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16 septembre 2015:retour sur une des pages sombres de l’histoire du pays des «hommes intègres»

Après l’insurrection populaires des 30 et 31 octobre 2014 ayant entrainé la chute du régime de Blaise Compaoré, le Burkina Faso est à nouveau secoué par un autre évènement : celui du coup d’Etat orchestré le lundi 16 septembre 2015 par le général Gilbert Dienderé. Cinq ans après, retour sur les faits marquants de ce putsch.

Par Georges Youl,Stagiaire

Le coup d’Etat du 16 septembre perpétré par le Général Gilbert Diendéré visait à mettre un terme au gouvernement de la transition mis en place après la chute du président Blaise Compaoré. Cependant, avant le coup d’Etat plusieurs évènements se sont succédés, reste à savoir si ce sont des raisons qui ont motivé les putschistes. En effet, le 07 avril 2015, le Conseil national de la transition (CNT) a voté un nouveau code électoral qui, en son article 135, interdit tous ceux qui avaient soutenu la modification de l’article 37 de la constitution de se présenter aux élections du 29 novembre, ce qui a été qualifié d’exclusion par les partisans de l’ancien régime. Par ailleurs, le 14 septembre, soit deux jours avant le coup d’Etat, la Commission de réconciliation nationale et des réformes(CRNR) avait recommandé la dissolution du Régiment de sécurité présidentiel (RSP : créé par Blaise Compaoré), régiment dont Gilbert Diendéré était à la tête et reste le père spirituel. Il est également important de noter que le 16 septembre, jour choisi par Gilbert Diendéré pour faire le coup d’Etat, était aussi le jour choisi pour analyser les ossements du président Thomas Sankara dont Gilbert Diendéré est soupçonné d’être un grand acteur de son assassinat en octobre 1987.

Tout a commencé au palais de Kosyam lors d’un conseil des ministres

Le 16 septembre 2015, le conseil des ministres qui se tenait au palais présidentiel(Kosyam) est interrompu par des militaires du RSP. Ces derniers prennent en otages les membres du gouvernement mais à la fin quatre personnes sont ciblées. Ce sont : le président de la transition Michel Kafando, le premier ministre Issac Zida, le ministre de la fonction publique Augustin Loada et le ministre de l’urbanisme et de l’habitat Réné Bagoro. Les autres ont vite été libérés.

Au lendemain matin de ces prises d’otages, le lieutenant-colonel Mamadou Bamba annonce à travers la télévision nationale que le président de la transition est demi de ses fonctions. Il annonce ensuite la dissolution du gouvernement de la transition et celle de l’assemblée nationale. Enfin il annonce la création du Conseil national de la démocratie(CND), l’organe politique des putschistes.

Une fois de plus la résistance commence par la population

A l’instar de la lutte contre la modification de l’article 37 et la création du sénat, les burkinabè ont encore fait bloc contre ce coup d’Etat. Après les différentes annonces, un couvre-feu est instauré (19 heures à 6 heures),les frontières terrestres et aériennes sont fermées.

Résistance populaire au putsch manqué du 16 septembre 2015

Cependant, la population sort dans les rues de la capitale pour faire pression afin que les putschistes cèdent le pouvoir. Mais ces manifestations sont violemment dispersées par les militaires du RSP. Elles vont causer par la suite 14 morts et 270 blessés selon lemonde.fr Néanmoins, les manifestations vont continuer et se propager dans plusieurs villes du pays comme Bobo-Dioulasso, Fada N’Gourma, à Yako, où la maison du général Gilbert Diendéré est incendiée.

Cette pression de la rue et de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CDEAO) va obliger Gilbert Diendéré à annoncer que les otages seront libérés. Le 18 septembre 2015, le président de la transition Michel Kafando est libéré. Les autres otages seront également libérés, à l’exception du premier ministre Issac Zida qui demeure en résidence surveillée. Le 22 septembre 2015, il est définitivement libéré. Par ailleurs, Gilbert Diendéré  annonce également la réouverture des frontières.

De la médiation à la normalisation de la situation

Le 18 septembre 2015, Macky Sall, président de la CEDEAO et le président béninois Yayi Boni se rendent à Ouagadougou pour entamer des négociations avec Gilbert Diendéré. Le 20 septembre, cette médiation sera assistée par le représentant de l’ONU (Organisation des Nations Unies) en Afrique de l’Ouest Mohamed Ibn Chambas, les représentants de la société civile et ceux des putschistes. Ces derniers vont se réunir à l’hôtel Laïco pour trouver un plan de sortie de crise.

Le 21 septembre 2015 des unités militaires (soutenant la transition) provenant des villes comme Bobo-Dioulasso, Fada N’Gourma, Dedougou, Pô, Kaya etc. convergent vers la capitale mais ont l’ordre de se tenir à 50 kilomètres de celle-ci. Ces derniers sont tenus loin de capitale.

Le 23 septembre 2015, le président de la transition Michel Kafando reprend le pouvoir après un accord entre les protagonistes. Le gouvernement de la transition est également rétabli. Le 25 septembre 2015, à l’issue du premier conseil des ministres après le coup d’Etat, un décret annonce la dissolution et le désarmement du RSP. Le décret annonce aussi la création d’une commission d’enquête pour déterminer les auteurs du coup d’Etat et les juger.

C’est ainsi que le 1er octobre, Gilbert Diendéré est mis aux arrêts après s’être refugié à la Nonciature à Ouagadougou. Avant son arrestation, le général Gilbert Diendéré avait annoncé dans les medias être prêt à répondre de ses actes devant la justice. Le 06 octobre 2020, les généraux Gilbert Diendéré et Djibril Bassolé, ancien ministre des affaires étrangères (arrêté le 29 septembre) sont inculpés pour atteinte à la sûreté de l’Etat.

Les putschistes font face à la justice

Quatre ans après ce coup d’Etat, les putschistes et leurs collaborateurs sont mis devant les barreaux. Après dix huit mois d’audience marqués par plusieurs suspensions et reports, le verdict du procès tombe le lundi 02 septembre 2019. Les généraux Gilbert Diendéré et Djibril Bassolé, accusés d’être les instigateurs du coup d’Etat, sont poursuivis pour attentat à la sûreté de l’Etat, de meurtre et de coups et blessures volontaires (Gilbert Diendéré)et pour trahison (Djibril Bassolé). Ils ont été reconnus coupables. Le général Gilbert Diendéré estcondamnés à 20 ans de prison ferme. Le général Djibril Bassolé, quant à lui écope de 10 ans de prison ferme.

Ce mercredi 16 septembre 2020, soit cinq ans après ce fameux coup d’Etat, cette page sombre reste gravée dans la mémoire des burkinabè. Une stèle a d’ailleurs été ajoutée au monument des héros nationaux construit en 2OO2, à Ouaga 2000 en la mémoire des victimes de l’insurrection populaire et du putsch manqué.

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