Le Burkina Faso est l’un des rares pays de la sous région à avoir peu de généraux dans les rangs de son armée. Une situation qu’on arrive pas expliquer toujours. Est ce les conditions d’accession qui sont très rigoureuses? Absence de besoin? ou un simple choix de ne pas nommer des généraux?.
Par La Rédaction
Des dizaines de Colonel-major vous en trouverez au Burkina Faso mais des généraux, ça ne court pas les rues. Le grade de Colonel major semble être «le plafond de verre» pour emprunter cette expression. C’est la limite normale de votre progression dans l’armée burkinabè, difficile d’accéder au grade de général au point où certains officiers supérieurs qualifient ce grade de colonel major de «mur de lamentation». De Colonel major à général, cela relève parfois d’un parcours de combattants. A tort ou à raison, la montée au grade de général a été longtemps considérée comme une récompense « politique ».
Le chef d’Etat major général des armées (CEMGA) actuel est un Colonel major, David Kabré. Même s’il y’a l’espoir, au vu de ses fonctions d’être élevé au rang de général, il faut reconnaitre qu’il garde toujours son grade de Colonel major depuis sa nomination.
Depuis la dernière décennie, de Blaise Compaoré à Roch Kaboré, présidents du Faso, chefs suprêmes des armées, pour être nommé général, la plupart sont d’abord nommés chef d’Etat major général des armées, sauf quelques uns.
Un général coûte cher au Trésor public, c’est une évidence. Cependant, il faut encore faire des efforts pour suivre la marche du monde.
Le 25 avril dernier le chef d’Etat Major Général des Armées du Burkina Faso, le colonel major David Kabré accueillait «son homologue» du Niger, le général de division Salifo Mody au Burkina et précisément au 11e régiment d’infanterie commando (11e RIC) basé à Dori dans la région du Sahel.
C’est une visite qui entrait dans le cadre de l’évaluation de l’Opération Taanli3. Mais visiblement, l’on était pas fier de voir notre chef d’Etat major général des armées (CEMGA) dans un grade de Colonel major devant son homologue Général de division. La fonction prime sur le grade oui! Mais c’est loin d’être une fierté.
On se pose la question de savoir comment un chef d’Etat major général des Armées avec un titre de Colonel major se sentirait en face de «son homologue» Général de division? Une question qui peut ne pas avoir de sens mais qui reste tout de même importante.
Le Burkina Faso est l’un des rares pays de la sous région avec un CEMGA qui n’est pas au grade de général. Certes, il y a eu des CEMGA par le passé non généraux mais nous disons qu’il faut suivre la marche du monde.
En 2015 avec le pouvoir de Transition, des reformes dans l’armée tenant compte de la progression des grades avaient été controversées. D’aucuns ont vu un malin plaisir de l’ancien premier ministre Yacouba Isaac Zida de se tailler un grade de général.
Le problème s’est posé depuis longtemps dans l’armée au Burkina. Au plan international « des officiers supérieurs rencontrent régulièrement des difficultés lors des rencontres internationales pour des problèmes de grades. Ils faut souvent négocier pour qu’ils puissent participer à certaines rencontres sous régionales parce qu’ils n’ont pas le grade de ceux qui sont autour de la table de discussion», expliquent des sources militaires et diplomatiques.
Quelle fierté peut-on avoir dans une telle rencontre où vous n’avez pas voix au chapitre? Puisque vous n’êtes pas « digne» d’être sur la même table avec les représentants des autres pays.
Le contexte actuel d’insécurité doit être une occasion pour les officiers supérieurs de s’illustrer davantage sur le théâtre national. Et pourquoi ne pas élever les plus combattants au rang de général s’il le faut.
Il faut travailler à «construire» des généraux sur la base des hauts faits de guerre et non continuer à nommer par opportunisme. C’est même une fierté pour les jeunes soldats de s’identifier aux généraux. C’est un secret de polichinelle, notre armée manque de repère à ce jour.
La situation actuelle appelle les autorités à profiter «construire» des généraux qui porteront avec fierté leurs tenues. Sur la scène internationale on gagnerait également des officiers supérieurs sans complexes qui défendront le Burkina Faso. Faisons la promotion de nos hommes comme certains pays savent très bien le faire rien que pour la représentation et la diplomatie.
Il est temps de quitter notre bulle de fausse modestie qui ne fait que écorcher l’image du Burkina Faso.