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Burkina – Ghana : Comme au temps de Sankara et de Rawlings !

Le président du Ghana, John Dramani Mahama reçoit en audience le Capitaine Ibrahim Traoré

Le Président du Faso, chef de l’Etat, le Capitaine Ibrahim Traoré, a participé, le 7 janvier 2025 à Accra, à l’investiture du nouveau président ghanéen, John Dramani Mahama. En dehors des personnes qui sont dans les secrets de la République, beaucoup n’étaient pas au courant du déplacement du chef de l’Etat jusqu’à la publication, la veille, du communiqué de presse de la Présidence du Faso y relatif. En fin de compte, Accra vaut bien un détour qui va au-delà de la prestation de serment du nouvel ancien chef de l’Etat ghanéen. La liesse populaire, l’enthousiasme au sommet de l’Etat ghanéen, rappellent les relations entre les deux pays sous les regrettés présidents Thomas Sankara et John Jerry Rawlings.

Par Gérard Guelbeogo

Sauf erreur ou omission de notre part, le dernier déplacement du Président du Faso, chef de l’Etat, le Capitaine Ibrahim Traoré, en dehors du Burkina remonte en juillet 2024, date à laquelle il s’est rendu à Niamey au Niger pour le premier Sommet des chefs d’Etat de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Pourtant, ce ne sont pas les occasions de voyager qui ont manqué avant ou après cette date. Nous avons, par exemple, en mémoire les investitures des chefs d’Eta du Sénégal ou de l’Iran. Mais IB, comme on l’appelle affectueusement, ne s’est pas rendu à ces événements, préférant se faire représenter par des ministres ou par le président de l’Assemblée législative de Transition (ALT). Donc, pour l’investiture de John Dramani Mahama, on n’aurait pas été surpris s’il ne s’y rendait pas en personne. On pensait même qu’il s’était fait représenter une fois de plus quand on a vu le ministre burkinabè en charge des Affaires étrangères, Jean-Marie Karamoko Traoré, à Accra où il a assisté, le 6 janvier, à la cérémonie de montée des couleurs à l’ambassade du Burkina au Ghana.

Mais, à la surprise générale, le chef de l’Etat a décidé de prendre part à la cérémonie aux côtés de bon nombre de ses pairs. On se disait même que l’Alliance des Etats du Sahel (AES) allait être fortement et hautement représentée à Accra à travers les chefs d’Etat des trois pays membres vu que les deux autres aussi ont été invités (un émissaire ghanéen était à Bamako à cette fin). Mais à l’arrivée, le président malien n’y a pas été aperçu et son homologue nigérien s’est fait représenter par son Premier ministre Ali Lamine Zeine. N’empêche, IB y était sans doute au nom de Assimi Goïta, président en exercice du Collège des chefs d’Etat de la Confédération AES.

Cette visite marque le début d’une nouvelle ère dans les relations entre le Burkina et le Ghana. On peut l’affirmer sans risque de se tromper au regard des tensions qui ont caractérisé lesdites relations sous le président sortant, Nana Akufo-Addo. On se rappelle des déclarations de ce dernier, en août 2024, sur la présence du Groupe paramilitaire russe Wagner au Burkina et qui avait valu le rappel de l’ambassadeur du Burkina de l’époque à Accra, le Général Pingrenooma Zagré, pour consultation ainsi qu’une note verbale de protestation contre le représentant du Ghana à Ouagadougou. Le président Akufo-Addo a dépêché une délégation au Burkina pour calmer la situation avant de se déplacer en personne au pays des Hommes intègres. John Dramani Mahama, opposant à l’époque, avait condamné les propos de celui qu’il a remplacé aujourd’hui. On peut donc dire qu’il récolte les dividendes de sa prise de position en se présentant comme le défenseur du pouvoir militaire burkinabè. Le Ghana ne se plaindrait pas si le Burkina se détourne de la Côte d’Ivoire pour traiter avec lui. Certes, il est un pays anglophone mais il abrite aussi, comme la Côte d’Ivoire, une forte diaspora burkinabè estimée à 3 millions de Burkinabè, selon les chiffres officiels. La nouvelle rappelle donne rappelle celle des bonnes relations entre les deux pays sous l’ère des présidents Thomas Sankara et John Jerry Rawlings. C’était l’époque du « Ghana-Burkina, same people, same fight » (Ghana-Burkina, même peuple, même combat).

Par pur pragmatisme, le Ghana va au-delà des clivages CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) – AES et traite d’égal à égal avec des Etats mis au banc de la sous-région pour leur retrait de l’organisation communautaire en protestation contre le manque de soutien franc dans la lutte contre le terrorisme. Cette posture s’observe aussi avec un pays comme la Guinée, membre de la CEDEAO bien que suspendu jusque-là, mais qui n’a pas rejoint l’AES. Le business se joue des frontières, des clivages, des différends entre Etats.

Toutefois, il y a le terrorisme qui risque d’entraver les échanges commerciaux entre les deux voisins. Certes, le Ghana est pour le moment épargné ou, à tout le moins, n’est pas impacté comme le Burkina. Mais il a intérêt à soutenir le Burkina (et les autres pays touchés) pour éviter une éventuelle métastase de la situation. Déjà, des pays côtiers comme le Togo et le Bénin enregistrent de temps à autres des attaques terroristes meurtrières sur leur sol. Nul n’est à l’abri des méfaits de ces hors-la-loi et le salut des uns et des autres se trouvent dans la mutualisation des renseignements, des forces pour les mettre hors d’état de nuire. On peut l’espérer avec les gages donnés par le nouveau président ghanéen après l’audience accordée à son « jeune frère » burkinabè par John Dramani Mahama.

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