Le riz fait partie des céréales les plus consommées au Burkina Faso. Avec la flambée des prix des produits, qu’en n’est-t-il du riz local ? La production locale est-elle consommée par les Burkinabè ? Reportage.
Par Rama Diallo
Au Burkina Faso, la plupart des ménages ont le riz comme nourriture de base. Ils préfèrent, généralement, le riz importé au riz produit localement. Avec la flambée actuelle des prix des produits, comment se porte le riz local burkinabè ?
Au quartier Wemtenga, un quartier populaire de la capitale Ouagadougou, au bord de la rue Reem Wooko se trouve la boutique du jeune M. Hermann Sarambé, spécialisé dans la vente du riz local depuis 2010.
Titulaire d’une maîtrise en économie, l’entrepreneur raconte qu’il a débuté le commerce avec le riz de la plaine aménagée de Bama car natif de cette localité de la région des Hauts Bassins.
Dans sa boutique, le jeune Sarambé vend le riz de la vallée aménagée de Bama mais aussi celui d’autres zones aménagées du Burkina comme le Sourou et Bagré. A cause de la situation sécuritaire, il déplore une rupture d’approvisionnement du riz en provenance du Sourou.
C’est sous une pluie, autour de 10h du matin, que j’entre dans sa boutique. Le jeune Sarambé est en pleine communication téléphonique. A l’intérieur de la boutique, les sacs de riz sont superposés tandis qu’à l’extérieur, quelques sacs sont exposés pour attirer la clientèle.
De 2010 à aujourd’hui, beaucoup de choses ont changé dans l’alimentation des Burkinabè. Ils consomment maintenant davantage ce qui est produit au pays, indique l’entrepreneur :
«J’ai ouvert ma boutique en 2012 et je pouvais faire trois mois avec une tonne sans pouvoir écouler toute la marchandise. Souvent, je n’avais plus de fonds. Je devais chercher de l’argent ailleurs pour venir injecter dans ma boutique. Mais, à partir de 2016, j’ai constaté que les Burkinabè avaient commencé à consommer de plus en plus le riz local », explique M. Sarambé.
Selon lui, avec la flambée avec la flambée des prix des produits, beaucoup commencent à s’intéresser au riz local même si le prix de celui-ci a aussi flambé.
En plus d’être vendeur de riz local, Hermann Sarambé est aussi cultivateur de riz. Pour cette saison, au regard de la cherté des intrants, il dit n’avoir cultivé qu’un hectare. « Pour un hectare, il faut, en moyenne, 8 sacs d’intrants et actuellement le sac coûte environ 30 000 F CFA,. Pour labourer un hectare, il faut au moins trente mille alors qu’avant c’était à 12 000 F CFA ou à 15 000 F CFA. Pour un hectare, toutes les dépenses peuvent tourner autour de 500 000 F CFA.», précise le commerçant-agriculteur. I déplore le fait que les jeunes vont plus sur les sites d’orpaillage ; ce qui fait que la main d’œuvre devient rare et chère.
Il évoque également le problème des intrants contrefaits qui sont souvent à la base des mauvaises récoltes.
L’entrepreneur invite les autorités à trouver une solution pour baisser es prix des intrants pour le bonheur des cultivateurs.
Dans un autre quartier de Ouagadougou, Karpala, je suis je rencontre M. Alidou Zabré, lui aussi commerçant de riz local. Il dit constater que ces cinq dernières années, les Burkinabè consomment de plus en plus le riz local.
D’après lui, cette année 2022, par exemple, il a davantage de clientèle par rapport aux années précédentes. Il pense que cela est dû à la sensibilisation, à la promotion et à la valorisation des produits locaux et également à la flambée des prix des produits importés.
A Wemtenga, autre quartier de la capitale, se trouve le restaurant de Mme Koura Zouri. Elle dit ne préparer que le riz local pour ses clients. Pour cette restauratrice, le riz cultivé au Burkina est le meilleur riz car il ne contient pas trop de produits chimiques. « Le riz qui est produit ici, c’est quelque chose de frais, c’est doux, ce n’est pas quelque chose qui est conservé durant longtemps. Et mes clients apprécient ça par rapport au riz importé », relève Mme Zouri.
Elle estime également que le riz local est moins cher par rapport au riz importé : « J’achète le sac de riz local de 25 kg à 11 000 F CFA alors que celui importé coûte 12 500 F CFA voire 14 000 F CFA.».
Mme Zouri me dit que certaines personnes ne cuisinent pas le riz local burkinabè parce qu’elles estiment que sa cuisson est difficile. Par conséquent, ces personnes préfèrent celui importé. « Il faut que les Burkinabè consomment ce que nous produisons. Sur chaque sac, le mode de cuisson est indiqué et cela facilite la préparation. Et c’est le début qui est dur dès qu’on s’habitue c’est fini. Avant, je mesurais la quantité d’eau nécessaire pour la cuisson ;maintenant, je ne mesure plus, je suis habituée » explique Mme Koura Zouri.
Après Wemtenga, le cap est mis sur la Patte d’oie, un autre quartier de la capitale burkinabè ooù je trouve Mme Fatoumata Diallo, restauratrice, en pleine préparation pour le repas de midi. Dans ce restaurant, le riz local et le riz importé sont à l’honneur.
Mme Diallo dit avoir commencé à vendre le riz burkinabè,. Elle veut, petit à petit, se consacrer entièrement au riz local seulement parce qu’elle a constaté que certains riz importés se détérorent vite.
« J’ai remarqué que le riz que j’utilise se gâte très vite. Souvent, lorsqu’il y a desrestes, le matin on ne peut plus es manger. Ça devient comme si on a versé de l’eau dans la marmite. Même hier, j’ai emporté du riz pour la maison ; nous n’avions pas fini de manger cela et le matin j’ai trouvé que le reste s’’est gâté… Alors que le riz local peut faire plus de 24h sans se gâter surtout qu’il ne fait pas trop chaud maintenant » argue la restauratrice.
Moussa Guira, un étudiant rencontré dans les rues de Ouaga, me dit dans sa famille aucun un autre riz n’est consommé si ce n’est le riz local. Pour lui, le riz local est de bonne qualité parrapport au riz importé qui contient souvent des produits chimiques et n’est pas de bonne qualité pour la plupart.
« Je consomme la qualité TS2 dont le sac de 25 kg coûte 11 500 F CFA actuellement avec l’augmentation des prix sur le marché et la qualité ORILUX qui est du riz parfumé dont le sac de 25 kg coûte 14 500 F. CFA actuellement » M. Guira.