La faîtière des associations culturelles peules du Burkina Faso Tabital Pulaaku (TPB) a dénoncé, ce 6 janvier 2022, dans une déclaration, des « assassinats ciblés massifs » dans le pays. Elle en veut pour preuve le drame survenu à Nouna dans la province de la Kossi, région de la Boucle du Mouhoun, dans la nuit du 30 au 31 décembre 2022. Un drame qui s’est soldé par la mort de 28 civils selon les autorités.
Par Nicolas Bazié
« Ces populations civiles, victimes d’amalgames et de délit de faciès, ont été passées par les armes sans autre forme de procès par leurs bourreaux » déclare la faîtière des associations culturelles peules du Burkina Faso Tabital Pulaaku (TPB) qui parle d’«assassinats ciblés massifs ».
Dans la nuit du 30 au 31 décembre 2022, 28 civils ont été assassinés dans les secteurs 4 et 6 de la ville de Nouna, selon le gouvernement.
C’est un mode opératoire qui selon la faitière des associations peules « ressemble étrangement à celui de Yirgou il y a de cela quatre (04) ans. » Ce qui est difficile à accepter, affirme Tabital Pulaaku c’est que cette pratique est « devenue courante depuis un certain temps sous un silence incompréhensible des autorités coutumières, religieuses, locales et nationales ».
Au regard de la dégradation de la situation sécuritaire « après ces tueries massives, on aurait pensé que Yirgou et plus tard Banh, Kaïn-Ouro, Arbinda, Tanwalbougou… serviraient de leçon sur le caractère contre-productif d’une telle stratégie. Mais hélas, mille fois hélas ! On continue de surfer sur le nombre de mort laissés sur le carreau et non sur le nombre de km² ou de villages récupérés » peut-on lire dans une déclaration signée de Sekou Ba, président de Tabital Pulaaku.
La faitière dit condamner « sans réserve le terrorisme sous toutes ses formes qui ne cesse d’endeuiller de manière indiscriminée nos populations des villes et des campagnes ».
Elle interpelle également les autorités burkinabè sur leur obligation d’assurer la sécurité de tous les citoyens sans discriminations notamment basées sur l’origine ethnique ou l’appartenance à une confession religieuse.
Tabital Pulaaku Burkina « suivra particulièrement l’évolution de ce dossier car de sa gestion diligente et idoine dépendra l’apaisement et le recollement du tissu social » conclut le président Sekou Ba.
Le Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MDHP) précisait dans une note, que les victimes étaient accusées de collaborer avec les terroristes.
« Les premiers éléments recueillis suite aux tueries de Nouna indiquent que les suppliciés ont été froidement abattus chez eux parce que soupçonnés, sans éléments de preuve tangibles, d’être de mèche avec des groupes armés terroristes » informait le MBDHP.
Dans un communiqué daté du 2 janvier 2023, le gouvernement avait indiqué qu’une enquête a été « immédiatement ouverte par les services judiciaires compétentes pour élucider les circonstances du drame et situer toutes les responsabilités ».
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