Chaque année, à la date du 4 janvier, Me Titenga Frédéric Pacéré, Naba Panantugri, chef de Manéga ; fait une réalisation à la mémoire de son père, Naba Guièguemdé décédé le 4 janvier 1953 quand Maître avait 11 ans. A ce 66e anniversaire de décès, Me Pacéré, le Père Fondateur des Avocats sans Frontière (Bruxelle), Grand Officier de l’Ordre National (Burkina Faso) pour ne citer que ces distinctions, lui a dédié « MANEGA, ZITENGA, La Terre Mythique de Zida au Burkina Faso et Moi, Tome 1- Origines et Composition ». C’est un ouvrage de 268 pages paru le 6 janvier 2019 à l’Edition Fondation Pacéré 2018 ( Ouagadougou). Il rappelle les principes d’existence, de vie et de gouvernance de l’histoire de la Terre de Zida, le Zitenga et de sa capitale Manéga qui abrite le sanctuaire mère de la spiritualité de tout empire « Naba Ziid-Wêndé », c’est-à-dire, le Dieu suprême des Mossé.
Il est difficile aujourd’hui de dissocier Manéga de son musée. C’est dire donc que la plupart des citoyens de par le monde, ne comprendront pas singulièrement Manéga comme village sans le musée. C’est un musée d’envergure qui avale Manéga, le village qui l’abrite. Ce musée privé de Manéga, le plus grand selon certains observateurs, ouvert au grand public en 1987, est l’œuvre de son Fils, de son Roi, le Naba Panantugri, Me Titenga Frédéric Pacéré, ancien bâtonnier de l’ordre des avocats du Burkina Faso et membre de plusieurs sociétés savantes. Un musée mythique qui apparait comme un trésor que chaque visiteur perçoit et vit à sa manière.
« Les générations montantes ont droit à connaître leurs origines contre le désordre dont on leur fait montre par la fausseté de base qu’on consacre actuellement à l’histoire« . Cet ouvrage apporte avec précisions et illustrations à l’appui, « les données fiables de travaux sur le Mogho afin de contribuer à éclairer l’Etat et les institutions« . Un livre selon l’auteur, « qui réaffirme l’exactitude et la grandeur des coutumes qui ont dirigé des siècles durant, la gouvernance de traditions, pour la compréhension du présent à rapprocher les sincères hommes de bonne foi du milieu, et surtout les jeunes générations que d’aucuns instrumentent dans l’erreur« .
Que peut-on comprendre de Manéga dont l’importance traverse les frontières du Burkina Faso ?
L’importance de Manéga selon Me Pacéré, réside à ses origines. Il fut fondé par trois personnalités de légende de la création du mogho ou empire des Mossé, dont Oubri qui fut après son passage à Manéga, le premier Mogho Naba, empereur des mossé, le fondateur d’Oubritenga dont la capitale est l’actuel Ouagadougou. Oubri eut pour compagnon pour la création de Manéga Zida, un second personnage de l’histoire des mossé, le Saint des Saints. Selon la spiritualité, Zida est l’intermédiaire entre Dieu et les hommes, les morts et les vivants. La dernière personnalité de l’origine de Manéga, fut « Tüm Soba Soundoufou », le maître du sacré, des mystères et des fétiches. Il est connu des gens de guerre, car pétri de connaissances absolues selon la légende. Il est du groupe des Ninissi, l’un des deux groupes autochtones du milieu antérieur des mossé, les Younyossé et les Ninissi.
Manéga occupe donc le plateau central du Burkina Faso, au cœur de l’Afrique de l’ouest, un royaume qui remonte au XIIe siècle de notre ère. Il ne s’est jamais soumis à quelques velléités de conquérants d’Empires qui ont souvent disloqué, défait les peuples du continent africain et mettant des termes à des histoires souvent anciennes.
L’importance de Manéga selon l’ouvrage, tient également au fait qu’il abrite la tombe de Naba Zida, point focal vers lequel tout l’Empire du Mogho pour des grands rites de saisons et quêtes adressées à Dieu, se réfèrent pour des prières, invocations et incantations. Manéga est de nos jours sacralisé par les travaux propres tous azimuts du Naba Panantugri de Manéga sur 68 ouvrages faisant plus de 140 volumes dont les professeurs et les étudiants consultent régulièrement dans le cadre de leurs recherches.
Au centre de ce village, est implanté la Dalle Africaine Sacrée du Quart Monde, un monument de plus de 1000 m2 de marbre, conscience de toute l’Afrique et la lutte pour l’éradication de la misère.
C’est un ouvrage très bien fourni en information sur le Mogho, scindé en six grandes parties : Conquête et Installation ; Manéga, Capitale de Zitenga, Importance, Etendue, Composition traditionnelles et moderne ; De la gouvernance et du Politique Coutumière à Manéga depuis le XIIe siècle ; Des rituels traduisant l’Unité de Manéga : le Soug-Pilli, le Tengana et les rites au décès du Chez de Manéga ; Les Ordres des Masques et Les Peuples Autochtones du Mogho et le Manéga : les « Tengênbiisi » ou « Fils de la Terre » (Devanciers). Il est à lire absolument.
Siébou Kansié
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