Le Président de la Transition Paul-Henri Damiba a donné cinq mois pour faire un premier bilan sur la reconquête du territoire occupé par les groupes armés terroristes. Ce délai expire le 31 août 2022. Malgré les réformes entreprises au sein de l’armée, l’insécurité gagne toujours du terrain et les populations ne savent plus à quel saint se vouer.
Par Daouda Kiekieta
Pour dissiper les doutes qui planaient sur les intentions des tombeurs de l’ex-Président Roch Kaboré, le nouvel homme fort du pays (Paul Henri Damiba) a promis de livrer un premier bilan de la mission de reconquête du territoire en cinq mois à compter d’avril 2022.
Durant ces cinq derniers mois, des populations n’ont cessé de « souffrir le martyr» et des zones continuent de tomber sous les mains des terroristes.
Cependant, l’on ne doit pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Quand on sait que la reconquête de plus 40% du territoire ne se fera pas en un clin d’œil, des “décisions majeures” ont été prises au niveau militaire et civil pour endiguer le phénomène du terrorisme.
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Le 25 août dernier, Paul-Henri Damiba a créé par décret, un régiment d’infanterie commando dénommé 26è RIC basé à Boromo, chef-lieu de la province des Balé, région de la Boucle du Mouhoun.
Cette région est en proie au terrorisme. Au même moment, quatre corps de troupe ont été délocalisés dans les provinces du Bam, Ganzourgou, Bazèga et du Boulkiemdé.
Il s’agit respectivement du 10e régiment de Commandement d’appui et de soutien, du Bataillon du train, les Bataillons des transmissions stratégiques des armées et le Génie militaire. On sent donc une volonté de faire bouger les lignes.
A l’issue de la rencontre du conseil supérieur de la défense, en juin dernier, deux zones d’intérêt militaires ont été créées dans les régions de l’Est et du Sahel.
Le conseil avait annoncé également l’intégration des volontaires pour la défense de la patrie dans le dispositif militaire.
Chose qui a été faite avec la création d’une Brigade de veille de défense patriotique (BVDP) sous tutelle du ministère de la Défense nationale.
Cette décision du conseil supérieur de la défense a été corroborée par l’interdiction de circulations des motos de grosse cylindrée dans plusieurs provinces et communes. Huit régions du pays sont concernées par la décision.
Une promesse d’augmentation de leur rémunération a été faite par le conseil et réitérée par le Premier ministre lors de son entretien à la télévision nationale le 23 août dernier.
Une approche holistique de la crise sécuritaire
Outre les actions militaires pour endiguer le terrorisme et reconquérir le territoire, des actions civiles ont également été posées.
C’est le cas de la mise en place des comités locaux de dialogue pour la restauration de la paix. Dix (10) comités ont été installés à la date du 11 août 2022.
Par la même veine, le ministre de la Réconciliation, Yéro Boly informe qu’un centre d’accueil de déradicalisation et de réinsertion est déjà opérationnel. “Plusieurs dizaines de combattants terroristes ont pu être démobilisés », a indiqué le ministre Boly.
Il est également prévu dans les prochains jours, l’organisation d’une journée nationale de refus du terrorisme.
C’est dans le même contexte que le ministre de la Réconciliation nationale a annoncé l’indemnisation des victimes de « violence politique et des abus des droits de l’homme », dans le cadre du processus de la réconciliation nationale.
Plus de 5600 dossiers collectifs et 30 000 dossiers individuels de 1960 à 2015 ont été enregistrés dont plus de 179 pertes en vies humaines ; 543 dossiers des blessés ; 839 dossiers de destruction de biens individuels ; 71 dossiers de destruction de biens d’entreprises. Le coût de cette opération est estimé à plus de 65 milliards de francs CFA, selon le ministre Boly.
Les autorités doivent savoir raison garder
Malgré ces actions civilo-militaires entreprises, il est toujours difficile de dire que la situation s’améliore vraiment. Car, des zones qui n’étaient pas touchées sous le régime du président Roch Kaboré, sont maintenant entre les mains des groupes terroristes.
Comme c’est le cas dans la région de la Boucle du Mouhoun, et aussi dans le Kouritenga, la province d’origine du président Damiba, où la mairie de la commune rurale de Andemtenga vient d’être incendiée.
La province située sur l’axe Ouaga-Bobo est sous menace terroriste. La gendarmerie de la ville, le Peloton de surveillance et d’intervention de gendarmerie (PSIG) ont été récemment attaqués.
Face à cette réalité, les autorités doivent se départir de toute suffisance dans leurs discours et leurs actions.