Le procès du détournement de plus de 3 milliards de FCFA au ministère en charge de l’Action humanitaire est entré dans le vif du sujet ce 9 décembre 2024. Depuis le matin, le principal prévenu, Amidou Tiegnan, est en train de s’expliquer à la barre du Tribunal de grande instance (TGI) Ouaga I. Il lui est reproché, ainsi qu’à trois autres prévenus, des faits de détournement de deniers publics, d’enrichissement illicite, de faux en écriture publique, d’usage de faux en écriture publique, etc.
Par Gérard Guelbeogo
A l’audience du 3 décembre dernier, le procès avait été renvoyé ce 9 décembre pour permettre au principal prévenu, Amidou Tiegnan, de se trouver d’autres avocats après que ceux qui le défendaient aient quitté le dossier. Mais ces derniers sont revenus à ses côtés pour le défendre à nouveau.
Avant les débats, le conseil (avocats) a évoqué la nullité de la procédure pour défaut de bases légales. « Vous entendez juger M. Tiegnan sur la base d’une disjonction de poursuite. Cette procédure manque de base légale. On ne peut pas juger un prévenu sur la base d’une disjonction de poursuite. Ce ne sont pas les bases de notre Code pénal », a fait savoir Me Geneviève Ouédraogo.
Mais pour le parquet, le conseil de Amidou Tiegnan est dans une logique de dilatoire. «C’est le stress de l’attente de son jugement qui l’amène à vouloir repousser la date des débats au fond», a déclaré le parquet qui a demandé de rejeter l’exception comme étant mal fondée.
Après avoir écouté les parties, le président du Tribunal a décidé de joindre l’exception de nullité au fond.
A la suite du conseil de AmidouTiegnan, c’est celui de la prévenue Petroné Tarpaga de soulever une exception de prescription sur deux chèques reprochés à sa cliente. Des chèques qui datent de 2018 et de 2021. «La prescription est acquise à partir de 3 ans. De 2018 à octobre 2024 et d’octobre 2021 à novembre 2024, nous sommes au-delà de la prescription», a indiqué Me Adama Kondombo.
Pour le parquet, il n’y a pas de prescription dans le dossier car les chèques datent de 2022 et non de 2018 et de 2021. Le Tribunal a joint aussi cette exception au fond.
Après ces préalables, les débats ont été ouverts. Interrogé sur les faits, le prévenu Tiegnan a déclaré d’emblée que « nous ne sommes que des agents exécutants et nous exécutons des ordres venant de nos supérieurs hiérarchiques ». Avant d’ajouter qu’« en ce qui concerne le faux, je n’ai jamais imité de faux de mon propre gré. Nous avons des commanditaires : Yé Camille, directeur de la gestion des finances, et Gnoumou Amidou, chef de service de la commande publique ». A noter que c’est le directeur de la gestion des finances, Camille Yé, qui a dénoncé les pratiques qui avaient cours et qui sont à l’origine du procès en cours.
Depuis le matin, il est en train de répondre aux questions du tribunal, du parquet ou encore de l’Agence judiciaire de l’Etat (À JE) dans ce procès retransmis en direct à la télévision et à la radio nationales. En réponse à une question, Amidou Tiegnan a dit estimer sa part de détournement dans cette affaire à 900 millions FCFA entre 2023 et 2024.