Sorti de chez lui à la demande de son supérieur hiérarchique pour évacuer un malade à Bobo-Dioulasso au cours de la nuit du 26 au 27 mars, l’ambulancier de la Mairie de Houndé a subi des bastonnades de la part de gendarmes qui veillaient au respect du couvre-feu. Lamoussa Gnoumou, puisque c’est de lui qu’il s’agit, raconte ses déboires en montrant ses blessures et en exprimant ses inquiétudes quant à la dégradation de sa santé dans les jours ou mois à venir.
Par El Bach, Correspondant/Tuy
Il était environ 1h durant cette nuit du 26 au 27 mars 2020 où l’ambulancier Lamoussa Gnoumou, dans son élan effréné de rallier son service en vue de conduire un malade à Bobo-Dioulasso, se retrouva subitement cloué au sol sous une rafale de coups de matraques. Il se rendra bien compte qu’il est entre les mains de gendarmes. C’est du moins ce qu’il raconte en ces termes : « Je n’ai vu aucun gendarme. Je me suis retrouvé à terre avec des bastonnades. A terre, je criais : c’est l’ambulancier, c’est l’ambulancier ! pour avoir la vie sauve. Et c’est là, que j’ai entendu une voix dire ‘’pardon, pardon’’. »
A en croire M. Gnoumou, ceux qui lui ont administré ces coups étaient deux gendarmes cagoulés. « Ils m’ont demandé si je n’étais pas blessé. Je sentais une douleur au niveau de l’orteil, mais j’ai dit ça va », rapporte le malheureux ambulancier qui venait de réaliser qu’il a eu affaire à des veilleurs sur le respect du couvre-feu.
Pris en charge au Centre médical avec antenne chirurgical (CMA) de Houndé par rapport à ses blessures et douleurs, M. Gnoumou dit craindre une hémorragie interne due aux bastonnades.
Signalons que les déboires subis par l’ambulancier font suite à bien d’autres cas de violences exercées ces derniers jours par des éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS) aussi bien à Houndé qu’ailleurs. L’on se rappelle qu’en début de nuit le 25 mars dernier, une infirmière et son époux ont été roués de coups lorsqu’à leur arrivée à Houndé en traquant leur véhicule tombé en panne, ils ont croisé une escorte de policiers.
A noter que la multiplication inquiétante de ces cas de violences émanant des FDS depuis l’instauration du couvre-feu en date du 21 mars a ému plus d’un Burkinabè. En réaction, le Procureur du Faso près le Tribunal de grande instance (TGI) de Ouagadougou, Harouna Yoda, a interpellé les FDS sur la nécessité de mettre les contrevenants au couvre-feu à la disposition de la justice, au lieu de leur administrer des violences humiliantes. Tout en appelant les populations à respecter scrupuleusement les heures (19h à 5h) du couvre-feu instauré sur toute l’étendue du territoire national pour réduire les risques de propagation du Covid-19, le Procureur Yoda a tenu à préciser à l’attention des FDS que son parquet suit leurs actions sur le terrain et pourrait en tirer les conséquences de droit.