Depuis le 13 janvier 2024, l’Afrique vibre au rythme du ballon rond. L’ambiance est plus que ressentie car la CAN se joue cette année dans un pays voisin qu’est la Côte d’Ivoire. Dans la plupart des villes du Burkina, la vie est rythmée par l’effervescence de la CAN et les commentaires vont bon train, le drapeau et les maillots aux couleurs nationales brandis partout dans les rues. Mais qu’en est il des zones à fort défi sécuritaire comme Djibo ?
Par Inoussa Sankara, Correspondant dans le Soum
La ville de Djibo qui, depuis quelques années vit au rythme de tentatives d’incursion de groupes armés est entrain de reprendre vie au fur et à mesure.
Ce qui fait que la 34è édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN 2023) qui se déroule en Côte d’Ivoire est suivie de près par la plupart des djibolais, cependant, toutes les conditions ne sont pas réunies pour permettre à chacun de suivre convenablement la fête du football à travers les écrans de la télévision nationale.
En effet, cela fait plusieurs mois que la ville de Djibo ne dispose plus d’électricité, conséquence, le signal de la TNT est également interrompu.
Pour suivre les matchs en direct à la télévision, il faut avoir une batterie pour pouvoir alimenter sa télévision et une parabole pour recevoir le signal et trouver une chaîne qui diffuse les matchs.
A Djibo, on ne s’attarde pas dehors et déjà dès la tombée du soleil, les habitants de la ville regagnent plus tôt leur domicile de sorte que celui qui n’a pas de télévision chez lui pour regarder le foot dans la soirée, se voit contraint de rester chez lui et d’écouter les commentaires à la radio ou de suivre les scores à travers les réseaux sociaux.
Contrairement au soir, les matchs qui se jouent dans la journée c’est-à-dire à partir de 14H00 drainent du monde chez les plus chanceux qui disposent d’une télévision et d’un abonnement pour les droits de réception des images. Les salons sont bondés et durant les deux heures du temps de match, on oublie le quotidien difficile de chacun.
Avis et impressions
Nous avons interrogé Amadou Konfé qui nous dit dans un long soupir « Ah, c’est dommage que la situation soit difficile ces derniers temps, sinon je voulais ouvrir comme par le passé un espace payant avec grand écran pour les matchs ; les années passées, en un mois de CAN, je pouvais engranger beaucoup d’argent qui me permettait parfois de payer une nouvelle moto ».
Il poursuit, « nous sommes de cœur avec notre équipe et avec le travail qui se fait par nos Forces de défense et de sécurité ( FDS), espérons que d’ici la prochaine CAN le pays soit complètement libéré et place à la vie et au divertissement ».
Prévu à 14h, le match des Étalons contre la Mauritanie a vidé les habitants des rues. Bien qu’il y ait peu de commerce et de circulation en raison de la situation économique morose, personne n’a souhaité se faire conter l’évènement.
Dès le matin, sur les guidons de quelques rares motos qui continuent de circuler en ville, on pouvait voir flotter le drapeau national, signe de soutien aux Étalons. Certaines personnes ont pu se faire acheter des maillots aux couleurs du Onze national et fièrement le portent en levant le poing à chaque fois et de crier « Ce soir, à nous la victoire, vive les Étalons ! »
Les employés des services publics qui, généralement n’ont grand-chose à faire dans l’après-midi, se sont arrangés pour se regrouper chez un collègue afin de suivre le match ensemble tout en sirotant le thé vert de chine.
En d’autres temps, le but des Étalons allait s’accompagner par des cris de joie et de parades de motos dans les rues, mais cette fois-ci, ce n’est qu’à la fin du match, qu’il a été remarqué de petits regroupements de personnes devant les concessions se tapant dans les mains pour manifester leur joie et pour commenter le déroulement du match.
La plupart des habitants de cette ville qui, il faut le rappeler compte plus de 2/3 des déplacés internes, n’ont vraiment pas la tête à la fête du football.
Les multiples besoins quotidiens des populations ont eu raison du football bien que, chacun souhaitait la victoire des Étalons qui font la fierté du drapeau national.