Le Premier ministre M. Apollinaire Kéylem a ordonné le 28 novembre 2022 dans une circulaire, le remboursement des retenues opérées sur les salaires et traitements d’agents publics, pour des faits de grève de la période allant de 2016 à 2021. Libreinfo.net a obtenu, le mardi 29 novembre 2022, les appréciations de cette mesure par quelques responsables syndicaux de la localité de Sapouy, dans la province du Ziro, région du Centre-Ouest.
Par Inoussa Kiéma, Correspondant dans le Ziro
Dans sa volonté de rembourser les salaires retenus de certains agents du public, pour faits de grève, pour la période de 2016 à 2021, le gouvernement précise que seule doit être prise en compte, la preuve de la coupure opérée, pour la période indiquée.
Et cette condition dérange certains syndicats. Ainsi, M. Jacques Sow, secrétaire provincial du Syndicat national des travailleurs de l’éducation de base (SYNATEB), section provinciale du Ziro, trouve que cela n’est pas clair.
Il s’offusque: « Il y a une mauvaise volonté de ne pas vouloir rembourser les salaires retenus. C’est clair. Les preuves qu’il (le gouvernement) demande aux gens, sont à son niveau. Aucun agent n’a la preuve chez lui ou dans son administration locale.”
Il ajoute que « les preuves sont au niveau central. Et au niveau central, ils ont tous les moyens pour déterminer le nombre de personnes dont les salaires ont été coupés, ainsi que les montants à restituer.»
Pour lui, la question n’est pas seulement de payer les sommes qui ont été coupées, mais c’est aussi de situer les responsabilités. « Qui a fait quoi en son temps pour qu’on en arrive à cette situation-là ? Les dommages, qui paye ça ? » s’interroge-t-il.
Si, pour le premier ministre, le remboursement des retenues de salaires vise à « instaurer un climat social apaisé », le syndicaliste M. Sow, lui, ne l’entend pas de cette oreille.
Il soutient qu’«une circulaire est un papier. Ce n’est pas un fait. Si une circulaire résolvait les problèmes de notre pays, il y a longtemps ces problèmes se résoudraient ».
Du côté du Syndicat des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA), section provinciale du Ziro, l’acte du gouvernement est salutaire comme le déclare M. Hamadé Sawadogo, son secrétaire général provincial.

« On avait demandé aux agents d’envoyer les bulletins de paie montrant les coupures. Tout le monde avait déposé lesdits bulletins et c’était resté lettre morte. Ça veut dire qu’il y avait des difficultés que, nous, on n’arrivait pas à percevoir ».
Il poursuit: « Maintenant cette note (la circulaire) vient nous dire que les obstacles qui empêchaient le travail de pouvoir se réaliser sont levés. Donc, on ne peut que féliciter le gouvernement ».
Actuellement, aucune réaction officielle des premiers responsables provinciaux de la Fédération des syndicats nationaux de l’éducation et de la recherche (F-SYNTER) n’ a été notée.
Mais, selon certains de leurs camarades, l’initiative du gouvernement de restituer les salaires coupés pour des faits de grève, n’est que du populisme.
Ils soutiennent que le remboursement dont parle le gouvernement était déjà un acquis ; et qu’il ne restait que son opérationnalisation qui ne devrait souffrir d’aucune longue procédure.
Il y a environ deux ans de cela, le vendredi 17 avril 2020 précisément, le Tribunal administratif de Ouagadougou avait rendu son verdict dans le procès de 150 magistrats qui avaient attaqué l’Etat burkinabè en justice pour exiger la cessation des coupures de salaires pour faits de grève.
Le tribunal avait alors ordonné à l’Etat de cesser les coupures de salaires entreprises pour le mois d’avril 2020.