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Burkina/Procès de terroristes : «Je vole uniquement des chèvres » (un prévenu)

Burkina procès terroriste

D.M.H et A.Y sont deux cultivateurs et bergers. Ils ont comparu le 28 août 2024 devant le Pôle judiciaire spécialisé dans la répression des actes de terrorisme pour des faits d’association de malfaiteurs terroristes et de financement du terrorisme. Libreinfo.net a assisté à leur procès qui a débouché sur leur relaxe au bénéfice du doute.

Par Nicolas Bazié

Tout a commencé le 20 mai 2021. À l’époque, les Forces de défense et de sécurité (FDS) ont interpellé 8 personnes formant un groupe dirigé par D.M.H et qui s’adonnait au vol de bétail en lien avec une entreprise terroriste. Les 6 autres interpellés ont été relâchés plus tard pour charges insuffisantes. D.M.H et A.Y, par contre, ont été déférés.

Fichiers à caractère terroriste…

Des enquêtes, il ressort que la sœur de M.D.H est mariée à un combattant terroriste, que son frère était mécanicien pour le compte des terroristes. Il ressort aussi qu’il vendait du bétail aux groupes armés terroristes, que des combattants terroristes passaient souvent chez lui.

En plus, dans son téléphone, les enquêteurs ont trouvé des vidéos d’attaques terroristes. À la barre, le prévenu plaide non coupable, rejetant les faits à lui reprochés et donne sa version des faits.

Il dit être allé au marché de Gorom-Gorom où il a profité donner son engin à réparer avant de faire quelques achats. Ensuite, il se rend chez son cousin, toujours à Gorom-Gorom. C’est une fois sur place qu’il sera arrêté par les FDS.

Même s’il déclare ne jamais faire partie d’un groupe terroriste, le prévenu reconnaît avoir déjà vu des terroristes. « Je les ai vus une fois. Ils sont venus chez nous à la maison pour prélever la zakat (impôt en islam). Dans mon téléphone, il y avait effectivement des photos de terroristes et de gens qui s’amusaient. Je suis allé chez A.D, j’ai pris son téléphone et je me suis envoyé les images. Je reconnais maintenant que c’était une erreur de ma part. Je ne savais pas que c’était interdit. »

Pour le juge, il ressort des éléments du dossier que A.D est un terroriste.

« Ça, je ne le savais pas», a réagi le prévenu. Le juge poursuit : «Mais, il ressort aussi des témoignages que vous présentiez ces images aux gens et vous leur disiez que vous connaissez ces personnes». M.D.H répond : « Non, ce n’est pas vrai….»

Un récidiviste notoire….

La prison, A.Y la connaît bien. Il avait été enfermé à 12 mois de prison ferme pour vol de chèvres. Dans ce dossier, il est aussi poursuivi au même titre que M.D.H.

Un jour, alors qu’il venait de vendre une chèvre au marché de Gorom-Gorom, A.Y décide d’aller chez son cousin où il a l’habitude de prendre du thé chaque jour de marché. Les FDS font une descente à cet endroit et l’emmènent avec elles.

Dans son dossier, également, on relève que des combattants terroristes passaient chez lui notamment, qu’il passait beaucoup de temps dans la brousse. Il est ressorti aussi que les terroristes lui ont donné une motocyclette, qu’il faisait partie de ceux qui prélevaient la zakat au profit des terroristes.

Son niveau de vol est tel qu’un combattant terroriste l’a même menacé d’arrêter de voler sinon il va passer lui régler ses comptes.

Devant les membres du Tribunal, le prévenu s’est voulu assez précis lorsqu’il déclare être un voleur et qu’il ne vole que des chèvres. « Je ne suis pas un terroriste ».

Il soutient en ces termes : «Je n’ai jamais collaboré avec des terroristes. Les gens qui m’accusent m’en veulent injustement. Je volais essentiellement des chèvres que je revendais au marché de Gorom-Gorom. Je ne volais pas dans notre village, mais ailleurs. Je n’ai jamais dépassé deux chèvres. Je ne vole pas beaucoup. Je ne suis jamais allé vendre des chèvres au Niger ou au Mali ».

En plus, il dit que la moto qu’il avait lui appartient et qu’il l’a acquise grâce à son père qui lui a envoyé un complément d’argent depuis l’étranger.

Réquisitions…

Au terme des débats, le procureur a indiqué que rien n’établit de façon matérielle la culpabilité des deux prévenus concernant les faits pour lesquels ils sont poursuivis à savoir l’association de malfaiteurs terroristes et le financement du terrorisme. Il a requis ainsi leur relaxe au bénéfice du doute.

Le Tribunal a suivi la réquisition du procureur et a relaxé les prévenus au bénéfice du doute.

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