Alassane Conombo est un activiste burkinabè qui vit aux États-Unis depuis 2014 après l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. Depuis lors, il est critique vis à vis des pouvoirs qui se sont succédés au Burkina Faso. Pourquoi a t-il choisi d’être critique malgré les menaces sur la toile contre sa personne? Il s’explique dans les lignes qui suivent.
Propos recueillis par Jonas Sawadogo
Qui est Alassane Conombo?
Alassane Conombo est un citoyen Burkinabè qui s’est réfugié aux États-Unis après les événements des 30 et 31 Octobre 2014.
Pourquoi avez-vous choisi de vous refugier ?
Alassane Conombo : Après les événements des 30 et 31 octobre 2014 nous avons été plusieurs fois menacés par les autorités dont moi particulièrement et cela s’est poursuivi jusqu’aujourd’hui avec le pouvoir actuellement du capitaine qui a visiblement fait de moi sa cible à « neutraliser » à travers ses soutiens.
Quel commentaire vous faites de la situation sécuritaire de votre pays, le Burkina Faso ?
La situation sécuritaire est catastrophique, avec le constat sur le terrain on voit une population laissée à elle-même et dans les grandes villes on fait de la politique. Il y a des meetings chaque semaine, pourtant des villages sont déguerpis et d’autres occupés par les bandes armées.
Vous n’avez pas le sentiment que la lutte contre le terrorisme sous le pouvoir du Capitaine Ibrahim Traoré avance ?
Alassane Conombo : Se basant sur les faits, je pense que la situation s’est considérablement dégradée, ce qui me laisse dire que le pouvoir actuel travaille à protéger son fauteuil qu’à libérer le pays.
Depuis des années vous êtes l’un des critiques de la situation sécuritaire et des dirigeants de Roch Marc Christian Kaboré au Président Ibrahim Traoré en passant par Paul Henri Damiba. Pourquoi avez-vous fait ce choix de la critique ?
Mes prises de position sur la situation du pays ont commencé avec la dégradation de la situation sous le président Roch Kaboré jusqu’au capitaine Ibrahim Traoré en passant par le président Damiba. On voit des autorités qui font des coups d’états dans le but de sauver un peuple disent-ils mais après, ils manipulent la population juste dans le seul but de rester au pouvoir et ils mettent de côté la lutte pour la libération du pays.
Est-ce que vous n’êtes pas aussi pressé de voir les résultats au point où vous avez le sentiment que rien n’est fait ?
Alassane Conombo: Si on se base sur le discours qui a justifié le coup d’état on trouve que le pouvoir a échoué. Puisqu’il disait qu’il n’avait pas besoin de 3 mois pour faire mieux que son prédécesseur. Mais après 10 mois dans son interview à la télé nationale il déclare que la guerre n’avait pas commencé.
On a récemment vu des audios circulé sur la toile avec des menaces contre votre personne, est ce que cela est dû à vos prises de position ?
Effectivement les menaces de mort sont récurrentes, mais principalement celle diffusée sur les réseaux sociaux (Facebook, tiktok, WhatsApp, Tweeter, Instagram.) a un lien avec mes prises de position sur la gestion de la situation sécuritaire par le capitaine Ibrahim Traoré. Dans l’audio l’individu dit que je suis recherché au pays pour être exécuté, et que lui qui vit à New-York est à ma recherche et que toute fois s’il me retrouvait, il allait me neutraliser. J’ai pris attache avec la police de New-York où une enquête est ouverte et le dossier actuellement suit son court.
Ne craignez-vous pas pour votre sécurité et votre famille ?
Oui pour ma famille restée au pays, puisque depuis quelques temps ils subissent la pression des autorités à travers les menaces de mort, les injures, et toutes sortes de menaces verbales que font les soutiens de la transition.
Est-ce que vos critiques ne contribuent pas aussi à affaiblir les actions des forces de défense et de sécurité (FDS) et VDP sur les opérations de théâtre ?
Non, je ne pense pas que nos critiques jouent négativement un rôle au sein des FDS, puisque la plupart du temps nos sorties sont souvent coordonnées avec certaines connaissances au sein des FDS qui nous font part de leurs préoccupations réelles sur le terrain. Donc nos sorties au contraire sont bénéfiques aux FDS.
Comment les activistes peuvent contribuer à une lutte efficace contre le terrorisme ?
Je dirais que les activistes depuis le début de la crise ont toujours travaillé à ressouder les fissures causées par la guerre à travers les sensibilisations et autres. Mais avec l’arrivée de IB (le Capitaine Ibrahim Traoré) les activistes sont mal vus et font l’objet d’enlèvement, ce qui même freine actuellement les activités des activistes au Burkina et ailleurs.
Qu’est-ce que vous proposez comme solution au problème sécuritaire ?
Comme solution je pense que nos autorités doivent privilégier la réconciliation et le dialogue.