La Coordination nationale de lutte contre la fraude (CNLF) a levé le voile sur un vaste système de détournement de carburants subventionnés, impliquant certains distributeurs agréés.
Par Frank Amicha
Lors d’une conférence de presse tenue ce mardi 3 juin à Ouagadougou, le Coordonnateur national, Dr Yves Kafando, a révélé des pratiques frauduleuses qui auraient causé à l’État une perte sèche de plus de 7,7 milliards de francs CFA, a écrit le service communication de la Coordination nationale de lutte contre la fraude (CNLF).
Selon l’audit effectué sur les flux d’hydrocarbures entre la SONABHY et les marketeurs agréés, une partie importante du carburant destiné aux ménages à travers les stations-service a été illégalement redistribuée à des entreprises industrielles, minières, de BTP et de carrières, des structures pourtant exclues du régime de subvention.
Au total, 33 974 204 litres de fraude de carburants subventionnés ont été frauduleusement livrés à des entités non éligibles. Une « véritable escroquerie à ciel ouvert », a dénoncé Dr Kafando, qui fustige des « manœuvres dilatoires » visant à contourner la politique publique d’aide au pouvoir d’achat des citoyens.
Sanctions immédiates et mesures correctives
En réponse à cette fraude organisée, la CNLF a déjà entrepris plusieurs actions : fermeture temporaire d’unités industrielles impliquées, transmission des dossiers aux autorités compétentes, et recommandations pour renforcer la traçabilité des produits pétroliers. Parmi ces propositions, la possibilité pour les entreprises non éligibles d’acheter directement du carburant auprès de la SONABHY, sous contrôle strict, est envisagée.
Dr Kafando a également lancé un message fort à l’endroit des acteurs économiques : adopter des pratiques fondées sur la transparence et la légalité. « La CNLF restera un partenaire loyal pour ceux qui respectent la loi, mais elle sera intraitable avec ceux qui compromettent l’intérêt national », a-t-il insisté.
Ce coup de filet de la CNLF rappelle la nécessité d’une vigilance constante dans la gestion des ressources publiques, alors que l’État burkinabè continue ses efforts pour soulager les ménages dans un contexte socio-économique difficile.