Le Forum Ditanyè a animé une conférence publique le vendredi 3 juin 2022 à Ouagadougou. Elle a porté sur le thème : « Réfléchir la démocratie et les Institutions pour qu’elles s’adaptent à nous et non que nous nous adaptons aux Institutions et à la démocratie. » Au cours de ce cadre d’échanges, les panélistes ont relevé qu’au Burkina Faso, les institutions démocratiques ne reflètent pas les valeurs endogènes. Pr Basile Guissou et Dr François d’Assise Palm, Pr Jacques Nanema et Newton Ahmed Barry, étaient les principaux animateurs de cette conférence publique
Trois panélistes ont chacun fait une communication autour du thème principal de la conférence publique. Parmi eux, Pr Basile Guissou. Sa communication a porté sur la « Critique politique des institutions et de leurs animateurs ».
Les institutions au Burkina Faso sont en déphasage avec beaucoup de valeurs, indique le panéliste Guissou. « Les Institutions burkinabè ne reflètent pas les valeurs, les cultures et les civilisations que nos ancêtres nous ont léguées », déclare le professeur qui est un ancien ministre sous la révolution de Thomas Sankara. Et de soutenir que les Institutions démocratiques burkinabè se sont inspirées de celles des colons.
Basile Guissou enfonce le clou en affirmant que « le pays des hommes intègres n’ira pas loin tant que les institutions seront en déphasage avec les valeurs culturelles et civilisationnelles ». D ’ou la nécessité pour lui, d’opérer le changement et ce, conformément aux valeurs endogènes.
L’ancien ministre sous la révolution dit être convaincu qu’un État endogène est encore possible au Burkina. « La classe politique burkinabè dispose de moyens pour construire des Institutions endogènes qui s’appuient sur son héritage institutionnel et politique », a-t-il fait savoir. Il ajoute que : « Un État endogène est fait par sa population et pour sa population et parle sa propre langue ».

A la question de savoir si les Burkinabè sont des français, Pr Guissou a répondu par la négative. « Les Burkinabè ne sont pas des français, mais des apprentis de la langue française », précise-t-il, confiant que l’élite burkinabè pense dans sa langue maternelle et parle en français. Il n’est pas allé du dos de la cuillère pour dire que la langue française « ne nous mènera nulle part ».
Le Forum Ditanyè, pour la construction d’un front démocratique
Dr François d’Assise Palm est expert en éléments de construction des dynamiques de coopération inter-ethnique et intercommunautaire. Selon lui, l’État Burkinabè doit viser un lexical commun et des valeurs universelles pour un meilleur vivre-ensemble.

Aussi, il suggère que l’on initie une journée nationale de l’ethnie, pour promouvoir la paix et mettre la parenté à plaisanterie au cœur des dialogues intercommunautaires, pour la résolution des crises au Burkina Faso.
Dr François d’Assise Palm trouve qu’il va falloir mettre le grappin sur la compétence, quant au recrutement au niveau de l’administration publique. « Dans l’administration, l’État doit mettre l’accent sur la compétence », a- t-il suggéré.
Le Forum Ditanyè est une organisation de la société civile, lancé le 24 mai 2022, dont son objectif est d’engager de larges concertations, pour la construction d’un « Front démocratique » au Burkina Faso. Elle se veut un cadre de réflexion, pour mettre fin au perpétuel recommencement de la vie politique nationale.
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