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Rentrée scolaire 2024-2025 : Casse-tête pour les parents, business pour les commerçants 

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Ce 30 septembre 2024 est le dernier jour des vacances scolaires. Dans 24 heures, c’est la rentrée des classes au Burkina pour la majorité des élèves. Cette veille de rentrée est source d’angoisses et un casse-tête pour les parents d’élèves. Trouver des fournitures scolaires, un sac, une tenue, sont des équations à résoudre. Si les parents d’élèves ont des insomnies, les commerçants, eux, se frottent les mains même si certains disent que le marché est ‘’mou’’. Constat dans la ville de Ouagadougou.

Par Issoufou Ouedraogo 

C’est bientôt la rentrée des classes au Burkina. Les préparatifs sont une période de casse-tête pour les parents d’élèves et une opportunité pour les commerçants.

Visage fermé, tête baissée sur la liste des fournitures scolaires de sa fille qui est à ses côtés, René Kaboré secoue constamment la tête, puis lâche ceci : « à elle seule, je suis déjà à 50 000 F CFA, sans la tenue et le sac pour la classe de troisième. Certains de mes enfants risquent cette année de rester à la maison».

Selon M. Kaboré, il est à sa troisième librairie mais la facture est trop salée. Il n’a pas le choix, il va devoir payer pour permettre à sa fille de poursuivre son école.

Pour Salam Sawadogo, accompagné par six enfants, cette année, il sera très difficile de satisfaire ses enfants, car certains n’auront pas tous les manuels demandés. Il va faire des choix afin de permettre à tout un chacun d’avoir le minimum. Là, peut-être, il essayera de compléter le reste au fur et à mesure de ses moyens. Et ce qu’il ne comprend pas, il y a des écoles qui indiquent carrément la librairie dans laquelle il faut acheter certains manuels. Pourtant, tout le monde n’a pas le même pouvoir financier, dit-il.

« Ma priorité première pour cette rentrée, c’est de trouver d’abord à manger pour mes enfants, car ma situation ne me permet pas de mettre tous mes enfants à l’école cette année. J’ai mes quatre enfants et ceux de mes frères qui sont venus d’une zone difficile. Ma préoccupation est donc de pouvoir assurer le repas des enfants avant de voir dans quelle mesure trouver une solution pour mettre deux ou trois à l’école », déclare Boukary Niampa.

Maxime Nikiéma, accosté à la sortie d’une librairie, estime que « les prix ne sont pas abordables comparativement à l’année passée. 2 000 F CFA pour un manuel et d’autres entre 2 500 et 3 000 FCFA, je trouve que c’est trop lorsque je regarde le nombre de livres à payer. Et sans compter les annales ».

D’autres parents d’élèves sont plutôt dans des salons de coiffure pour faire tresser leurs enfants. Installées sous un hangar ouvert au grand marché Rood Woko, Tantie Awa, a une réputation avec le modèle « Panam mooré », en langue mooré qui signifie (modèle local). Assise sur son tabouret, la natte étalée sous ses pieds, Tantie Awa fait passer tour à tour celles qui veulent se faire belles. Autour d’elle, plusieurs filles accompagnées de leurs mamans attendent leur tour.

Germaine Nabaloum, venue avec sa fille, affirme que « la coiffure de sa fille coûte 1 500 F CFA et elle pourra garder cette coiffure pendant un à deux mois. Selon elle, à l’école, on ne cherche pas à faire de la mode. Elle doit surtout être efficace dans le travail pour décrocher son Brevet d’études du premier cycle (BEPC) cette année. »

Un marché ‘’mou’’ chez les commerçants 

La rentrée scolaire est aussi une période pour les commerçants de faire de bonnes affaires. Elle permet aux vendeurs de fournitures scolaires, aux vendeurs ambulants de sacs et autres, d’accroitre leurs revenus. Même si certains vendeurs crient déjà, lors de notre passage, que le marché est ‘’mou’’ comparativement à l’année dernière.

Parmi eux, il y a Sosthène Pouya, vendeur de sacs d’écolier, installé à côté du grand marché Rood Woko. « Je vends des sacs dont les prix sont de 7 000, 12 000, 15 000 et de 19 000 F CFA. Actuellement, c’est difficile pour moi. Je n’arrive pas à vendre comme l’année passée. Et c’est peut-être dû à la situation du pays », explique-t-il.

Selon Sosthène Pouya, l’année dernière, il pouvait vendre par jour 60 000 à 80 000 F CFA. Mais cette année, il peine à avoir 50 000 F CFA par jour. Pour preuve, il nous indique le parking qui est vide à 11h. L’année passée, à cette heure, il était difficile d’avoir accès au parking à cause de l’affluence.

Un échantillon des sacs de Sosthène Pouya
Un échantillon des sacs de Sosthène Pouya

Certains parents, qui trouvent les prix de Sosthène Pouya très chers, préfèrent faire un tour au niveau des hangars où on vend les sacs de seconde main c’est-à-dire la friperie. C’est le cas de Alimata Yaméogo venue chez le vendeur Sidiki Tapsoba. Mme Yaméogo pense pouvoir avoir un sac suivant sa bourse pour son enfant qui doit faire la classe de CM2. Elle trouve aussi que « les sacs de Sidiki sont aussi solides comme des sacs neufs». «L’essentiel, c’est de lui permettre d’avoir un sac pour mettre ses cahiers », dit-elle.

Pour le commerçant Sidiki Pouya, les affaires ne vont pas bien comme il le souhaite, car les clients se plaignent de la cherté de la vie. «La plupart de mes clients sont des femmes qui se débrouillent pour trouver de quoi donner à leurs enfants. Elles disent que leurs maris ne donnent rien pour les fournitures et au regard de la situation du pays, c’est vraiment difficile pour tout le monde. Les sacs sont vendus entre 500 et 5 000 F CFA », déclare-t-il.

Autre lieu, même constat. Selon le commerçant de fournitures scolaires Salam Nikiéma, les affaires ne marchent pas trop fort comme par le passé. « Cette année, le marché n’est pas florissant. Cela est dû à la situation du pays. Certains parents, face aux difficultés, ne se précipitent pas pour acheter les fournitures », explique-t-il.

Salam Nikièma vend le cahier de 100 pages à 250 F CFA et les livres de lecture du primaire à 2 000 FCFA l’unité. Le paquet de cahiers de 200 pages petit format est vendu à 1 250 F CFA.

L’appel des parents d’élèves à l’Etat burkinabè  

Pourtant, le gouvernement, à travers la Brigade mobile de contrôle économique et de la répression des fraudes (BMCRF), effectue des contrôles inopinés des prix à l’orée de la rentrée scolaire pour s’assurer du respect de la réglementation sur le prix et la qualité des articles.

En dehors de quelques anomalies constatées, la BMCRF note globalement un respect des prix affichés dans la majorité des librairies visitées. Le coordonnateur général de cette Brigade, Bernard Belemyegré, lors d’une des sorties, a exhorté les commerçants à respecter les marges de prix fixées par la règlementation.

La BMCRF dans une librairie à Ouagadougou pour contrôler les prix
La BMCRF dans une librairie à Ouagadougou pour contrôler les prix

Les parents d’élèves estiment que des efforts sont faits par le gouvernement mais la réalité est tout autre sur le terrain. Ils invitent l’Etat à encore redoubler d’efforts pour alléger un tant soit peu leur fardeau.

www.libreinfo.net 

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