Le long de l’avenue Kwamé N’Krumah dans la capitale burkinabé est un véritable centre d’affaires en raison des commerces qui s’y trouvent. Mais depuis l’instauration des mesures visant à contenir la propagation du Covid-19 parmi lesquelles mesures figurent la fermeture des marchés, l’interdiction de regroupement de plus de cinquante personnes, cette avenue, considérée par certains comme étant ‘’la plus belle avenue de Burkina Faso’’, souffre de sa vitalité ordinaire. Même si une apparente ambiance s’y fait encore sentir, il suffit de poser une question aux commerçants sur place pour comprendre le ‘’mal de l’avenue’’ : la morosité. Tout tourne au ralenti, et les commerçants sont inquiets pour l’avenir…
Par Siébou Kansié
Les ruelles de l’avenue Kwamé N’Krumah grouillaient peu à peu du monde en cette matinée du jeudi 08 avril 2020. Aussi bien des boutiques, que des cafés, sont ouverts. Tout semble aller pour le bien.
Mais derrière cette atmosphère d’apparente normalité, se cache la morosité du marché. Les commerçants s’attristent et se demandent à quand la fin de cette situation liée à la pandémie du Covid-19. Le sourire a disparu des lèvres. Des patrons de commerces tout comme des employés, tous disent se confier à ‘’Allah’’, c’est-à-dire Dieu, car le Covid-19 dépasse l’entendement humain.
« Les marchés sont fermés. Mais ici, on nous permet d’ouvrir mais la clientèle a disparu. Les gens ont préféré investir dans l’alimentaire, car personne ne sait combien de temps durera cette pandémie. Nous vendons des articles pour enfants (les habits, les chaussures, les vélos, …). Nous avons ouvert ce jour à 7h30. Il est 10h et nous n’avons pas eu de clients. Plus rien ne marche. », témoigne Mahamadi Ouédraogo, employé de commerce sur l’avenue Kwamé N’Krumah.
A l’en croire, c’est à l’approche de la fête de Pâques comme c’est le cas ces jours-ci, qu’ils se frottaient habituellement les mains. Mais cette année, personne ne sent, selon lui, la fête venir : « En temps normal, c’est à l’approche des fêtes qu’on arrive à mieux vendre. Mais vous voyez, les marchés sont fermés et tout le pays est devenu comme dimanche. Personne ne travaille. »
Et d’ajouter, « Pour la fermeture des marchés, je propose qu’on installe les systèmes de lave-mains à l’entrée des marchés et obliger tout le monde à se laver les mains avant d’y entrer en continuant de sensibiliser sur la maladie et sur les contacts entre les hommes. »
Vivement, la réouverture des marchés !
Pour eux qui se demandaient comment payer le loyer, régler les différentes factures d’eau et d’électricité, la sortie du président Roch Kaboré le 2 avril 2020 a apporté des réponses claires et satisfaisantes. Mais il reste l’ouverture des marchés pour relancer l’économie.
Devant les magasins et les boutiques, des jeunes en nombre important, sont assis et débattent sur la pandémie du Covid-19. Ils travaillaient, qui comme intermédiaires de commerce (ceux qui rabattent les clients vers les différents commerces), qui comme employés de commerce dans les marchés fermés.
C’est dire que sur l’avenue Kwamé N’Krumah, les effets du Covid-19 affectent toute la chaine des acteurs de l’économie : « Nous, nous sommes des coxeurs, nous vivons le jour au jour. La fermeture des marchés ne nous arrange pas. En réalité, ce virus ne tue pas. C’est quand tu es malade et tu contractes le virus, que tu souffres ou tu peux en mourir. Nous craignons que la faim ne soit dans les jours à venir, cette maladie qui va tous nous tuer et même contribuer à la propagation du coronavirus », s’inquiète un de ces jeunes, qui se fait appelé fièrement le coxeur Bagayan.
Que cette pandémie passe vite…
La morosité du marché sur l’avenue Kwamé N’Krumah, s’explique aussi, de l’avis des commerçants, par la mise en quarantaine de Ouagadougou et d’autres villes du pays.
« Vous savez, une partie de la grosse clientèle qui fait tourner l’économie sur cette avenue, ou disons même sur tous les marchés de Ouagadougou, est constituée des commerçants qui viennent des provinces. Mais avec la quarantaine qui pèse sur Ouagadougou, ils ne peuvent plus venir commander des marchandises. Moi, je vends des téléphones portables et accessoires, et ma clientèle vient de là. Vous voyez, tous ces gens qui sont assis sans travail, vous voyez d’autres aux abords de la voie, ils sont plus nombreux que ceux qui travaillent. Regardez ceux qui ont ouvert leurs boutiques, est-ce que vous voyez quelqu’un entrer et ressortir ? C’est dur ! Que cette pandémie passe pour qu’on rouvre les marchés pour que les activités reprennent. », souhaite Issouf Sakandé.
Rouvrir les commerces pour relancer l’économie, lever d’ailleurs toutes les mesures pour que la vie reprenne son cours normal au Burkina Faso, c’est le vœu de tous les Burkinabè. Mais pour y parvenir, il est nécessaire de respecter les différentes mesures édictées en vue stopper la propagation du Covid-19.