Des coups de feu ont été entendus dans la ville de Ouagadougou, le vendredi 30 septembre 2022. Au grand marché, si certains commerçants sont restés terrés chez eux, d’autres sont sortis comme d’habitude pour travailler.
Par Rama Diallo
La situation est très tendue dans la capitale burkinabè, Ouagadougou. Au grand marché de la ville, les rues sont désertes. Les gens sont en groupuscule. Certains sont assis et d’autres arrêtés. Les magasins sont tous fermés.
Les différentes portes d’entrée du marché sont fermées et la porte principale est gardée par la police municipale. Ces derniers sont sur place, ils veillent à ce que personne n’entre dans le marché.
Aux alentours du marché, de rares vendeurs ambulants présentent leur produit aux quelques passants.

Assis dans l’un des parkings de Rood woko, Amado Sedogo discute avec ses amis commerçants de la situation du pays. Le commerçant craint que la situation ne dégénère entre les militaires. « Tout le monde sait que nos soldats sont divisés. J’ai peur qu’ils s’attaquent entre eux. Espérons que d’ici-là nous aurons des informations claires sinon actuellement je ne suis pas tranquille», a laissé entendre monsieur Sedogo.
Il savait qu’il y a eu des coups de feu très tôt le matin mais, il s’est dit que ce n’était pas quelque chose de grave et que le marché n’allait pas être fermé.

Le commerçant a fait savoir que le marché était ouvert ce matin mais ils ont été sommés de fermer les magasins autour de 9h.
« Je ne sais pas s’il y a coup d’Etat ou pas. Il faut que les militaires sachent que nous voulons quelqu’un qui va travailler pour le peuple et non pour ses propres intérêts et les intérêts de nos ennemis. Pour le bonheur du peuple, nous sommes prêts à tout, il faut que la personne qui va diriger le pays le sache», prévient le commerçant.
Contrairement à Amado Sedogo, Asseta Soré, restauratrice, n’était pas au courant de la situation. C’est arrivé au marché qu’elle a été informée.
Malheureusement pour elle, sa nourriture était déjà prête. Aux environs de 11h, lorsque le marché se vidait, la restauratrice a décidé de rentrer chez elle avec le reste de la nourriture.
« Mon riz reste beaucoup, je suis obligée d’arrêter de vendre parce qu’il n’y a presque personne. C’est une perte pour moi», a indiqué la jeune dame.

Prise de peur, madame Soré avait du mal à s’exprimer parce que pendant qu’elle répondait aux questions, des jeunes ont laissé entendre que des militaires arrivaient vers la maison du peuple.
C’était la débandade, les gens couraient dans tous les sens. Vendeur ambulant de chaussures, Arouna Nikiéma dit qu’il a appris qu’il y a un coup d’Etat. Cependant, au regard de sa situation financière, s’il ne prend pas le risque de sortir pour vendre, sa famille risque de rester dans la faim.
« Je vis au jour le jour parce mon commerce ne me permet pas d’avoir assez d’argent. Et dans ce marché, beaucoup vivent comme moi. Si la situation reste comme telle pendant trois jours, je sais que beaucoup seront obligés d’aller voler pour se nourrir et nourrir leurs familles», explique le vendeur de chaussures.
Il invite les autorités militaires à trouver un consensus pour que la population puisse vaquer à ses occupations.