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Terrorisme : « La communication de l’armée se doit d’être fondée sur des faits réels vérifiables » (Pr Serge Théophile Balima)

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L’armée burkinabè fait désormais face à plusieurs défis en plus de combattre le terrorisme.C’est une armée qui a besoin de réorganiser sa communication pour l’adapter à la situation socio-sécuritaire. De nombreux burkinabè sont sceptiques des informations militaires distillées après les ripostes contre les terroristes.Si pour certains il s’agit de la manipulation, d’autres par contre s’en délectent et félicitent les « boys » pour leurs exploits. Pour comprendre la méfiance de l’opinion vis à vis de la communication de l’armée Libreinfo.net a posé la question à Serge Théophile Balima,Professeur des universités, journalisme sciences de l’Information et de la communication par ailleurs Directeur Général du Bureau d’Etude BEST COM.

Libreinfo.net : Qu’est- ce qui explique la méfiance de l’opinion vis-à vis de la communication de l’armée ?

Pr Serge Théophile Balima : Cette méfiance peut s’expliquer par une série de facteurs objectifs et subjectifs :
– En période de crise, les institutions perdent une partie de leur crédibilité, voire leur légitimité au sein de l’opinion ; c’est un fait sociologique.
– Lorsque survient la crise, les acteurs de la communication deviennent tellement nombreux qu’il devient difficile de contrôler la communication institutionnelle : société civile, experts de tout poil, structures étatiques, confessions religieuses, partenaires extérieurs, militaires…, tous deviennent compétents pour apprécier la situation.
– Une conséquence de cette multiplicité des acteurs est d’engendrer la cacophonie qui rend les messages de l‘armée peu lisibles et peu audibles. Voilà les facteurs explicatifs de la situation.

Libreinfo.net : Quel est le rôle de la communication ?

Pr Serge Théophile Balima : La communication, dans un tel contexte vise à rassurer les citoyens du bon fonctionnement de l’armée et de son efficacité face aux actions terroristes. Il s’agit de garantir la quiétude des populations civiles en cette période de troubles à répétition. Donc la communication doit mettre en valeur les forces de l’institution, les capacités de ses ressources humaines et matérielles à neutraliser les actions de violences perpétrées par les ennemis.

Libreinfo.net : Comment amener la population à croire à l’information militaire ?

Pr Serge Théophile Balima : Il faut que l’armée maîtrise d’abord sa communication interne, celle au sein de ses troupes, celle entre ses différentes unités, celle entre ses structures administratives. Ce préalable est essentiel parce qu’il s’agit d’éviter les voix discordantes sur la situation qui prévaut sur le terrain, de mettre les acteurs internes au même niveau d’information, de créer un esprit de corps et de faire bloc face aux acteurs externes.
Cet impératif est fondamental parce que chaque soldat, chaque officier, chaque unité de l’armée est un ambassadeur des forces armées dans l’opinion qui, dans un tel contexte, est assoiffée d’informations émanant de cette institution. Il y a donc lieu de travailler à créer la congruence dans les messages émanant de cette institution vers les acteurs civils ; faute de quoi, toute contradiction est de nature à décrédibiliser les messages officiels. Le public est souvent réceptif aux rumeurs parce que les institutions sont suspectées de cacher la vérité, à tort ou à raison.
Enfin, la communication de l’armée se doit d’être fondée sur des faits réels vérifiables. Il faut donc éviter en ces temps de nouvelles technologies de céder à la tentation de manipuler les images dans un souci d’illustrations des opérations de terrain. Le risque encouru est de faire découvrir des sites hors sahel ou des tenues militaires non conformes ou des moyens d’intervention non disponibles dans notre arsenal militaire. Bref, toute contradiction flagrante est de nature à jeter le doute sur les opérations militaires. Ici, une éthique de la communication publique s’impose.

Libreinfo.net : Comment gagner la bataille de la communication ?

Pr Serge Théophile Balima : La première des choses est de composer avec la vérité des faits.

Deuxième chose, c’est d’être proactif, d’anticiper sur les fausses informations, donc d’accepter de répondre aux sollicitations de la presse et des médias et éviter que les supputations n’occupent l’espace public avant la communication de l’armée.

Troisième chose, c’est créer les conditions d’une vraie cohésion au sein des forces armées entre hiérarchies et soldats du rang d’une part, et entre les différentes composantes des forces de sécurité, d’autre part.

Quatrième chose, c’est créer ou de rendre fonctionnelle une vraie cellule de crise au sein des Forces de défense et de sécurité (FDS). Cette cellule doit mettre à jour ses bases de données, agir de façon continue sur les informations à diffuser, développer une veille médiatique sans relâche et rester connecté sur les réseaux sociaux formels et informels.

Cinquième chose, montrer le patriotisme de nos soldats, exalter leur courage au front et faire parler les témoins de cette ardeur au combat.

Propos recueillis par
Albert Nagréogo et
Siébou Kansié

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