Ceci est un message du politologue M. Harouna Dicko, sur la gestion du pouvoir par le capitaine Ibrahim Traoré.
En prenant le pouvoir d’Etat, le Capitaine Ibrahim TRAORE avait rassuré par ses premières déclarations, parmi lesquelles celles de faire en trois mois ce qui aurait dû être fait en huit mois, rien qu’en résolvant les petits problèmes de logistique.
Mais en seulement quarante jours de gestion du pouvoir, le Chef de l’Etat s’est vu obligé le 10 novembre 2022 de partager avec les partis politiques, les difficultés de la situation nationale que du reste, les burkinabè dans leur grande majorité en sont conscients, raison pour laquelle ils ont toléré les putschs du 24 janvier 2022 et du 30 septembre 2022, contrairement au putsch de septembre 2015.
A mon avis, son speech du 10 novembre 2022 était déjà un aveu d’impuissance car, le bon médecin est celui qui, après avoir fait le diagnostic d’une maladie, prescrit un traitement à même de guérir ou au moins soulager le malade, et non, celui qui se contente de refaire un diagnostic déjà fait avec précision par d’autres avant lui.
Aussi, son message du 31 décembre 2022 à Solenzo, est peu différent de celui de DAMIBA à Dori le 04 août 2022. Je pense que ce message du 31 décembre aurait été original et beaucoup plus galvaniseur des troupes si seulement et seulement si, le Capitaine s’était plutôt rendu à DJIBO par la route pour le livrer.
Malgré l’absence de chiffre officiel donné par le Capitaine chef de l’Etat, son bilan en trois (03) mois, est sans aucun doute relativement plus négatif que celui du Lieutenant-colonel chef de l’Etat en cinq (05) mois, et celui du Président du Faso civil en quatre (04) ans. En effet :
- Sous le Président du Faso civil avec son MPP, précisément 17,70% du territoire national soit 48 537 km2 étaient hors du contrôle de l’Etat à la date du 24 octobre 2020 (Décision n°2020-001/CC/EC du Conseil Constitutionnel) ;
- Sous le Lieutenant-colonel chef de l’Etat avec son MPSR 1, au moins 2/5 du territoire soit 164 534 km2 étaient à reconquérir à la date du 22 juin 2022 (Porte parole du Conseil des Ministres) ;
- Sous le Capitaine chef de l’Etat avec son MPSR 2, à la différence du MPP et du MPSR 1 qui ont officiellement livré des chiffres, aucun chiffre officiel sur l’occupation du territoire par les terroristes n’a encore été livré en dehors de celui de 80% évoqué le 19 novembre 2022 par le Premier Ministre dans sa réponse à la question d’un membre de l’ALT ; ce qui semble être la vérité des faits, en faisant un recoupement avec les propos tenus par le Chef de l’Etat le 10 novembre 2022 devant les partis politiques. Par contre, une source privée révélait le 05 novembre 2022 que pendant le mois d’octobre 2022, le pays a subi au moins 107 attaques qui ont fait 173 morts dont 35 FDS.
Aujourd’hui, le Chef de l’Etat devrait humblement reconnaître :
- qu’en trois mois de gestion du pouvoir, les défis qu’il avait lancé les 1er et 02 octobre 2022 sont loin d’être relevés; défis pourtant pour lesquels des milliers de citoyens (moi-même parmi) avaient souhaité la réussite de son coup d’Etat contre son grand frère d’arme.
- que les principales faiblesses de notre cher Burkina, sont :
- le manque d’unité nationale et de cohésion sociale: (j’estime que le Chef de l’Etat et son prédécesseur ont contribué à aggraver cet état de fait, chacun, par la restauration d’un ordre politique ancien avec des OSC qui, selon Monsieur Idrissa NOGO, sont payées pour aboyer)
- la division, la corruption et l’indiscipline dans l’armée, ainsi que le bafouement de la hiérarchie militaire : (je crois que face à plus d’une centaine d’officiers supérieurs à nos jours, aucun officier subalterne ne peut se comparer à une personnalité comme le Capitaine SANKARA qui, dans un contexte beaucoup plus différent, n’a eu en face qu’environ une dizaine d’officiers supérieurs).
Sokré la bangré !
- Après un Président du Faso civil qui n’a pas pu garantir l’intégrité du territoire national ;
- Après un officier supérieur qui s’est fait investir après son coup d’Etat pour restaurer l’intégrité du territoire, mais sans succès ;
- Avec un officier subalterne s’étant aussi fait investir après son coup d’Etat pour reconquérir le territoire national, mais qui est en train de montrer ses limites ;
- Avant qu’un sous officier ou un militaire du rang ne tente sa chance de se faire investir par le Conseil dit Constitutionnel ;
N’est-il pas temps de nous asseoir ensemble afin de trouver les voies et moyens pour sauver notre pays ?
Je suggère une fois de plus au Chef de l’Etat Ibrahim TRAORE, de convoquer un Dialogue National inclusif de vérité, pendant qu’il est encore temps, car c’est ensemble que nous vaincrons.
Ouagadougou, le 03 janvier 2023
Harouna DICKO