Entre abstinence et privations, les populations de Tougan, dans la province du Sourou observent depuis, le 11 mars 2024, le jeûne musulman, l’un des cinq piliers de l’islam. Cette période de pénitence est particulièrement difficile pour les déplacés internes rencontrés, le dimanche 24 mars 2024, dans un foyer au secteur 7 de la ville. Elle racontent au micro de libreinfo.net
Brice Alex, Correspondant dans le Sourou
Il est 18 heures 25 minutes. C’est l’heure de la rupture du jeûne. Sur un site de déplacés internes situé au secteur 7 de Tougan, jeunes, hommes et femmes sont assis autour des plats modestes. L’ambiance est morose et les difficultés sont perceptibles.
Et M Y originaire de Dounkou n’hésite pas à raconter le calvaire qu’il vit en cette période du jeûne. «Le jeûne a commencé. Mais à cause de la situation, nous souffrons et souvent nous n’arrivons pas à avoir de quoi rompre le jeûne».
Selon lui, : «J’ai acheté deux bols de mil pour en faire de la farine. J’en ai fait un mélange avec de l’eau pour boire ». Ce qui, du reste, est insuffisant, dit-il.
Ceci l’amène à se plaindre de l’attitude des autorités qui ne leur sont pas venues en aide. «Depuis le début du carême, nous n’avons rien reçu des autorités ou des associations. »
Et comme alternative, dit-il : « les enfants vont chercher du bois aux alentours de la ville avec tous les risques. C’est ce qu’on vend pour acheter de quoi préparer pour la famille ».
Originaire de Diouroum, cette mère de famille, K. Z. évoque les difficultés de plusieurs ordres pendant ce mois du Ramadan et bien avant : « Nous sommes toujours confrontés à des difficultés de logement, d’alimentation et d’eau. Mais le manque de vivres est notre plus gros soucis. On a vraiment besoin de soutien des autorités ».
A côté d’elle, D. K.déplacée originaire de Loroni déclare que sur le site chacun se débrouille : « Nous mangeons le peu de nourriture dont nous disposons le matin pour jeûner. Nous n’avons pas assez de moyens et le soir nous faisons du Zoom-koom pour la rupture. Il n’y a pas de mil. Il faut chaque fois en acheter. Pourtant, nous n’avons plus d’argent et tout est cher ».
De son côté, A. Y. père de famille, éprouve des difficultés pour préparer le jeûne. Ce qui fait qu’il remplit difficilement cette obligation : « Franchement on se débrouille ici pour pouvoir jeûner. Nous sommes vraiment en manque de nourriture. Nous sommes très nombreux dans la famille et la nourriture ne suffit pas. »
Il fait comprendre qu’il « faut avoir à manger avant de jeûner. Donc il y a des jours où il n’ y a rien. Donc, c’est difficile de jeûner ».
Les prières et invocations de la communauté musulmane dans cette partie du Burkina en ce mois de Ramadan sont surtout orientées vers le retour de la paix et de la quiétude.
![](https://libreinfo.net/wp-content/uploads/2024/07/samao-g-111.gif)