Dans son adresse à la Nation à l’occasion du nouvel an, le 31 décembre 2023, le chef de l’État burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré a, entre autres, évoqué la question de la corruption qui gangrène le Burkina Faso. Il promet de lutter contre en 2024.
Par Nicolas Bazié
«Le phénomène a perduré au cours de l’année 2023», note le chef de l’État burkinabè, comme pour dire qu’il faudra maintenant lutter contre.
Le capitaine Ibrahim Traoré assure vouloir se pencher sur la question. « Pour 2024, nous comptons lancer la machine de la lutte contre la corruption», fait-il savoir.
Le président de la Transition invite les institutions de lutte contre ce fléau à s’activer à cet effet. « C’est le lieu pour moi d’inviter toutes ces institutions et structures qui œuvrent dans la lutte contre la corruption à redoubler d’efforts pour que nous puissions bannir ce phénomène de notre société», indique le capitaine Traoré.
La lutte contre la corruption doit se mener partout, voire dans les structures publiques. Le ministre de l’Économie, Dr Aboubakar Nacanabo, avait évoqué l’existence de mécanismes de prévention et de répression du fléau. C’était lors du lancement, en novembre 2023, de la 4è édition de la campagne de sensibilisation sur la corruption.
Il a fait comprendre que l’ambition en matière de lutte contre la corruption « est de créer une synergie d’actions entre les Comités Anti-Corruption et la population, afin de promouvoir la culture du refus de la corruption, encourager et faciliter la dénonciation des cas où des faits de corruption et infractions assimilées ».
Dès sa prise de pouvoir, le 30 septembre 2022, le capitaine Traoré a promis de s’attaquer à la corruption, surtout que, disait-il en décembre 2022, l’Etat a besoin urgemment de 106 milliards de FCFA pour prendre en charge et équiper 50 000 Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
En 2021, le Burkina Faso a été classé 78e mondial dans l’indice de corruption de Transparency International. Dans l’espace CEDEAO, il a occupé la 4e place. La corruption a poussé des racines. La fraude est l’une d’entre elles.
Et pour gagner la lutte contre le terrorisme, le plus jeune président au monde, c’est-à-dire, le capitaine Ibrahim Traoré devrait commencer par couper toutes les tentacules de cette pieuvre. Cela va sans doute contribuer assécher les sources de financement du terrorisme, une vermine qui ronge le pays depuis 9 ans maintenant.
L’expert en sécurité Mahamadou Savadogo avait tiré la sonnette d’alarme sur ces sources de financement, le 27 août 2022, lors d’un panel sur l’autonomie stratégique dans un contexte géopolitique en pleine mutation.
Ce jour là, M. Savadogo a déclaré que « depuis que les groupes armés (terroristes, ndlr) ont pris le contrôle des mines d’or (artisanales, ndlr) de la région de l’Est, ils ont créé des couloirs, des conforts qui leur permettent de fluidifier leur économie grise et qui part depuis la région du Sahel jusqu’à la région de l’Est. (…) Ils extraient l’or et le revendent facilement à des commerçants burkinabè et Togolais qui, eux aussi, le payent à bon prix.»
Dr Arouna Louré, ancien membre de l’Assemblée législative de Transition sous le Lieutenant-colonel Paul Henri Damiba garde espoir, qu’au regard de ce que « nous vivons aujourd’hui, il est possible de lutter efficacement contre la corruption. Certes, elle ne disparaîtra pas du jour au lendemain, mais nous pouvons atténuer énormément sa présence ».