La question de l’application de l’impôt unique sur les traitements et salaires (IUTS) continue d’alimenter les débats. Ce sont le ministre de l’éducation nationale, Stanislas Ouaro et l’opposant politique Ablassé Ouédraogo de « Le Faso autrement » qui ont donné de la voix. Si pour le premier, la suppression de cet impôt causerait un assèchement à l’Etat, l’opposant lui, crie à l’entêtement du gouvernement qui serait sur une voie sans issue.
Par Siébou Kansié
L’IUTS, est le troisième plus important impôt après la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et les impôts sur les bénéfices. Il a atteint en 2018, un montant de 101 milliards 272 millions 845 mille 885 FCFA, écrivait notre confrère « L’Économiste du Faso » dans un article du 17 juin 2019.
Contrairement aux syndicats qui dénoncent et réclament la suppression de l’IUTS sur l’ensemble des travailleurs du public et du privé, le gouvernement à travers le ministre Ouaro de l’éducation estime que l’extension de l’IUTS n’est liée à aucune volonté du gouvernement de faire mal aux travailleurs.
Ablassé Ouédraogo commentant moins « la justice fiscale » évoquée comme l’une des raisons pour appliquer l’IUTS au niveau des travailleurs du public, voit plutôt l’inopportunité dans l’application de cette mesure.
« Cette décision du gouvernement relative à l’extension de l’IUTS, est certainement inopportune et l’entêtement à poursuivre dans cette voie visiblement sans une issue heureuse, pourrait conduire inexorablement le Burkina Faso dans une situation sociale dont les conséquences seront indubitablement fâcheuses et déplorables pour tous », a-t-il écrit dans une déclaration datant du 1er mars 2020.
Et pour cause, Ablassé Ouédraogo, pense que «la situation de crise multidimensionnelle jamais égalée » et « l’insupportable et intenable pauvreté économique » que traverse les populations burkinabè ne sont pas propices à l’application d’une telle mesure.
Du côté du gouvernement, le creux financier qu’entraînerait l’annulation de la décision est évoqué. En effet, la renonciation à l’implication de cet impôt peut engendrer de lourdes pertes à l’Etat : 101 milliards de FCFA de prélèvement. Toute chose qui mettrait l’Etat dans une situation d’assèchement avec toutes les conséquences que cela peut induire pour le Burkina Faso, pouvait-on lire le ministre Ouaro sur lefaso.net.
Dans tous les cas, les structures syndicales ont déjà annoncé une batterie d’actions pour faire pression sur le gouvernement. Dans les régions de l’Est et du centre nord, les sections syndicales ont déjà entamé des manifestations depuis le 2 mars en attendant la marche meeting du 7 et la grève générale du 16 au 20 mars 2020, pour exiger la suppression de l’IUTS sur les primes et indemnités pour l’ensemble des travailleurs.
Le gouvernement qui se dit déjà ouvert au dialogue déclenchera cette machine de résolution des problèmes sociaux à l’amiable avant que la situation ne soit intenable ? Ou s’est-il préparé à faire passer cette mesure quel que soit le prix à payer ? On le saura peut-être le 7 mars ou dans la période de la grève générale.
