Ce 28 janvier 2025, cela fait 1 an que les pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) ont annoncé leur retrait “avec effet immédiat” de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ce premier anniversaire de rupture est marqué par des meetings de soutien à cette décision prise par les dirigeants des trois pays de l’AES à savoir le Burkina, le Mali et le Niger.
Par Pawelgba Zoromé
Dimanche 28 janvier 2024. Il est 13h au Burkina et au Mali mais 14h au Niger. C’est l’heure des journaux télévisés sur les chaînes publiques de ces pays. De façon synchronisée, les porte-paroles des gouvernements apparaissent sur les petits écrans pour lire un communiqué conjoint important. Au Burkina, cette tâche est revenue à Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, l’actuel Premier ministre, mais qui, à l’époque, était ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme et porte-parole du gouvernement.
Il annonce donc la sortie des pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), créée plus tôt en septembre 2023, de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) « avec effet immédiat ». Les raisons invoquées sont, entre autres, les sanctions jugées inhumaines imposées à ces pays suite à des coups d’Etat, l’intervention militaire envisagée par l’organisation sous régionale au Niger pour rétablir le président renversé, Mohamed Bazoum. Il est aussi pointé l’absence de soutien véritable de la CEDEAO dans la lutte contre le terrorisme auquel ces trois pays font face, l’instrumentalisation de l’organisation par des puissances étrangères notamment la France. Coup de tonnerre !
Ce que l’on pensait impensable venait de se produire. Certes, la CEDEAO, depuis sa création en 1975, a déjà connu au moins le retrait d’un membre en l’occurrence la Mauritanie en décembre 2000 (elle a signé un nouvel accord de statut de membre associé en août 2017). Mais c’est la première fois que trois pays décident en même temps de claquer la porte. Passés les premiers moments de surprise, la CEDEAO tente de retenir les partants. Mais c’est peine perdue et depuis lors, le fossé ne fait que s’agrandir entre les partenaires d’hier.
Après l’Alliance, le trio crée en juillet 2024 à Niamey la Confédération des Etats du Sahel. Les chefs d’Etat de ces pays qui s’y sont retrouvés pour leur premier sommet annoncent la création d’organes et d’institutions de la Confédération comme la Banque d’investissements, le Parlement. Il y a eu aussi l’annonce de projets dans le domaine des infrastructures ou de la libre circulation des personnes. Dans ce dernier domaine, il y a le passeport de l’AES dont la mise en circulation est prévue pour le 29 janvier, jour de l’entrée en vigueur effective du retrait au bout d’un an conformément aux textes de la CEDEAO.
Les tentatives de l’organisation sous-régionale, les bons offices de chefs d’Etat mandatés comme médiateurs à l’image de Diomaye Faye du Sénégal ou de Faure Gnassingbé du Togo n’ont pas fait changer d’avis aux membres de l’AES. Ils martèlent à qui veut l’entendre que leur « retrait de la CEDEAO est irréversible ». C’est ce que vont rappeler aussi les soutiens des dirigeants dans les trois pays à travers des meetings organisés aujourd’hui pour marquer le premier anniversaire du divorce.