La Semaine nationale de la culture (SNC) est un des grands rendez-vous du monde artistique et culturel du Burkina Faso. Elle est également l’occasion de rencontre avec les acteurs culturels d’autres pays. Ses débuts ont connu beaucoup de changements. Elle a survécu aux soubresauts socio-politico-culturels du Burkina Faso.
A quelques jours du début de la Semaine nationale de la Culture (SNC) Bobo 86, le président Thomas Sankara avait accosté Abdoulaye Cissé, le musicien chargé de l’encadrement des Petits chanteurs aux poings levés et des Colombes de la Révolution. Il lui avait demandé s’il avait composé une chanson pour Bobo 86, Cissé lui répondit n’y avoir pas pensé.
Le leader de la Révolution d’Août 83 lui avait alors enjoint de composer un texte. Guitariste à ses temps perdus, le président du Conseil national de la Révolution (CNR) s’est proposé de composer la mélodie de la chanson.
L’intitulé de cette musique réclame était « Sur la route de Bobo ». Quelques couplets de cette chanson passaient en boucle sur Radio Burkina pendant la 3ème édition de la SNC Bobo’ 86.
« Sur la route de Bobo, mon cœur palpite déjà de joie, c’est un bon signe » « Nous serons tous au rendez-vous, les musiciens, les danseurs et les sculpteurs. Ils vont changer l’univers en un paradis ». « Carrefour de la culture du Burkina, c’est le Bobo soir, dans la symbiose, dans la diversité au festival, au carnaval Bobo c’est mon bonheur. »
Pendant cette période révolutionnaire, chaque grande manifestation avait sa chanson qui accompagnait la communication de l’activité.
La première édition de la SNC s’était déroulée du 20 au 30 décembre 1983 à Ouagadougou, dans l’enceinte de la Maison du Peuple.
Après cette édition, le décret n°250/CNR/PRES du 26 juin 1984 portant l’organisation de la SNC avait été pris. Ce décret avait défini les objectifs de la SNC et la tenue de la manifestation qui était annuelle.
Le décret du 29 août 1985 viendra abroger celui du 26 juin 1984 pour rendre le rendez-vous culturel biennal et tournant dans les chefs-lieux des provinces.
Cette décision avait été prise après un tirage au sort à la clôture de la SNC de 1985. Les objectifs de cette fête biennale de la culture nationale qui n’ont pas fondamentalement varié jusqu’aujourd’hui sont, entre autres, de faire découvrir le patrimoine culturel national.
Le second objectif est de travailler à la stimulation de la création artistique et littéraire, d’un cadre d’échange entre artistes et hommes de culture Burkinabè d’une part.
D’autre part, ce même espace culturel doit permettre aux artistes nationaux d’échanger avec les hommes de culture venus d’ailleurs.
Le décret n°0379/PRES/PM/MCC du 18 septembre 1997 reprend le décret n°85-486/CNR/PRES/MIC du 28 juillet 1985 qui égrène les différentes activités de la SNC.
Le festival est le cadre de la mise en valeur de toutes les potentialités culturelles du pays. Les éléments constitutifs du festival sont les animations artistiques et culturelles.
Il y a également les expositions qui concernent les différentes expressions de la diversité culturelle nationale.
Parmi les activités, des conférences, des colloques et des débats sur la culture et des projections cinématographiques.
Dans une communication du Pr Salaka Sanou prononcée le 26 avril 1999 à l’occasion des grandes conférences du ministère de la Communication et de la Culture, cet enseignant chercheur assurait que « C’est à travers le festival que l’on peut véritablement découvrir toutes les facettes de notre richesse culturelle.»
En effet, il a affirmé qu’au- delà de l’esprit de compétition, les différents groupes ethniques, les différentes nationalités présentes à la SNC, en participant à des animations à différents endroits de la ville hôte et de différentes localités (dans les départements ou villages) de la province d’accueil, se découvrent et s’enrichissent mutuellement à travers le brassage qui s’opère.
«A certaines éditions, selon lui, des troupes avaient été retenues pour la SNC à cause de leur originalité et parfois de leur curiosité. C’est aussi le festival qui donne à la SNC, entre autres, son côté populaire, festif. »
L’objectif du départ de la SNC était qu’il soit tournant. A chaque clôture d’une édition, un tirage au sort devait désigner une province pour la prochaine édition.
Ainsi, les populations devraient être impliquées dans les préparatifs, à travers les Comités de défense de la Révolution (CDR) pendant la période révolutionnaire.
L’objectif supplémentaire était que la province qui abrite la manifestation soit dotée d’infrastructures culturelles.
Ouagadougou avait été la ville de démarrage en 1983, suivie de Gaoua 84 avec l’inauguration du Théâtre Populaire Nani Pâlé.
Pour des raisons de temps et de budget, la SNC allait devenir biennale afin de permettre à la province, tirée au sort, de disposer de temps pour les préparatifs.
Les infrastructures aussi pouvaient être ainsi bien construites si les acteurs disposaient d’assez de temps.
La SNC avait alors été tournante jusqu’à l’édition de Koudougou-Réo 88. C’est après l’édition de 1990, que les autorités avaient décidé que la SNC se fixerait définitivement à Bobo-Dioulasso, pour plusieurs raisons.
Le principal argument était que Bobo-Dioulasso, connue aussi sous le nom de Sya, avait une grande potentialité culturelle.