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[#Mémoire] Cheikh Anta Diop était aussi « Burkinabè »

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Il y a un lien étroit entre l’œuvre de Cheikh Anta Diop et le Burkina. En 1986, au symposium qui avait permis la création de l’Institut des peuples noirs (IPN) à Ouagadougou, suivi de la naissance de l’association « Génération Cheikh Anta Diop », les travaux de l’illustre chercheur ont longtemps été au centre de débats au Burkina. Les mass-médias ont été également  les outils qui ont permis la promotion de ses réflexions.

Par Merneptah Noufou Zougmore

Du 20 au 26 avril 1986, s’était tenu à Ouagadougou, dans la capitale burkinabè, un symposium international en vue de la création de l’Institut des peuples noirs (IPN).

Pendant les préparatifs de cette rencontre internationale dans la capitale burkinabè, le professeur Cheikh Anta Diop avait été retenu pour prononcer la conférence inaugurale. 

Malheureusement, l’illustre égyptologue allait s’éteindre le 7 février 1986 soit deux mois avant le symposium.

A la cérémonie d’ouverture des travaux présidée par le président du Conseil national de la Révolution (CNR), le capitaine Thomas Sankara, celui-ci n’avait pas manqué de rendre un vibrant hommage à l’auteur de « Nations Nègres et Culture » dans des termes très élogieux.

Il avait déclaré : « Au moment même où nous travaillons à l’organisation de ce symposium, alors qu’il était inscrit sur notre liste à la place qui lui revient de droit, parmi les personnalités du monde noir, le grand défenseur des peuples, des peuples noirs, l’éminent homme de culture, le professeur Cheikh Anta Diop s’éteignait à Dakar. Toute l’Afrique combattante le pleurait et le pleure encore. »

Le président Sankara n’avait pas manqué,  en outre, d’indiquer dans son discours, le vide que laissait cet intellectuel à la connaissance étendue : « Toute l’Afrique intellectuelle et culturelle le regrette et le monde scientifique constate, avec une profonde amertume, le vide qu’il laisse. Si c’est normal ou juste de lui rendre tout l’hommage vénéré que mérite ce grand Africain Cheikh Anta Diop, il ne serait guère suffisant de le pleurer. On ne pleure pas les grands hommes. Cheikh Anta Diop était un géant. »

Pour le leader de la Révolution d’Août 1983, porter son héritage intellectuel est la seule chose qui puisse permettre de sauver l’œuvre de Cheikh Anta Diop de l’oubli.

Le capitaine Sankara avait notamment déclaré : « Le meilleur hommage que nous puissions lui rendre c’est de nous engager à continuer avec le même courage, la même sincérité, avec les mêmes compétences l’œuvre qu’il a entreprise avec tant d’amour et de respect pour les peuples et les civilisations noires. »

Le disciple et compagnon de Cheikh Anta Diop, le professeur Théophile Obenga avait été invité à prononcer la communication inaugurale à la place de son maître. 

L’intitulé de la conférence était : « Contribution scientifique des peuples noirs à la civilisation planétaire : Bilan critique, perspectives et recommandations d’avenir ». 

« Génération Cheikh Anta Diop » en œuvre

Les années suivantes l’IPN allait se déployer dans les collèges, les lycées et à l’Université de Ouagadougou à travers des « Clubs IPN », structures mises en place par les élèves et étudiants.

Par le canal des activités multiples des « Clubs IPN » et de ses œuvres, Cheikh Anta Diop était entré dans les classes. Il allait être  davantage connu par le biais d’une émission intitulée d’abord « IPN à l’horizon » puis « Maat-IM ».  

Elle était diffusée chaque dimanche à la radio privée burkinabè Horizon FM. Ce temps d’antenne était financé par l’IPN dont un agent, Dr Beteo Denis Nébié, par ailleurs egyptophile convaincu,  en assurait la supervision.

En 1993, des étudiants, principalement ceux qui étaient dans le sillage de l’IPN, avaient créé une association dénommée « Génération Cheikh Anta Diop. »

L’objectif de ce mouvement associatif était d’étudier et de diffuser l’œuvre du « pharaon des temps modernes » (surnom de Cheikh Anta Diop).

Elle programmait des conférences dans les lycées et à l’Université de Ouagadougou.

L’association « Génération  Cheikh  Anta  Diop » participait à de grandes rencontres qui avaient un lien avec les enjeux et les perspectives du monde noir en Afrique ou ailleurs dans le monde. 

La « Génération Cheikh Anta Diop » ne manquait pas non plus de rendre visite à des familles pour leur parler de l’œuvre de Cheikh Anta Diop ou discuter de l’actualité de l’époque, toujours sous le prisme de la pensée de l’auteur de « Civilisation ou Barbarie. »

Pendant plus de deux décennies de combat, des questions comme les langues nationales et leurs usages, qui sont devenues des lieux communs aujourd’hui, faisaient l’objet de gorges chaudes.

Les noms africains dit botaniques qui étaient jusqu’alors loin d’être affichés avec fierté sont désormais portés actuellement sans frustration aucune. 

Pourtant, dans les années 90, ces noms étaient loin d’être compris comme faisant partie d’un patrimoine culturel  à magnifier. 

Même ceux qui n’ont pas été à l’école, savent actuellement qui est Cheikh Anta Diop et ce grâce aux activités d’information menées par la « Génération Cheikh Anta Diop » les années précédentes. 

Des érudits burkinabè comme Yoporeka Somet, philosophe et égyptologue reconnu, figurent parmi les meilleurs héritiers intellectuels de Cheikh Anta Diop.

Yoporeka Somet, par exemple, est l’un des rédacteurs d’ « ANKH », une revue de l’Egyptologie et de la Civilisation Africaine ; il  assure également des enseignements sur l’égyptologie dans des universités africaines.

En raison de tous ces liens entre le Burkina Faso et Cheikh Anta Diop, il n’est pas exagéré de dire que l’illustre chercheur sénégalais  était, d’une certaine façon « Burkinabè » également. 

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