Le conseil de discipline de Bassolma Bazié ce jeudi 17 septembre 2020 à Ouagadougou, était annoncé être ouvert au grand public par l’accusé qui avait voulu qu’il soit diffusé en direct. Ce fut la surprise générale pour des centaines de travailleurs et syndicats venus pour assister à l’audience. En effet, l’accès à la salle d’audience est interdit à la foule par les forces de l’ordre. Bien que la comparution n’ait pas lieu, il y a eu des couacs entre la foule et les forces de l’ordre.
Par Georges Youl,stagiaire
Armées de matraques, de gaz lacrymogènes et de boucliers anti-émeutes, deux unités de la compagnie républicaine de sécurité (CRS) avaient déjà encerclé la direction de la recherche en éducation non formelle (ex DRENA : direction régionale de l’éducation nationale et de l’alphabétisation), avant 8 heures. En réalité, M. Bazié n’était pas le seul à comparaitre devant ce conseil de discipline. Dès 8 heures, et cela depuis le 15 septembre 2020, se tiennent des conseils de disciplines à la direction de la recherche en éducation non formelle. Déjà à 8 heures, quelques membres des différentes délégations syndicales et certaines personnes venues pour assister au conseil de discipline étaient présents.
Deux heures plus tard, début des tensions entre CRS et syndicats
Aux environs de 10 heures, syndicats, journalistes et autres spectateurs entrent dans la cours de la direction. Mais les CRS interdisent l’accès de la salle aux syndicats et même aux journalistes. Les journalistes tentent de négocier l’entrée à la salle, mais un CRS qui dialoguait avec ces derniers ce montre catégorique : «Nous n’avons pas reçu d’ordre concernant les journalistes, nous ne pouvons pas vous laisser rentrer dans la salle».
A 11 heures, syndicats et autres spectateurs deviennent de plus en plus nombreux. Leur nombre ne faisait que grossir. Les CRS perdent leur calme lorsqu’une foule de syndicats, tous vêtus de rouges et tenant une banderole blanche fait son entrée dans la cour. Sur cette Banderole, on pouvait lire entre autres : halte à la dictature! Stop à la fascisation du pouvoir! Cette foule, munie de drapeaux rouges et de mégaphones scandait des slogans de défiance au ministre de l’éducation Stanislas Ouaro et au gouvernement actuel. Marchant lentement et répétant en chœur, on pouvait les entendre scander entre autres: »est-ce que Ouaro peut ? »; »Il peut pas ! »; »est-ce que Ouaro peut ? »; »Il peut pas !!! »; »Gouvernement agressif, abat ! »
11H 23 mn, les CRS craignant un éventuel débordement ordonne à tout le monde de se retirer de la cour. On entend alors dans foule un syndicaliste crier fortement : «l’audience est publique, pourquoi on doit sortir ?» Un CRS s’approche et explique : «en réalité, on ne devait même pas vous laisser rentrer dans la cours, c’est parce qu’on ne veut pas qu’il ait des tensions qu’on vous a laissé». A cet instant précis, la situation devient confuse et les nerfs commencent à s’échauffer.
11H32mn, la tension est à son maximum
A 11H32mn, les CRS ordonnent à certains journalistes et syndicalistes de supprimer immédiatement les photos et vidéos qu’ils ont enregistrées. Ces derniers tardent à s’exécuter, les CRS menacent et avancent vers eux. Ils cèdent et se mettent à supprimer les vidéos et images. Aussitôt, les syndicats forment un cordons de sécurité devant les CRS et refusent de sortir de la cours. A cet instant, la tension est à son paroxysme. Tout pouvait dégénérer à tout moment. Quelques minutes après, les syndicats finissent par faire reculer leur cordon de sécurité jusqu’au portail mais refusent de bouger davantage. Les CRS à leur tour forment un cordon derrière les syndicats, s’arment de gaz lacrymogènes(les gaz lacrymogènes étaient restés dans leurs pic up), portent leurs gilets par balle et s’apprêtent à intervenir. De temps en temps, le cordon des CRS, restés derrière celui des syndicats, prenait plaisir à dire à ces derniers, «Nous sommes derrière vous hein ! Nous sommes derrière vous !» Certains syndicalistes très énervés lançaient des injures. Les forces de l’ordre, mines serrées et visages marqués par la sueur restaient fermes dans leur position.
11H40mn, arrivé de Bassolma Bazié et de son avocat
Dans un véhicule gris et accompagné de son avocat Me Prospère Farama, Bassolma Bazié, le leader des syndicats tant attendu arrive devant le portail de la direction. Très vite, la foule se met à l’acclamer en ces termes : général ! général ! Mais ce dernier est lui-même empêché d’accéder à la cour par les CRS. En effet, seul son avocat, quelques délégués de syndicats et des témoins avaient le droit d’entrer dans la cour. Cependant, certaines personnes n’étaient pas de cet avis et forçaient pour rentrer. C’est dans cette confusion que le véhicule de M. Bazié est stoppé devant le portail pendant plus de 15 minutes. Finalement il accède à la cours, accompagné d’une petite délégation. Après s’être entretenu entre eux pendant quelques minutes, M Bazié revient devant les syndicats et annonce officiellement le report du conseil de discipline. «Camarades, nous sommes ici pour un objectif bien précis, restons sereins et disciplinés», à t-il ajouté.
Après l’annonce du report du report du conseil de discipline au lundi 21 septembre 2020, les syndicats se sont donné rendez-vous à la bourse du travail pour discuter et prendre des mesures par rapport au conseil de discipline à venir.