’arrestation illégale et séquestration aggravée ».
Dabo Boukary était en 7e année de médecine, lorsque ses bourreaux lui ont ôté la vie.
A l’université Pr Joseph Ki Zerbo, des étudiants restent dubitatifs quant à la tenue prochaine du procès. Pour certains, la justice veut tromper la vigilance du peuple avec ce dossier, car des voies commencent à se lever concernant la gouvernance actuelle.
Étudiant en année de licence en sociologie, Bassirou Ouédraogo pense qu’au Burkina, la justice ne fait pas son travail et elle est sélective. « Cette annonce est pour distraire les Burkinabè. Pourquoi le dossier n’a pas été ouvert depuis ? Actuellement il y a des Burkinabè qui sont fatigués de cette insécurité et de l’incompétence des autorités actuelles. Il faut quelque chose pour calmer les ardeurs donc on parle de l’ouverture du dossier Dabo Boukary pour que cela occupe les débats de ces temps-ci», a martelé l’étudiant sur un ton de colère.
Il estime que la justice Burkinabè est faite pour les petits voleurs de « poulets et de chèvres». Sinon d’après lui, la justice sait où se trouvent les criminels.
« On attend chaque fois qu’ il y a des assassinats mais on n’entend pas les auteurs ont été arrêtés. Moi je considère que la justice c’est pour les pauvres au Burkina Faso », poursuit Bassirou Ouédraogo.
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Après Bassirou Ouédraogo, nous rencontrons Issaka Koala, étudiant en année de licence en Sciences de la vie et de la terre (SVT). Il espère que le dossier Boukary Dabo ira jusqu’au bout et que justice sera rendue.
« J’espère que ce procès ne sera pas comme le procès Thomas Sankara où il y avait des accusés absents. Il faut que la vérité soit dite pour apaiser les cœurs. Si c’est pour juger des gens par contumace je pense que ce n’est pas la peine. On a tous vu ici Blaise Compaoré venir et repartir sans que la justice ne lève le doigt. Les parents de tous ceux qui ont été tués ont besoin de la vérité et on ose espérer que cette fois-ci ce n’est pas pour tromper les Burkinabè», souhaite Issaka Koala.
Quant à Anna Kabore, étudiante en master en lettres modernes, c’est avec joie qu’elle a vu sur les réseaux sociaux le communiqué du ministère de la justice. Selon elle, ce procès permettra à la famille et aux amis de Dabo Boukary de faire leur deuil. Si ce procès abouti, les Burkinabè auront confiance en la justice et d’autres grands dossiers de crime de sang pourront être jugés aussi, a indiqué l’étudiante.
« Actuellement nous avons besoin de paix. Je pense que ces grands procès auxquels nous assistons maintenant vont apaiser les cœurs. C’est vrai qu’il y a des failles mais au moins des gens sont jugés et condamnés pour ce qu’ils ont fait», a-t-elle conclu.