Des milliers de personnes se sont réunies ce 28 janvier 2025 à Ouagadougou, pour célébrer la sortie du Mali, du Burkina et du Niger de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). C’était en présence de plusieurs autorités coutumières et administratives comme le Premier ministre burkinabè Jean Emmanuel Ouédraogo ; le ministre de la Sécurité, Mahamadou Sana ; le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale, Emile Zerbo ; le ministre de la Jeunesse, Roland Somda ; le président de la Commission nationale de la Confédération des Etats du Sahel (CN-CES), Bassolma Bazié.
Par Nicolas Bazié
Les trois pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) ont décidé de quitter la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) le 29 janvier 2024. Portée sur les fonts baptismaux le 16 septembre 2023, cette alliance, qui regroupe le Mali, le Burkina et le Niger, est un pacte de défense mutuelle. Ce 28 janvier 2025, les dirigeants de l’AES ont jugé utile de célébrer le premier anniversaire de cette sortie.
À la Place de la Nation de Ouagadougou, Maliens, Nigériens et Burkinabè ont réitéré leur volonté de soutenir les présidents Assimi Goïta du Mali, Ibrahim Traoré du Burkina et Abdourahamane Tiani du Niger dans leur vision. Les discours de patriotisme n’ont pas manqué en ce lieu mythique situé au cœur de la capitale burkinabè.
La CEDEAO, un valet local
L’AES est l’embryon de l’unité africaine, a fait remarquer l’artiste- musicien Ali Ponré 1er, d’où la mobilisation, d’après lui, pour « dire adieu à la CEDEAO». « Non à la CEDEAO ! Non à l’impérialisme ! », scande-t-il.

Le secrétaire général de la Coordination nationale des associations de veille citoyenne, Ghislain Dabiré, pour sa part, semble convaincu que « la CEDEAO s’est réduite à un acteur majeur de déstabilisation, qu’elle est un « vrai valet local (…)» qui met même en place, selon ses propos, « un bataillon pour stopper les aspirations profondes des peuples (malien, burkinabè et nigérien)».
« (…) Nous n’avons aucune raison valable de regarder derrière nous», poursuit-il, soutenant que « nous, peuples de l’AES, n’avons aucune confiance en vous (les membres de la CEDEAO, ndlr)». M. Dabiré martèle que « nous n’accepterons plus jamais les ingérences venant de cette organisation ».
À sa suite, c’est le président de la Commission nationale de la Confédération des États du Sahel (CN-CES), Bassolma Bazié, qui est invité à prendre la parole. « L’AES est l’espace de notre souveraineté, de notre dignité. Aujourd’hui, nous réitérons notre volonté ferme d’avancer vaille que vaille (…)», a-t-il dit.

Il fait cette mise en garde : « Un partenaire n’entre pas sur un territoire par effraction. Celui qui le fait dans notre espace sera purement et simplement traité comme un brigand».
La lutte a commencé et elle sera longue, a fait savoir Bassolma Bazié, ancien ministre de la Fonction publique. « Ce n’est pas de l’amusement, fait-il savoir. La victoire répondra présente. Restez mobilisés derrière nos dirigeants !», indique-t-il, tout en précisant ce qui suit : « Les peuples africains n’ont pas de problème. Ce sont certains dirigeants qui ne savent ni d’où ils viennent, ni d’où ils vont, qui ont un problème avec nous ».
Trancher toutes les cordes…
Rabiatou Zida fait partie des associations de veille citoyenne. Pour elle, il y a lieu de remercier les trois chefs d’État de l’AES. « C’est grâce aux trois présidents patriotes que nous avons aujourd’hui le courage de quitter la CEDEAO. Ils ont pris leur responsabilité et nous les avons suivis », reconnaît celle qui se fait appeler « Prisca » sur les réseaux sociaux. Ce 28 janvier est un jour de joie, se réjouit Rabiatou Zida.

Devant de milliers d’âmes venues de divers horizons, le Premier ministre burkinabè, Jean Emmanuel Ouédraogo, tient un discours en langue nationale mooré. « Nous sommes déjà loin. Nous n’allons plus regarder derrière nous», a-t-il déclaré, comme pour dire : « Ne pensez plus aux événements passés, ne considérez plus ce qui est ancien».

Pour le chef du gouvernement burkinabè, « c’est la CEDEAO qui est restée derrière, dans l’esclavage». « Si sa position actuelle lui plaît, tant mieux. Nous, nous allons avancer (…)», a ajouté Jean Emmanuel Ouédraogo qui a aussi affirmé que « toutes les cordes seront tranchées sans état d’âme. Nos chefs d’État tiennent toujours la hache à cet effet. Nous allons gagner ce combat ensemble».
Ce discours en mooré, le Premier ministre Jean Emmanuel Ouédraogo l’a repris par la suite en français « pour que les ennemis » de la Confédération des États du Sahel comprennent ce qu’il a dit.