À l’investiture du président ghanéen John Dramani Mahama, le 7 janvier 2025, la présence de membres de l’Alliance des États du Sahel et de ceux de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), deux organisations qui sont à couteaux tirés, a retenu l’attention de tous.
Par Nicolas Bazié
Jusqu’au 7 Janvier 2025, personne n’aurait cru que des membres de la CEDEAO, avec à leur tête le président en exercice, Ahmed Bola Tinubu, et ceux de l’AES, dont le capitaine Ibrahim Traoré du Burkina, allaient s’asseoir sous une même tente et assister à une cérémonie, même si chacun avait l’air “serein dans son coin”.
Il a fallu l’investiture du président ghanéen John Dramani Mahama, le 7 janvier dernier, pour vivre ce moment inouï.
Ce n’est un secret pour personne. Une guerre a été évitée de justesse entre pays de l’AES et ceux de la CEDEAO. En effet, lorsque la CEDEAO a annoncé une intervention militaire à Niamey pour rétablir Mohamed Bazoum au pouvoir, le Mali et le Burkina ont bandé les muscles pour accueillir la fameuse force en attente de l’espace communautaire « dans une guerre sans merci » comme l’avait souligné, à Niamey, le Président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré.
Les deux pays avaient déjà fait une déclaration conjointe ferme et sur un ton martial qui, visiblement, a refroidi les dirigeants qui prévoyaient d’envoyer un bataillon à Niamey.
Avec le retour de John Dramani Mahama aux affaires, dans un pays membre de la CEDEAO (le Ghana), les tensions entre les deux entités pourraient diminuer. Car, le Ghana a affiché une volonté de dialogue avec l’AES, en prenant d’abord le soin d’inviter les présidents malien, burkinabè et nigérien à son investiture.
Cependant, comme à leur habitude, tous les trois présidents ne quittent pas l’espace AES en même temps. C’est sans doute la raison pour laquelle le Capitaine Ibrahim Traoré était le chef d’État de l’AES à l’investiture comme cela a été le cas avec le Forum économique Chine-Afrique où c’est le Général d’armée Assimi Goïta du Mali qui y était.
Dans ce contexte de recomposition des alliances, la présence de Ibrahim Traoré à Accra et l’attitude d’ouverture du Ghana ne sont pas anodines. Elles pourraient marquer le début d’une nouvelle dynamique entre la Confédération AES et certains de ses anciens partenaires de la CEDEAO.
Le Ghana n’est pas le seul pays à vouloir se rapprocher des pays du Liptako-Gourma. Le Bénin, malgré ses tensions avec le Niger qui l’accuse de vouloir le déstabiliser, continue de plaider pour la coopération avec l’organisation sahélienne (AES).
De son côté, le Togo s’est rapidement positionné comme un médiateur naturel entre la CEDEAO et l’AES, multipliant les échanges avec les dirigeants militaires.