A l’occasion de la pose de la première pierre de l’usine de raffinerie d’or, le président de la Transition burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré, a invité le 23 novembre 2023, les exploitants miniers artisanaux ou orpailleurs à ramener l’or à l’intérieur au lieu de l’exporter.
Par Daouda Kiekieta
Le premier lingot d’or raffiné au Burkina Faso est attendu dans 11 mois selon le président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré, à la pose de la première pierre de l’usine de raffinerie.
A cette occasion, le chef de l’Etat a invité les orpailleurs “à ramener l’or vers l’intérieur” à travers la Société nationale des substances précieuses (SONASP) chargée de racheter l’or produit et le transformer.
« Beaucoup d’or sorte du Burkina de façon frauduleuse et contribue d’ailleurs à alimenter le terrorisme. Nous invitons les orpailleurs, que ce soit les collecteurs et autres, à ramener l’or vers la position centrale », a exhorté le capitaine Ibrahim Traoré. Pendant ce temps et à l’endroit de la SONASP, il l’invite dores et déjà à multiplier le nombre de guichets de collecte d’or.
L’usine de raffinerie aura une capacité d’affinage de 400 kg d’or par jour soit environ 150 tonnes d’or par an.
L’orpaillage, un secteur qui échappe au contrôle de l’Etat
L’exploitation de l’or artisanal est un secteur qui échappe au contrôle de l’Etat burkinabè. En 2022, le pays a enregistré officiellement 457 kg d’or artisanal déclaré contre 278 kg en 2021, a indiqué le ministre des Mines, Simon Pierre Boussim lors de la cérémonie de pose de la première pierre.
Pourtant, des dizaines de tonnes d’or sont exportées du Burkina sans passer par les canaux officiels. « Il y a une fuite non maîtrisée de près de 10 tonnes d’or qui ne suit pas le canal officiel » avait révélé le secrétaire général du ministère burkinabè des Mines, Jean Baptiste Kaboré, lors d’une conférence de presse le 13 juillet 2023.
Selon l’expert burkinabè en sécurité, Mahamoudou Savadogo, « le Togo, qui n’a aucune mine d’or industrielle, des citoyens de ce pays, ont ouvert des comptoirs à Dubaï aux Emirats Arabe Unis où ils vendent 36% de l’or burkinabè ».
L’expert Savadogo se prononçait le 27 août 2022, lors d’un panel sur l’autonomie stratégique dans un contexte géopolitique en pleine mutation, organisé à Ouagadougou par la société burkinabè de Géopolitique.
Du comptoir burkinabè des métaux précieux créé en 1986, à la la Société nationale des substances précieuses (SONASP) en passant par l’Agence nationale d’encadrement des exploitations minières artisanales et semi-mécanisées (ANEEMAS), les autorités qui se sont succédées jusque-là peinent toujours à contrôler le secteur minier artisanal.
En plus d’être des nids du terrorisme, les sites d’orpaillage ont un impact considérable sur l’environnement notamment la déforestation, la pollution, les éboulements qui causent des pertes en vie humaine chaque année.
A cela s’ajoutent les conflits récurrents entre exploitants artisanaux d’or et sociétés minières industrielles dans plusieurs localités au Burkina.
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