Le procès tant attendu de l’assassinat du père de la révolution burkinabè Thomas Sankara et ses douze compagnons, à peine ouvert le lundi 11 octobre 2021, est renvoyé au 25 octobre 2021. Certains avocats de la défense ont demandé la suspension de l’audience pour mieux s’imprégner des dossiers de leurs clients reçus en septembre. Absent au procès, Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando sont tenus de se présenter au tribunal militaire dans un délai de 10 jours à compter de l’affichage du mandat de comparution.
Par Rama Diallo, stagiaire
La salle des banquets de Ouaga 2000 était rempli de monde. Chacun voulant assister à cette première journée de l’audience. La veuve de feu Thomas Sankara était à l’ouverture du procès. Ce procès historique qui touche la vie politique du Burkina Faso vise à faire la lumière sur ce qui s’est passé le 15 octobre 1987.
Le tribunal qui va s’occuper du dossier s’est difficilement constitué. Deux responsables militaires, les généraux Brice Bayala et Nazinigouba Ouédraogo désignés pour officier comme juges assesseurs ont désisté en avançant des raisons personnelles. Mais le tribunal a pu se constituer après une suspension de l’audience.
A l’issue de la constitution du tribunal, des avocats de la défense ont demandé la suspension de l’audience. Car selon eux, ils n’ont reçu les dossiers de leurs clients presque vers la fin du mois de septembre. Il leur serait donc difficile de mieux maitriser un dossier de vingt mille pages en deux semaines. Le report de l’audience va leurs permettre de mieux connaitre le dossier et de mieux préparer la défense.
Enregistrement et diffusion sur les médias de l’audience rejeté
Les avocats des parties civiles ont demandé que le procès soit enregistré vu son caractère historique afin que plus tard, des chercheurs ou étudiants et même le tribunal puissent s’en servir. Pour Me Prosper Farama, avocat des parties civiles, pour des questions mémorielles, le procès devrait être enregistré. Mais cette demande a été rejetée par la défense et le tribunal.
« La loi dit qu’on n’enregistre pas les procès. La seule prise de note que la loi prévoit c’est la prise de note du greffe. J’ai refusé qu’on déroge à la loi. Le tribunal n’a pas pour vocation de constituer les archive de l’histoire. Le tribunal est là pour rendre justice. Il ne faut pas se tromper sur l’objet du tribunal », a laissé entendre maitre Kopiho Moumouny, avocat de la défense.
Concernant l’absence de Blaise Compaoré, Me Prosper Farama trouve cela dommage. « Nous sommes attachés à qu’il y ait un procès équitable qui respecte les droits de toutes les parties à ce procès y compris ceux de Blaise Compaoré. C’est pourquoi nous aurions souhaité qu’il soit présent pour donner sa version des faits. Nous ne sommes pas là pour une chasse aux sorcières ou pour la vengeance. Nous sommes là pour la vérité et la justice », a indiqué Prosper Farama. L’avocat ne voit aucun inconvénient à la suspension du procès. Il estime que c’est normal car en deux semaines on ne peut pas maitriser un dossier de vingt mille pages.
Mariam Sankara l’épouse de Thomas Sankara, dit s’en remettre à la décision de la justice. Elle espère que la lumière sera faite sur l’assassinat de son mari et que tous les Burkinabè connaitront la vérité sur ce qui s’est passé le 15 octobre 1987.