A l’initiative de plusieurs organisations de la société civile (OSC), le Pr Mahamadé Savadogo, enseignant-chercheur et M. André Tioro, président du Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) section Houet, ont co-animé un panel le samedi 12 novembre 2022 sur la situation nationale et ses enjeux. Selon les panélistes, malgré l’exacerbation de la violence liée au terrorisme, le pays regorge toujours d’un potentiel de résistance non exploité.
Par Daouda Kiekieta
Face à l’ exacerbation de la crise sécuritaire liée au terrorisme, avec ses corollaires de fermeture massive des établissements scolaires et des milliers de personnes déplacées internes, des organisations syndicales et de la société civile veulent apporter leur touche pour une sortie de crise.
Elles ont organisé un panel ce 12 novembre sur le thème: « La situation nationale et ses enjeux : quelle alternative ? ».
Selon les panélistes du jour, la situation nationale est « catastrophique ».
Pour le Pr Mahamadé Savadogo, enseignant-chercheur à l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou, en plus du recrutement massif des VDP pour combattre le terrorisme, il est nécessaire de puiser également les forces de résistance au niveau de la base pour venir à bout de l’insécurité.
Et pour s’en convaincre, il prend l’exemple sur l’insurrection populaire d’octobre 2014 où des populations, sans distinction éthnique ou religieuse, se sont dressées contre le régime Compaoré.
Mais, « le deuxième coup d’État a annoncé un vaste recrutement aussi bien des militaires que des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Il s’agit d’un recrutement de combattants et non d’une stratégie d’organisation d’une résistance de la population à la base », déplore le Pr Savadogo.
Estimant que les nouvelles autorités n’ont pas apporté un changement profond, le philosophe croit qu’on peut toujours compter sur la résistance « des partisans du véritable changement ».
Pour ce faire, quand on parle d’alternative ou un véritable changement, dit le Pr Savadogo, « il faut se donner la peine de considérer toutes les forces qui animent la vie publique dans ce pays et qui cherchent à amener une transformation de la situation ».
L’impérialisme français pointé du doigt dans la crise sécuritaire
De son côté, M. André Tioro, l’un des panélistes et président du Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) section Houet, a estimé que la situation actuelle est la conséquence de l’impérialisme principalement français.
Pour sortir du terrorisme, M. Tioro soutient que le Burkina Faso a une histoire de résistance très riche qui peut inspirer les populations d’aujourd’hui. « On s’en sortira en interrogeant notre histoire », dit-il, poursuivant qu’il « faut aller puiser cette résistance que nos ancêtres ont développé contre le colonisateur à l’époque ».
Ce panel a été organisé par plusieurs organisations syndicales et de la société civile, notamment, le MBDHP, la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B), le Balai Citoyen, le Manifeste des intellectuels pour la liberté, l’Association des journalistes du Burkina ( AJB), etc.