Certaines des manifestations organisées à Abidjan et dans ses environs pour protester contre une nouvelle candidature d’Alassane Ouattara ont dégénéré. Au moins deux personnes ont été tuées à Bonoua.
Des groupes de manifestants ont érigé des barricades et brûlé des pneus dans différents quartiers d’Abidjan, ce jeudi, lors de manifestations qui avaient été interdites, la veille, dans un communiqué du ministre ivoirien de l’Administration du territoire, Sidiki Diakité, qui avait été lu à la télévision publique.
Des affrontements ont éclaté en plusieurs endroits, entre manifestants et forces de l’ordre. Selon un premier bilan, non officiel, délivré à Jeune Afrique par un haut gradé de la police, il y aurait eu au moins cinq personnes tuées au cours de ces heurts.
Affrontements à Yopougon
« Nous manifestons pour le départ du président Ouattara, parce que sa candidature viole la Constitution, nous ne voulons pas accepter un troisième mandat », a déclaré à l’AFP Hervé Séka, un manifestant dans le quartier d’Anono.
Dans la commune de Yopougon, des affrontements entre policiers et manifestants ont paralysé la circulation dans la zone du palais de justice. « Les voitures font demi-tour, de nombreux fonctionnaires n’ont pas pu se rendre au travail », a affirmé un habitant de Yopougon.
À Port-Bouët, des dizaines de manifestants ont bloqué la voie principale, certains brandissant des pancartes affirmant « ADO dégage ! », en référence au président Alassane Dramane Ouattara.
Arrestations à Cocody
Dans des quartiers de la commune huppée de Cocody, où résident le chef de l’État et de nombreuses personnalités, les forces anti-émeute ont été déployées en grand nombre et ont maintenu le calme.
Les policiers, qui procédaient à des fouilles corporelles sur les passants, ont toutefois interpellé un groupe de femmes – des cadres de Générations et Peuples Solidaires (GPS), le mouvement de Guillaume Soro – chantant l’Abidjanaise (l’hymne national), le drapeau ivoirien en main. Parmi elles, Anne-Marie Bonifon, la coordinatrice du GPS.
À la mi-journée, un haut gradé de la police a affirmé à Jeune Afrique que 14 personnes avaient été interpelées à Abidjan, dont dix à Cocody.
Deux morts à Bonoua
Les échauffourées ont été particulièrement violentes à Bonoua, ville de l’ex-première dame de Côte d’Ivoire, Simone Gbagbo. Dans cette ville, située à 50 km à l’est d’Abidjan, un face-à-face tendu entre manifestants et la police a bloqué la route internationale menant au Ghana. Notre source au sein des services de police fait état de « deux décès » à Bonoua, où « le commissariat de police a été pris d’assaut et incendié » par les manifestants.
Daoukro, le fief d’Henri Konan Bédié, avait été placé sous couvre-feu dès mercredi soir, après des affrontements violents entre partisans et opposants à une nouvelle candidature d’Alassane Ouattara. Selon un bilan provisoire délivré à JA par une source au sein de la police, trois personnes ont été tuées dans les violences de mercredi, au cours desquelles plusieurs commerces, ainsi que des maisons d’habitation, ont été incendiés.
Avec Jeune Afrique