Le collectif des conseillers municipaux visés par la sanction du gouvernement à travers, le ministre de l’Administration territoriale, Clément Sawadogo, se sont exprimés au cours une conférence de presse, le mardi 18 mai 2021 à Ouagadougou. Pour les conseillers concernés, il s’agit d’une décision injuste qui ne répond qu’à une logique de règlement de comptes.
Par André-Martin Bado et Tatiana Kaboré
Dans une correspondance en date du 27 avril 2021, le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Clément Sawadogo a invité les gouverneurs de région à procéder au remplacement des conseillers municipaux et régionaux qui ont fait preuve de nomadisme politique lors des élections présidentielle et législatives du 22 novembre 2020. Il s’agissait en l’occurrence, des élus locaux qui ont démissionné formellement et non formellement de leur parti d’origine et qui se sont inscrits sur les listes d’autres partis politiques.
Une décision qui n’est pas appréciée par les élus locaux. Désiré Traoré, le coordonnateur du collectif des maires, par ailleurs maire de la commune de Solenzo, trouve que cette action engagée par le gouvernement manque de base légale. « Le gouvernement invente une notion qui n’existe pas dans le droit positif en matière, la démission de fait. L’article 238 du code électoral que le gouvernement veut prendre comme argument parle de démission libre et non de démission de fait ou démission tacite » a-t-il martelé.
Pour lui, c’est aussi une méprise des décisions de justice et cela entraine une dégradation de l’autorité de l’État avec cet exemple « d’incivisme inqualifiable ». Il pense que la mesure va mettre à mal la cohésion sociale, car ayant une répercussion négative sur le processus de réconciliation nationale actuellement en cours. Ce sont 800 conseillers municipaux et 15 communes qui sont touchés par cette décision.
En novembre 2020, le maire de Houndé, Boureima Gnoumou, avait été visé par une déchéance de son mandat de conseiller municipal devant le Tribunal administratif de Boromo. M. Gnoumou se considère toujours comme étant maire de Houndé. « Nous, nous croyons en la justice burkinabè. Je peux vous rassurer en tant que maire de la commune de Houndé, que j’ai été trimbalé en justice par le MPP avant même mon élection. J’ai accepté la décision de la justice et aujourd’hui, je vais toujours accepter la décision de justice. S’il arrivait que la justice me dise que je ne suis plus maire de Houndé, je vais respecter cette décision. Je suis burkinabè et je suis républicain » a-t-il expliqué.